Commentaire
Le 8 mai 1969, le n°496 du journal Pilote annonce le retour du Lieutenant Blueberry dans un récit intitulé "La mine de l'Allemand perdu".
« Certains dessins de La Mine de l'Allemand perdu me tirent des larmes » (dixit Giraud, BoDoï HS 18, 01/2008)
Quelques semaines plus tard, cette planche explosive fera le bonheur des lecteurs qui suivront leur héros favori au travers des Monts de la Superstition et de la centaine de pages du diptyque Mine/Spectre. Le meilleur opus du tandem Gir-Charlier !
Sa construction sur quasi deux strips lui donne une lisibilité particulièrement intéressante. Les personnages y sont dominés par les éléments, et Gir donne alors le meilleur de lui-même pour proposer aux lecteurs ce genre d'action hyper vitaminée …
Pas étonnant que Sadoul craqua pour ce genre de spectacle quand bien même Blueberry ne s'y trouve pas :)
Car c'est bien lors d'une interview fleuve de 1975 (Mister Moebius et docteur Gir, paru chez Albin Michel en 1976) que Numa Sadoul réalisera de Giraud qu'il recevra cette superbe planche n°35 des mains du Maitre.
En mars 2001, Sadoul décidera de s'en séparer avec une quinzaine de ses autres cadeaux reçus des plus grands auteurs tels Tardi, Hergé, Moebius, Martin, Gotlib, ou encore Franquin avec la fameuse planche du Nid des Marsupilamis. Vestiges d'une autre époque où les petits cadeaux étaient courants pour des choses qui ne valaient pas encore les fortunes d'aujourd'hui.
Cela donnera lieu à cette vente mémorable chez Tajan à Paris à laquelle je n'avais rien su acheter et où, chose amusante, la mise en valeur des pièces proposées était alors très relative !
Cette planche de Blueberry y fut alors achetée par un marchand belge qui la revendit dans la foulée à un collectionneur bruxellois qui la garda jusqu'à vendredi dernier avant d'accepter de s'en séparer.
Quinze ans d'attente pour finaliser le deal avec ce bruxellois lors d'un appel téléphonique éclair ; et du pur bonheur de collectionneur que de pouvoir l'aligner à côté de ma plus belle planche du Spectre aux balles d'or.
A quelques jours des habituels catalogues parisiens de l'automne, je me dis qu'il est encore possible de sortir ce genre de pépites qui échappent aux frais gargantuesques réclamés par ces grandes maisons de vente ...