Le Si... si... si... : Juanmiguelin

18 mai 2025,  par  2DGalleries

 

Ce mois-ci c'est Juanmiguelin qui répond aux questions du Si... si... si... !

 

 

 

Illustration de Miguelanxo Prado

 

 

Depuis aussi loin que je me souvienne, j’ai été passionné de bande dessinée. J’ai grandi dans les années 70 en lisant les publications jeunesse de l’époque en Espagne, notamment celles de la maison d’édition Bruguera, où Mortadelo était la star incontestée. Parallèlement, je dévorais avec enthousiasme les albums d’Astérix que mon père m’achetait.

 

Petit à petit, au fil des pages de ces magazines hebdomadaires, j’ai découvert d’autres personnages de la bande dessinée franco-belge qui ont éveillé ma curiosité, comme Ric Hochet ou Lucky Luke, entre autres. Mais ce n’était pas tout : la bibliothèque municipale disposait d’une vaste section riche en lectures captivantes, avec les albums de Tintin, le Mickey de Gottfredson, sans oublier les grands classiques américains comme Flash Gordon et The Phantom.

 

La publication, à la fin des années 70, de l’édition espagnole du magazine SPIROU a ouvert une fenêtre sur un nouvel univers d’aventures sans fin… Khéna et le Scrameustache, Boule et Bill, Gaston Lagaffe, et bien sûr les aventures de Spirou dessinées par Franquin. C’est également à cette époque que j’ai découvert des personnages féminins marquants comme Natacha de Walthéry et Yoko Tsuno de Leloup.

 

Puis, la lecture des aventures de Valérian avec L’Ambassadeur des Ombres a encore élargi mes horizons vers des bandes dessinées plus adultes et novatrices. Cette évolution s’est poursuivie naturellement avec la découverte de Métal Hurlant, qui m’a plongé dans l’univers de Moebius, Bilal, Chaland, Schuiten, et bien d’autres.

 

Depuis, je n’ai jamais cessé de lire des bandes dessinées, de parcourir les salons et festivals, et d’acheter de temps en temps des originaux… voire même d’en offrir un, à l’occasion. 😉

 


 

1. Si je devais citer un élément déclencheur qui m'a poussé à acquérir mon premier original et donné envie de collectionner ?

 

Je suis passionné de bande dessinée depuis mon enfance, mais en tant que collectionneur d’originaux, je m’y suis mis assez tard. Ma collection s’est constituée progressivement, avec des acquisitions réalisées depuis le début des années 2000 jusqu’à aujourd’hui.

 

Il n’y a pas eu de véritable élément déclencheur qui m’ait poussé à devenir collectionneur; je pense plutôt que cela a été une évolution naturelle de mon amour pour la BD. J’ai commencé à en lire très jeune et j’ai eu la chance d’avoir des amis qui partageaient cette passion à l’école. Avoir un entourage qui apprécie les mêmes choses que soi permet non seulement d’approfondir ses intérêts, mais aussi de les préserver avec le temps. J’ai connu pas mal d’amateurs de BD qui, en changeant de cercle, ont peu à peu perdu leur enthousiasme.

 

Je me souviens encore de mon premier Salon de la BD, au début des années 80, alors que j’étais encore au lycée. C’était un petit salon organisé près de chez moi (le premier et le dernier de ce genre), mais avec des invités de premier plan à l’époque : Max (Francesc Capdevila), Pére Joan, Pamiés et Juan Giménez !

 

L’Argentin, malheureusement disparu pendant la pandémie de COVID, était l’un de mes dessinateurs préférés. J’ai eu l’opportunité de passer un moment inoubliable avec lui. Nous n’étions pas nombreux, et nous avons pu profiter de tout un après-midi en compagnie de ces auteurs, qui ont eu la gentillesse de dessiner pour nous.

 

 

 

Dédicace de Juan Giménez

 

 

À partir de ce moment-là, j’ai commencé à assister en tant qu’amateur aux festivals et salons de BD près de chez moi, en Asturies, à Gijón et à Oviedo. Ensuite, j’ai élargi mon horizon avec Madrid et, de temps en temps, Barcelone, qui accueille le salon le plus connu d’Espagne.

 

J’y ai rencontré d’autres passionnés comme moi, notamment dans les files d’attente. En attendant notre tour, nous avions souvent de longues discussions, et petit à petit, nous sommes devenus amis. Ces moments partagés m’ont permis de découvrir un aspect que je connaissais moins : celui des dessins originaux.

 

Mes amis étaient surtout amateurs de comics américains, et ils avaient l’habitude d’acheter des “commissions” – des dessins sur commande de leurs personnages préférés –, ainsi que de petites illustrations originales proposées par les dessinateurs, ou parfois même des planches. Leur intérêt pour ces œuvres a éveillé ma curiosité. Je me suis dit : “Pourquoi ne pas acheter moi aussi des dessins comme ceux que j’ai vus ?”

 

J’ai alors commencé à faire des recherches sur Internet pour mieux comprendre le marché des originaux. Je me souviens avoir découvert des planches et des dessins de Will Eisner sur le site de Denis Kitchen, son marchand officiel. Mais à l’époque, ces prix me semblaient totalement inaccessibles.

 

Quelques temps plus tard, j’ai finalement trouvé une petite illustration du maître, cette fois à un prix abordable…

 

 

Strip de Will Eisner

 

 

C’est ainsi que mon désir de collectionneur a commencé.

 

Je me souviens très bien d’une discussion dans une autre file d’attente : un collectionneur m’avait prévenu en souriant : “Fais attention, car une fois que tu commences à acheter des originaux, tu ne pourras plus jamais t’arrêter.” Et effectivement, c’est exactement ce qui s’est passé.

 

Une fois la passion pour les originaux déclenchée, il est important de ne pas se laisser emporter par elle. J’ai toujours suivi un conseil donné par un vendeur d’originaux : “Collectionner ne doit jamais te détruire.” Pour moi, cela signifie que je m’impose des limites : j’achète une ou deux pièces par an, en veillant à ce qu’elles restent dans mon budget et que je puisse les payer en plusieurs fois si nécessaire.

 

Comme je l’ai déjà dit, il ne faut pas se laisser dominer par l’envie de posséder… hahaha !

 

 

2. Si je pouvais ajouter à ma collection une œuvre présentée  actuellement dans les galeries de 

2DG ?

 

Cette question est vraiment difficile à trancher… Choisir une œuvre parmi toutes celles présentées dans les galeries de 2DG, c’est un peu comme emmener un enfant dans le plus grand magasin de jouets à Noël et lui demander de choisir un seul cadeau… hahaha !

 

En tant que collectionneur modeste, je sais bien que, sauf à gagner l’Euromillions, de nombreuses pièces resteront hors de ma portée. Mais cela ne m’empêche pas d’admirer ces magnifiques collections. J’éprouve un immense plaisir à visiter des expositions, qu’elles se tiennent dans des galeries ou des musées, car j’aime l’art de la bande dessinée. Pouvoir contempler des originaux, observer le coup de crayon des artistes, découvrir les coulisses d’une œuvre… c’est, comme je l’ai déjà dit, un véritable bonheur.

 

Mais puisque nous avons toujours le droit de rêver… Pourquoi pas une planche d’Astérix ? C’est l’une des BD qui a marqué mon enfance, et je serais particulièrement heureux de posséder une planche scénarisée par Goscinny.

 

 

 

 

Planche originale d'Astérix dans la collection de Icomeinpeace

 

 

 

J’ai choisi une planche de “Astérix et Cléopâtre” parmi les galeries de Icomeinpeace. Félicitations à son propriétaire pour cette magnifique pièce !

 

 

3. Si je ne devais conserver qu'une seule œuvre dans ma collection ?

 

C’est une question difficile à trancher. J’aime toutes les pièces de ma collection ; chacune a quelque chose qui m’attire et raconte une histoire.

Mais s’il faut en choisir une, alors je choisis la planche 31 du premier tome de L’Espoir malgré tout, dessinée par Émile Bravo.

 

 

Planche originale d'Emile Bravo pour Spirou - L'Espoir malgré tout

 

 

 

Pourquoi ce choix ? Il suffit de regarder la dédicace en bas à droite de la planche.

 

 


4. Si je pouvais acheter une œuvre que j'ai laissé filer par le passé ?

 

Il y a de nombreuses planches que j’ai laissées filer par le passé, car en tant que collectionneur modeste, je n’ai pas la possibilité de tout acheter.

 

Je me souviens particulièrement d’une planche que j’ai longuement contemplée lors de plusieurs visites dans une galerie d’originaux à Paris. Son prix était encore accessible à l’époque, mais j’ai fait un autre choix… et finalement, elle m’a échappé. Il s’agit de la planche n°30 de l'album Le Singe, une création de Milo Manara, aujourd’hui présente dans les galeries de Svart69 :

 

 

 

Planche originale de Manara présente dans la collection de Svart69

 

 

 

 

5. Si je pouvais avec un budget de 5 000 € acquérir une ou plusieurs œuvres parmi celles proposées en vente sur 2DG ?

 

Pour répondre à cette question, il faut d’abord regarder les œuvres disponibles à la vente et la liste des auteurs que j’aimerais voir figurer dans ma collection.

 

Actuellement, avec un budget de 5 000 €, plusieurs options s’offrent à moi :

 

Acheter une seule planche, celle de Guido Crepax (Justine), mise en vente par Krazy Art Gallery.

 

 

Planche de Guido Crepax proposée à la vente par Krazy Art Gallery

 

 

 

 

Ou bien opter pour deux planches : l’une de Frank Le Gall (Les Jalousies), mise en vente par Erg68, et l’autre de Dupuy-Berberian (Monsieur Jean), proposée par Jointhegasp.

 

 

 

 

Planches de Frank Le Gall proposée à la vente par Erg68

 

 

 

 

Planche de Dupuy et Berbérian proposée àa la vente par Jointhegasp

 

 

 

Mais avant tout… j’attends avec impatience l’arrivée de ce budget de 5 000 € !

 

 

 

6. Si j’étais un personnage de Bande Dessinée ?

 

Si je devais choisir un personnage, ce serait Valérian, agent spatio-temporel, la création de Pierre Christin et Jean-Claude Mézières.

 

 

 

Valérian et Laureline

 

 

 

J’étais adolescent lorsque j’ai découvert ces histoires de science-fiction, une BD totalement différente de tout ce que j’avais lu jusque-là. L’Ambassadeur des Ombres, le premier titre que j’ai lu, m’a transporté vers d’autres mondes et fait vivre des aventures fantastiques, au-delà de l’imagination.

 

 


7. Si j'avais la possibilité de passer une journée avec un artiste disparu ?

 

Disparu bien trop tôt, Yves Chaland est l’un de mes dessinateurs préférés. Grand représentant de la Ligne Claire, il est aujourd’hui considéré comme un classique moderne.

 

 

 

Yves Chaland

 

 

 

Je n’ai jamais eu la chance de le rencontrer, alors sans hésitation, ce serait mon choix.

 

 

 


8. Si je pouvais poser une question à cet auteur ?

 

J’aimerais en savoir plus sur son processus créatif : d’où viennent ses idées, comment il les travaille pour les transformer en bande dessinée, du croquis à la planche terminée, en passant par le découpage et l’encrage…

Mais il y a une chose que je voudrais vraiment savoir : Pouvez-vous, s’il vous plaît, me dédicacer mon exemplaire du Jeune Albert ? Hahaha !

 

 


9. Si je ne devais posséder qu'un seul album dédicacé dans ma collection ?

 

Encore une fois, ce questionnaire est rempli de questions difficiles, où il faut choisir une seule réponse.

 

 

 

Dédicace de Liberatore pour Les Fleurs du Mal

 

 

 

Mais, puisqu’il faut trancher, je choisis la dédicace de Tanino Liberatore, réalisée en 2017 dans l’album illustré Les Fleurs du Mal, pendant le Festival International de la BD d’Angoulême.

 

 

 

10. Si je pouvais lire la suite d’une bd ?

 

Pour répondre à cette question, je commence par exprimer mon admiration pour Vittorio Giardino, l’un des plus grands maîtres du fumetto italien, ainsi que pour sa brillante création, Max Fridman.

 

 

 

Illustration originale de Vittorio Giardino dans la collection de jeromebeard

 

 

 

Sa dernière aventure, publiée en 2008, emmenait son protagoniste en Espagne, en pleine Guerre civile de 1936, avant un retour en Suisse.

Giardino avait exprimé son désir de dessiner une nouvelle histoire de ce personnage et, en tant que fidèle lecteur de cet auteur, j’attends patiemment l’espoir de le retrouver un jour.

 

 

 

Voici enfin la réponse de à une question imaginée par JanCykCyk lors du précédent Si... si... si... :

 

Quel est pour vous le critère le plus important lorsque vous choisissez une oeuvre pour votre collection ? 

 

Je considère que le critère le plus important reste le budget. Il est essentiel pour moi de ne jamais dépenser au-delà de ce que je peux me permettre au moment de l’achat. Cette capacité d’achat peut varier selon les circonstances — parfois, elle est même nulle.

 

Comme je l’ai déjà mentionné, la passion pour la collection ne doit jamais devenir destructrice. Même si une œuvre me séduit profondément, je ne peux pas me laisser emporter.

 

La bande dessinée occupe une place importante dans ma vie, mais elle n’en est qu’une partie. Si acquérir une œuvre signifie renoncer à sortir, voyager ou profiter de mon temps libre, alors, pour moi, cela n’en vaut pas la peine.

 

 

 

Nous remercions Juanmiguelin pour sa participation.

Rendez-vous le mois prochain !

2DGalleries

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3 commentaires
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Difool Oui, la collection est une passion qui doit rester dans la maîtrise et le contrôle, pas toujours facile ! Merci pour ce Si...si...si...
18 mai 2025 à 12:16
SupHermann Merci pour ce partage
18 mai 2025 à 12:10
flober75 Très agréable moment de lecture pour commencer ce dimanche. Merci.
18 mai 2025 à 10:35