Nestor Burma - 120 rue de la Gare

« 120 rue de la Gare » adapté du roman de Léo Malet publié en 1943.
Prépublié à partir d'août 1987 dans la magazine (A Suivre) et publié chez Casterman en janvier 1988
Planche 39
Encre de Chine sur papier
29 x 40 cm

Signée en bas à droite

Art Spiegelman a dit de Tardi qu'il fut aussi important dans l'évolution de la BD que le furent Truffaut et Godard pour la nouvelle vague. Je suis bien d'accord avec Artie.

120 rue de la Gare est un chef d'œuvre et figure, avec l'Incal et La Trilogie Nikopol, tout en haut de mon Panthéon personnel de la bande-dessinée. Ajouter cette planche à ma collection a constitué un grand moment de bonheur. J'avais promis (juré!) il y a quelques temps à mon épouse que l'achat d'une planche de 120 rue de la Gare constituerait sans aucun doute le point final de ma quête d'originaux. Il n'en a rien été évidemment (au secours!) mais c'est pour vous dire à quel point je considère cet ouvrage comme un Graal personnel.

Nestor Burma, accompagné du journaliste Covet, déambule sous la pluie dans les rues de Lyon dans une mise en scène et une séquence classique de l'œuvre de Jacques Tardi. Dans la première case nous sommes Place des Terreaux, face à l'Hôtel de Ville. Puis les deux personnages s'engagent rue Sainte-Marie-des-Terreaux reproduite très fidèlement dans les cases suivantes (notez aussi l'attention portée aux détails avec notamment la Citroën traction avant de la première case ou le sigle gaulliste de la quatrième case). Burma, l'air de pas y toucher, cuisine son ami Covet. Son assistante Hélène est-elle encore à Lyon? Qu'est devenue l'actrice Madeleine Morlain? Etc. La planche finit avec une grande case dans laquelle est reproduite l'affiche de Brouillard au pont de l'Alma, clin d'œil de Tardi et mise en abyme de l'œuvre de Léo Malet avec son Brouillard au pont de Tolbiac (écrit 13 ans après 120 rue de la Gare). J'adore cette affiche. On y voit Madeleine Morlain dans la même posture qu'Hélène sur la couverture de l'album. Elle apparaît à deux reprises dans l'album et Burma ira même voir le film plus tard à son retour dans le Paris occupé.

D'un point de vue purement formel cette planche est une belle réussite avec ses 5 grandes cases et l'absence de longs dialogues (c'est assez rare dans cet album pour le noter). J'aime aussi le travail virtuose de Tardi avec l'encre de Chine et la gouache blanche pour rendre le brouillard qui flotte sur la ville de Lyon et la pluie sur les pavés. Je ne suis pas certain que cela apparaisse franchement avec ma photo mais vu sur un mur c'est assez impressionnant et je ne me lasse pas de la contempler.