El Gaucho - Planche 24

El Gaucho - Planche 24

Le contexte
Début du XIXe siècle, sur le Rio de la Plata, devant Buenos Aires. La marine britannique est sur le point d’envahir la ville, tenue par les espagnols. Objectif : l’indépendance de cette colonie du bout du monde… pour le plus grand profit de l’Angleterre.

Après le succès de L'Été indien, Milo Manara et Hugo Pratt récidivent. Nous voici désormais en Argentine à la fin du XIXe siècle, quand Noirs et Indiens étaient encore esclaves, et où Anglais et Espagnols se disputent le Rio de la Plata.

Hugo Pratt est ici un peu chez lui. Il y a vécu dix-huit ans pendant lesquels il a parcouru, des rives du Rio Negro aux sauvages pampas, les lieux qui servent de décor à El Gaucho. Sur cette toile de fond haute en couleur, il noue, avec l'habileté qu'on lui connaît, les fils du destin tragique de 3 personnages principaux. Tom Browne, le tout jeune et très ingénu tambour du 71ème chasseur écossais, Mathew, le marin bossu, tous deux amoureux de la belle Molly Malone, la jeune Irlandaise, arrachée à sa prison pour être livrée comme prostituée à un bordel de Buenos Aires, et laissée le temps de la traversée à la débauche des officiers.

On imagine le plaisir qu'a pris Manara à mettre en images ce maelström romanesque. Avec, une petite tendresse particulière pour Molly, la belle et légère Molly, que Tom, au soir de sa vie, n'a toujours pas oubliée...

La planche
Belle mise en valeur des trois personnages principaux sur cette planche, avec le flirt de Tom et Molly, et la réaction non dénuée de jalousie de Mathew, le bossu. Cette planche est une belle démonstration de la virtuosité graphique de cet auteur, qui décrit avec beaucoup de talent une scène intimiste.

Manara n'a pas lésiné sur les mouettes, pour faire honneur à son mentor, Hugo Pratt !

Les textes des premières bulles sont du pur Pratt "Mon grand-père maternel joue de la harpe. Il dit qu'il faut avoir des cordes en bronze pour avoir le son"magique" [...] Il descend de Grania O'Malley Burke, le plus grand marin d'Irlande... Même si c'était une femme." Un personnage qui a par ailleurs réellement existé.

La première case à servi à plusieurs reprises d'inspiration pour des peintures (cf. images additionnelles). La première peinture présentée reste assez fidèle, avec un décolleté de Molly beaucoup plus généreux ! Il y a du monde au balcon... Milo Manara a utilisé plusieurs fois ce procédé : la reprise d'une case en illustration, en l'érotisant davantage.