Ce mois-ci c'est Arno54 qui répond aux questions du Si... si... si... !

 

1. Si je devais citer un élément déclencheur qui m'a poussé à acquérir mon premier original et donné envie de collectionner ?

 

Comme tout le monde, j’ai été lecteur avant d’être collectionneur, mais dès que j’ai su qu’il était possible d’acheter des originaux de bande dessinée, le sujet m’a intéressé.

 

Mon premier contact avec cet univers doit dater de 1991. C’est l’année où Renaud sort son album Marchand de cailloux. Le chanteur est un amateur de BD bien connu mais, dans le livret accompagnant ce disque, il pose au milieu de sa splendide collection. On y voit bien entendu des albums, des figurines, mais également, posées négligemment sur le sol, quelques planches originales encadrées (dont la fameuse double planche du Sceptre d’Ottokar, revendue depuis). Cette photo me fascine, je ne me lasse pas de la regarder ! À mon tout petit niveau, c’est en cette même année que j’obtiens ma première dédicace.

 

En 1997, mon frère, qui est lui aussi collectionneur, achète sa première planche originale. Une étape est franchie : les originaux, ce n’est pas seulement pour les chanteurs et les patrons d’industrie.

Plus tard dans l’année, informé de l’événement par un magazine, j’assiste pour la première fois à une vente à Drouot. J’y vais en curieux, pour me faire une idée des prix et de ce qu’il est possible de trouver. Je rentre bredouille mais, peu de temps après, en janvier 1998, j’achète ma première planche originale à l’occasion d’une exposition.

 

Il s’agit d’une planche de Monsieur Jean, par Dupuy et Berberian. Même si je ne l’ai pas conservée, préférant me concentrer sur leur travail d’illustrateurs, ce duo d’auteurs est toujours au cœur de ma collection, et je continue patiemment ma quête des rares sérigraphies qui me manquent encore.

 

 

Illustration pour le caviste Nicolas par Dupuy et Berbérian

 

 

 

2. Si je pouvais ajouter à ma collection une œuvre présentée  actuellement dans les galeries de 

2DG ?

 

Les œuvres qui me font saliver sur 2DG ne manquent pas, mais je choisirais la superbe couverture du tirage de tête de Monsieur Jean, dans la collection de Ba.

Je dois avoir, à moi seul, fait la moitié des vues sur cette page…

 

 

 

Couverture de Monsieur Jean dans la collection de Ba

 

 

 

3. Si je ne devais conserver qu'une seule œuvre dans ma collection ?

 

Sans aucune hésitation, ce serait ma couverture de Frank Margerin pour l’album collectif La bande à Renaud.

 

Ce dessin a longtemps été proposé à la vente par une célèbre galerie belge, et je le voyais chaque année à Angoulême. Je m’arrêtais dessus, j’hésitais, mais je ne le prenais pas. À l’époque, le prix était au‑dessus de mon seuil psychologique et j’avais des principes… La troisième année, en 2006, je me suis enfin décidé !

 

J’adore ce dessin, et je me dis très souvent que j’ai une chance incroyable qu’il ne soit pas parti avant. Ou alors, explication moins flatteuse pour moi : j’ai très mauvais goût…

 

 

 

 

 

Couverture de Frank Margerin pour La bande à Renaud

 

 

 

4. Si je pouvais acheter une œuvre que j'ai laissé filer par le passé ?

 

Pendant une dizaine d’années, j’ai fait une pause dans ma collection. Je continuais à regarder ce qui était proposé, mais je n’achetais plus rien.

Durant cette période, j’ai vu passer la couverture de l’album Lucien se met au vert, par Frank Margerin. C’est un album que j’affectionne particulièrement, mais je n’ai pas bougé le petit doigt. Je le regrette aujourd’hui…

 

 

 

 

L'album "Lucien se met au vert" par Frank Margerin

 

 

 

5. Si je pouvais acquérir une ou plusieurs œuvres parmi celles proposées en vente sur 2DG ?

 

Je consulte très régulièrement les ventes pour ne pas risquer de rater ce qui m’intéresse. J’ai ainsi pu acheter certains dessins dont je suis très content, notamment mon illustration de Gotlib avec le grand-père et son petit-fils pour la rubrique « Abonnement » de Fluide Glacial.

 

 

 

 

Illustration de Gotlib pour Fluide Glacial

 

 

 

Mais actuellement, il n’y a rien pour moi…

 

 

6. Si j’étais un personnage de Bande Dessinée ?

 

Puisque je ne parcours pas le monde accompagné de mon petit chien et d’un vieux barbu alcoolique, que je n’ai pas un mystérieux numéro tatoué sur la clavicule, et que je ne défends pas mon village contre l’envahisseur romain, je vais devoir me rabattre sur un « héros du quotidien ». Disons Raymond Calbuth, de Tronchet !

 

 

 

 

7. Si j'avais la possibilité de passer une journée avec un artiste disparu ?

 

J’ai acheté récemment les trois volumes de Pêle-mêle, sur le travail d’André Juillard que j’aimais beaucoup. Ce n’est un secret pour personne : il a publié énormément d’albums et d’illustrations, mais le fait de voir tout ce travail réuni laisse admiratif.

 

 

 

André Juillard

 

 

Les volumes se terminent tous par la bibliographie de Maître André, mise à jour à la parution de chaque tome. Et ça ne rigole pas ! Pour le tome 3, plus de 40 pages sur plusieurs colonnes et en petits caractères !

Il y aurait donc de quoi discuter, et je finirais par lui poser la question suivante…

 

8. Si je pouvais poser une question à cet auteur ?

 

Mais enfin, André, quand vous reposez-vous ? !?

 

9. Si je ne devais posséder qu'un seul album dédicacé dans ma collection ?

 

Alors là, on peut dire que ça tombe bien ! Ma dédicace préférée est en lien avec mes débuts de collectionneur d’originaux.

 

J’ai parlé plus haut de ma première planche. Une fois l’exposition terminée, Charles Berberian devait profiter d’une séance de dédicace à la librairie nancéienne « La Parenthèse » pour me l’apporter.

 

Je pensais naïvement que, pour l’occasion, un podium serait dressé Cours des Arts (à l’adresse de la librairie), qu’un feu d’artifice serait tiré, et qu’après le thème du Dies Irae de Verdi, interprété par l’orchestre de l’Opéra de Nancy au complet, Charles Berberian me ferait monter sur scène et me remettrait ma planche sous une pluie de confettis.

 

Moi, c’est comme ça que je voyais les choses. Mais vous vous demandez comment ça s’est réellement passé ? La dédicace raconte la chute de l’histoire…

 

 

 

 

 

 

 

 

Voici enfin la réponse de Arno54 à une question imaginée par Ultracomix lors du précédent Si... si... si... :

 

Quel album de BD conseillerais-tu à JS Bach et surtout ... Pourquoi ?

 

Tous les mélomanes le déplorent, mais le gaffophone a été injustement méprisé par les compositeurs classiques. C’est un fait, le répertoire consacré à ce fascinant instrument est étonnamment pauvre...

Je conseillerais donc à Jean-Sébastien Bach la lecture de l’album « Des gaffes et des dégâts », d’André Franquin. Elle lui inspirerait certainement quelques pièces dans lesquelles il pourrait exprimer tout son art de la fugue et du contrepoint. Quel plaisir ce serait pour nos oreilles !

 

 

Nous remercions Arno54 pour sa participation.

Rendez-vous le mois prochain !