Le Si... si... si... : Ultracomix

June 29, 2025,  by  2DGalleries

 

Ce mois-ci c'est Ultracomix qui répond aux questions du Si... si... si... !

 

 

1. Si je devais citer un élément déclencheur qui m'a poussé à acquérir mon premier original et donné envie de collectionner ?

 

Nous sommes en 1993. Je viens d’hériter d’une jolie somme, suite au départ de mon grand-père. Nous sommes dans les premiers jours de mai, et le plus grand des hasards guide mes pas vers une galerie d’art (LOFT, pour ne pas la citer), située au fond de la cour d’un bel immeuble parisien, non loin de l’École des Beaux-Arts à Paris.

 

Par pure curiosité, je pousse la porte. Et là : le choc absolu, la claque !

 

Je tombe nez à nez avec une œuvre monumentale, démesurée (257 × 160 cm), de Philippe Druillet, titrée Yragaël. Celle-ci figure aujourd’hui dans la collection de Valérian :

 

L’impression immédiate qui me traverse est comparable à celle ressentie quelques années plus tôt face au Radeau de la Méduse de Géricault, que nous étudiions en cours d’art au lycée.

 

 

 

Le radeau de la Méduse par Théodore Géricault

 

 

Remis partiellement de mes émotions, je monte fébrilement à l’étage. Le vernissage de l’exposition avait eu lieu quelques jours auparavant ; il régnait encore une certaine effervescence dans ces lieux où résonnait un air d’opéra…

 

Seul dans cet espace, je me retrouvais immergé dans l’univers de cet auteur hors norme, propulsé parmi des créatures menaçantes, des vaisseaux, et autres allégories de mondes lovecraftiens.

 

Cette exposition, baptisée Nouveau cadrage, nouveau regard, reprenait des fragments d’albums emblématiques (tels que Les Six Voyages de Lone Sloane, Salammbô, Urm le fou, Yragaël, ou La Nuit).

 

Des dessins originaux tirés de ces albums avaient été retranscrits et agrandis sur toiles, puis peints à l’acrylique. Une trentaine d’œuvres étaient accrochées aux murs immaculés de la galerie ; la plupart étaient déjà vendues… certainement à quelques collectionneurs ou amateurs avertis.

 

Cependant, quelques toiles étaient encore disponibles… et je craque : impossible de ne pas garder une trace de ce voyage hors normes, peinte par ce fantastique « passeur » graphique !

 

Deux de ces œuvres, acquises à cette date, m’accompagnent depuis 32 ans et… sept déménagements…

 

 

 

 

Les sentinelles / Album Gail par Druillet

 

 

 

2. Si je pouvais ajouter à ma collection une œuvre présentée  actuellement dans les galeries de 

2DG ?

 

Certainement l’œuvre de Philippe Druillet, citée plus haut : «Yragaël » ou la fin des temps, peinte dans un format dantesque en 1992 :

 

 

 

 

Yragaël par Druillet

 

 

 

3. Si je ne devais conserver qu'une seule œuvre dans ma collection ?

 

Je vais vous sembler monomaniaque… mais ce serait Le Guerrier de bronze, encore et toujours du même auteur, qui figure dans ma galerie :

 

 

Le Guerrier de Bronze par Druillet

 



4. Si je pouvais acheter une œuvre que j'ai laissé filer par le passé ?

 

Sans hésiter : un original de couverture de Sergio Toppi : Bab el Ahlam, 1932 :

 

 

 

Bab el Ahlam, 1932 par Sergio Toppi

 

 

 

J’ai découvert ce maître italien du noir et blanc en 1997 (Le Dossier Kokombo, L’Île pacifique), alors que la maison d’édition Mosquito commençait à publier timidement, pour la première fois en France, des histoires courtes intemporelles et poétiques du virtuose du fumetto.

 

Le chemin parcouru par cet éditeur est remarquable : il est parvenu à faire (re)découvrir à un lectorat bédéphile francophone des trésors de la BD italienne peu connus, au travers d’auteurs majeurs tels que Battaglia, Micheluzzi, Vianello, Bacilieri… pour n’en citer que quelques-uns.

 

 

5. Si je pouvais avec un budget de 5 000 € acquérir une ou plusieurs œuvres parmi celles proposées en vente sur 2DG ?

 

Cette œuvre de Beltran …Parce que ceux qui me connaissent (bien) savent que j’aime jouer avec le feu…

 

 

 

 

Miss Dynamite par Fred Beltran proposée à la vente par BDCaptivant
 

 

 

 

6. Si j’étais un personnage de Bande Dessinée ?

 

Le «Concombre masqué» … un personnage totalement surréaliste, délirant, fantasque, philosophe, visionnaire et un brin dilettante ! 

 

 

 

 

Une pensée émue pour Nikita Mandrika … artiste parmi les artistes… qui nous manque !

 

 


7. Si j'avais la possibilité de passer une journée avec un artiste disparu ?

 

Désolé d’avoir l’esprit de contradiction… mais tâchons de profiter de ceux qui sont encore parmi nous : des bien-portants et bons vivants.

Je dirais alors : l’extraordinaire José Roosevelt, dont l’univers et le talent n’ont rien à envier aux plus grands auteurs du 9ᵉ art, issus de la mouvance « Humanos ».

 

 

 

José Roosevelt

 

 

 


8. Si je pouvais poser une question à cet auteur ?

 

J’ai eu le plaisir de le rencontrer à de nombreuses reprises… Mais dernièrement, sidéré par l’univers qu’il retranscrit dans sa saga Juan Alberto, maître de l’univers (où Dieu, notre Créateur, est un canard !), je lui ai demandé :

— José, mais où puises-tu ta folle inspiration ?

En avant-première, voici sa réponse, empreinte de cette humilité qui le caractérise si bien :

« Je la puise dans le monde autour de moi, bien sûr. Il est magique, même si parfois on a tendance à l’oublier. »

 

 


9. Si je ne devais posséder qu'un seul album dédicacé dans ma collection ?

 

Difficile de faire un choix : chaque dédicace est un souvenir, un moment de partage souvent inoubliable, gravé quelque part dans ma mémoire.

 

Mais après réflexion, et contre toute attente, le symbole que représente l’album Total Jazz de Blutch m’évoque bien plus que cette simple dédicace faite un jour de septembre 2018.

 

 

 

 

 

 

 

En effet, je suis un fan inconditionnel de Miles Davis, et de ce son inimitable qu’il a apporté — et laissé — sur notre planète bleue (comme sa fameuse note, d’ailleurs… /sic).

 

Cette dédicace résonne comme un hommage vibrant d’un auteur à un autre.

Je me retrouve happé par ces deux courants artistiques… quel vertige !

 

 

 

Voici enfin la réponse de à une question imaginée par Juanmiguelin lors du précédent Si... si... si... :

 

Avez-vous déjà ressenti l'envie de stopper la collection d'originaux ?

 

Je ne réfléchis pas véritablement en termes de "collection", donc stopper les coups de coeur et le plaisir qui va avec : NON !

Je n'achète fondamentalement que ce qui me plait ... selon mon budget qui a certes évolué ces dernières années. 

Ce que j'aime, c'est faire évoluer et faire "vivre"ce qui se trouve sur mes murs, par des échanges (les ventes ne m'intéressent pas) ou de nouvelles acquisitions.

Je m'amuse à faire tourner les thèmes :  j'aime bien le changement ... mais aussi et surtout faire monter en qualité ce que j'appelle un"assemblage / patchwork d'originaux" plus qu'une collection.

 

Aujourd'hui, l'envie que je ressens est de poursuivre sur cette voie : découvrir de nouvelles pièces ... sous réserve d'avoir la place de les accrocher et d'en profiter tous les jours.

 

 

Nous remercions Ultracomix pour sa participation.

Rendez-vous le mois prochain !

2DGalleries
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