Ce mois-ci c'est MisterPyle qui répond aux questions du Si... si... si... !

 

 

1. Si je devais citer un élément déclencheur qui m'a poussé à acquérir mon premier original et donné envie de collectionner ?

 

Enfant, je me souviens encore de ma grande cousine plongée littéralement dans la lecture d’un  Astérix. Ce devait être hilarant car elle en riait aux larmes. De l’observer s’amuser autant alors que je ne savais pas encore lire, fit naitre en moi l’envie de vivre pareille émotion ! La BD telle la potion de Panoramix avait semble-t-il le pouvoir d’inculquer le fou rire !

 

J’avais de la chance car autour de moi les bibliothèques de mon père et en particulier de mon parrain regorgeaient de classiques de la BD franco-belge, à savoir Tintin, Alix, Astérix, Blake et Mortimer...

 

Ce plaisir de la BD m’a donc accompagné au fil de la jeunesse puis des années d’études.  Arrivant ensuite sur Paris lors de mes premiers pas dans la vie active, c'était l’époque durant laquelle je faisais la tournée des libraires BD pour acheter certes des BD mais aussi collectionner les ex-libris proposés par les librairies telles que Super-héros, Fantasmagories et les Timbrés de la Nation. Ce, quitte à avoir les albums en plusieurs exemplaires !

 

C’est ainsi que j'ai vu des premières planches originales et pas des moindres, celles d’André Juillard lors d’une exposition organisée à la parution d'Après la pluie. Quelle claque ! Ce devait être à la librairie Korrigan’s car j’en ai gardé pour souvenir une sérigraphie réalisée à cette occasion.   

 

J'avais déjà découvert avec enthousiasme sa plume avec Plume aux Vents, puis rebroussant chemin, les 7 vies de l'épervier, Masquerouge et Arno.  Les germes d’une passion étaient en train de naitre pour son graphisme précis et délicat.

 

Le déclic est venu quelques temps après en découvrant la Galerie Maghen, alors en ligne, notamment à l’occasion de la sortie du tome 3 de Plume aux vents, tout juste en prépublication dans Bodoï.

 

 

 

 

Planche d'André Juillard pour Plume aux Vents tome 3

 

 

 

 

Mon sang n’a fait qu’un tour ! C’était une somme pour moi à l’époque ! Et puis, tiraillé entre l’envie d’accéder au graal que représente l’acquisition d’une planche d’un auteur que l’on admire et la volonté d’être raisonnable, je me suis décidé à contacter le galeriste, qui a bien voulu me permettre d’acheter ma première planche à crédit.

 

Finalement, qu’est-ce être raisonnable dès lors que l’on collectionne ?

 

 

 

2. Si je pouvais ajouter à ma collection une œuvre présentée  actuellement dans les galeries de 

2DG ?

 

Autant songer à une pièce inaccessible et d’ordre muséale. Me permettez-vous, Valerian, d’imaginer à ce que votre planche de fin de Partie de chasse soit mienne “en rêve” ? 

 

 

 

 

Planche originale de Partie de Chasse par Enki Bilal

 

 

 

 

Il y a eu tant d’écrits sur Partie de chasse, album mythique, ô combien prémonitoire de la chute du bloc de l’Est et vis-à-vis duquel on ne sait, qui du dessin ou du scénario, porte l’Oeuvre tant le duo Bilal-Christin touche l’apogée de sa collaboration.

 

Face à la force du sujet, la mise en forme graphique et métaphorique de Bilal explose, les couleurs froides surplombent les rares couleurs chaudes. La diffusion évanescente de lumière blanche relie telle une fibre la fiction à la réalité. En acte final, Vassili Alexandrovitch Tchevtchenko a enfin rejoint dans la mort Vera Nikolaevna Tretiakova.

 

Je souris du regard du “pinailleur” (ancienne rubrique du magazine Bodoï) dans laquelle un “pinailleur” avait souligné la différence de mouvement de la giclée de sang selon que la perspective soit intérieure ou extérieure à la vitre. Pour ma part je n’y vois rien de choquant. Mais suis-je objectif ?

 

 

 

3. Si je ne devais conserver qu'une seule œuvre dans ma collection ?

 

Je vais hésiter entre ma planche d’Après la Pluie, planche en l’occurrence qui m’était restée en mémoire de l’expo parisienne que j’ai relatée. Planche doublement sentimentale, de par la rencontre de nos protagonistes Abel et Eve, et synonyme d’une période parisienne pour ma part :

 

 

 

 

Planche originale de Après la pluie par André Juillard

 

 

 

 

 

C’est d’ailleurs à ce moment-là que j’ai décidé de revendre une collection d’un autre domaine...Il a fallu faire un choix.

 

La 2ème planche à laquelle je songe est celle du tome 2 de Plume aux vents où Ariane et Angélique se retrouvent le temps d’un bain :

 

 

 

 

 

Planche originale de Plume aux Vents par André Juillard

 

 

 

L’eau ruisselle sur les corps d’Ariane et Angélique tandis que l’ombre d’un arbre se dessine sur Umak. La trame s’interrompt car un évènement vient de se produire, l’Oiseau-tonnerre est arrivé. La scène est empreinte d’une sensualité tout en pudeur.

 

 

4. Si je pouvais acheter une œuvre que j'ai laissé filer par le passé ?

 

Il s’agit sans aucun doute de la page 34 du Sursis tome 2, de Gibrat. Un coup de foudre déjà de par sa pleine page dans l’album avant même de voir l’original !

 

 

 

 

 

Le Sursis, par Jean-Pierre Gibrat

 

 

 

 

C’était lors du vernissage de l’expo Gibrat à la galerie Maghen, j’étais à contempler cette planche depuis quelques instants, à m’interroger, désireux de plonger, prêt à céder... .  Puis un VIP, qui n’était autre que Michel-Edouard Leclerc est arrivé et sans grande surprise, je le vois pointer du doigt la planche que je convoitais... Quelques fractions de secondes pour réagir... elle s’en est allée.

 

Je la retrouverais probablement un jour au Musée de la BD de Michel-Edouard Leclerc.

 

 

 

5. Si je pouvais avec un budget de 5 000 € acquérir une ou plusieurs œuvres parmi celles proposées en vente sur 2DG ?

 

 Il y a actuellement une belle planche de Il était une fois en France de Sylvain Vallée (avec Nury au scénario), proposée par Mary que je trouve plutôt tentante :

 

 

 

 

Cette planche est proposée à la vente par Mary

 

 

 

Cette saga est incroyable, tant par le fait d’être inspirée de faits réels que par la fluidité et le dynamisme du scénario superbement illustré par Sylvain Vallée. Joseph Joanovici, un ferrailleur français d’origine juive russe devient collabo en fournissant de métal pour les allemands. Bref, un non-sens de l’histoire, la petite.

 

Cette planche par son découpage et ses cadrages met superbement en scène l’action et le danger émanant de toute part. 

 

 

 

 

6. Si j’étais un personnage de Bande Dessinée ?

 

Qui n’a- t-il rêvé d’être Thorgal, ou s’être imaginé marin aventurier tel Corto Maltese ?

 

J’ai bien peur d’être davantage un Gaston Lagaffe. Nul besoin de dire pourquoi. Certes un anti-héros mais si sympathique et désopilant !

 

 

 

 

7. Si j'avais la possibilité de passer une journée avec un artiste disparu ?

 

Les Grands Maitres de la BD seront probablement une réponse récurrente pour cette question. Par conséquent je ne ferai guère preuve d’originalité en citant Hugo Pratt.

 

Sans besoin d’évoquer son fidèle héros Corto Maltese (et ami tel qu’il en parle lors de ses interviews), la vie d’Hugo Pratt est en soi une véritable histoire.  Plus jeune soldat de Mussolini en Abyssinie, de fait témoin de la conquête fasciste italienne, interprète au sein de la 8ème Armée britannique, matelot devenu artiste aventurier, aquarelliste inspiré des maitres tels que Turner et Delacroix, conteur hors pair inspiré par d’autres maitres littéraires.

Bref il est de ceux qu’on ne se lasserait pas d’écouter, et en son absence, de lire.

 

Je dois également confesser que je me retrouve également en Pratt vis-à-vis de sa fascination des uniformes militaires. Car avant de collectionner les originaux de BD, je collectionnais les uniformes français de l’Armée d’Afrique, ces uniformes hauts en couleur (zouaves, tirailleurs et spahis...). La collection que j’ai vendue pour me consacrer aux originaux de BD !

 

 

 

Soldats en uniforme par Hugo Pratt

 

 

 

 

J’applaudis le sens du détail de Pratt à représenter les militaires en uniforme avec le soin qu’il y accorde pour être le plus fidèle possible. Parmi sa riche documentation figuraient d’ailleurs les images des cigarettes Players qui illustraient très bien les uniformes de la Couronne britannique.

 

 

8. Si je pouvais poser une question à cet auteur ?

 

Ayant été lui-même acteur et spectateur de la seconde guerre mondiale, pourquoi avoir choisi que Corto Maltese soit de 40 ans son aîné, et par conséquent contemporain de la 1ère guerre mondiale ?

 

9. Si je ne devais posséder qu'un seul album dédicacé dans ma collection ?

 

Je conserverais mon tirage de tête de FOX (Los Alamos) de Jean-François Charles (et Renaud au scénario) car c’est le souvenir de ma rencontre au Festival BD de Lys-lez-Lannoy, en l’an 2000, avec Jean-François et Maryse.

 

 

 

 

 

Dédicace de Jean-François Charles

 

 

 

 

Couple dans la vie et dans la profession artistique, ils se complètent au scenario et au dessin. Amoureux de voyages, ils y puisent leurs inspirations pour notre plus grand bonheur. Personnalités généreuses et accessibles, j’ai la chance de les compter maintenant parmi mes amis.

 

Faisant partie de l’Association Opale BD, qui organise un Festival BD (qui se veut bi-annuel) sur la Côte d’Opale, nous avons eu l’opportunité que Jean-François réalise une superbe affiche pour notre Festival en 2004.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

10. Si je pouvais lire la suite d’une bd ?

 

Au risque de paraitre redondant, je citerais à nouveau André Juillard, lequel nous confiait en préambule du retirage du Cahier Bleu grand format :

 

“J’avais en tête une sorte de trilogie, avec un système de chassé-croisé entre les albums. Je n’ai pas poussé ce projet jusqu’à son terme...mais je n’y ai pas renoncé non plus ! L’idée de mettre en chantier un troisième album dans le même esprit, qui boucle l’ensemble, revient régulièrement me titiller...”

Donc à quand cette trilogie du Cahier bleu ?

 

 

 

Voici enfin la réponse de à une question imaginée par buldbul lors du précédent Si... si... si... :

 

Si vous deviez faire découvrir une bande-dessinée franco-belge à un lecteur étranger laquelle choisiriez-vous et pourquoi  ?

 

Parmi les trois dernières BD que j'ai offertes (à des amis amateurs de BD)  figurent "cinq branches de Coton Noir", "Nymphéas noirs" et "Blacksad tome 1".

Ce sont, pour les 2 premières citées, mes derniers coups de coeur. Un scénario extraordinaire de part et d'autre servi par un graphisme abouti et déjà reconnaissable !

La première je l'ai déjà offerte à deux amis déjà amateurs de BD pour leur anniversaire. Comment ne pas accrocher à ce scénario digne des frères Coen, avec une histoire au croisement d'un "Saving private Ryan" et  d'un "Unglorious bastards" avec pour acteurs Denzel Washington et Forest Whitaker. La trame de départ prend pour origine la guerre d'indépendance américaine pour tenir place lors de la bataille des Ardennes (battle of the bulge). Des GI noirs américains dans un contexte de guerre vis à vis des nazis, au sein  de leur propre armée ségrégationniste partent en mission Commando pour récupérer un drapeau mythique... Mais pour qui ce drapeau est-il un symbole ?!

La seconde je l'ai offerte à une amie allemande parlant peu français et non amatrice de BD. L' intrigue digne d'un polar avec sa part de romance et de torture psychogique est somme toute très classique mais tellement bien représentée qu'elle en devient un chef d'oeuvre du 9ème art. Un plaisir à faire découvrir. Difficile de ne pas tomber sous le charme!

 

 

 

 

 

Nous remercions MisterPyle pour sa participation.

Rendez-vous le mois prochain !