Dans la collection de Carbonnieux
1986 - Blueberry : Le bout de la piste *
Encre de Chine
50 x 65 cm (19.69 x 25.59 in.)
Format dit "raisin" et de ce fait très spectaculaire !
Ajoutée le 19/03/2023
Lien copié dans le presse-papier !










Description
Planche 24 au format raisin
Prépublication dans Libération à partir du 1er août 1986
Prépublication dans Libération à partir du 1er août 1986
Inscriptions / Signatures
Gir dans la dernière case
Commentaire
Album sorti en septembre 1986 sans aucune prépublication préalable. On peut donc raisonnablement penser que Giraud s'y attaqua dès 1985. Autrement dit il résidait alors aux USA où il expliquera à Sadoul qu'il "y vit à temps plein avec une carte de résident temporaire, sorte de statut particulier d'International artist; et successivement à Santa Monica, Venice et ensuite Woodland Hills près de L.A.".
Dans les mêmes célèbres entretiens avec Sadoul ce dernier lui fait remarque que « Angel Face, dans le Bout de la piste, a un côté gore » et Gir lui répondra : « Un peu. Un type brûlé comme ça, il faut que ce soit vraisemblable, réaliste et souviens-toi qu'à l'époque la chirurgie plastique n'existait pas encore ... Quand je fais Blueberry, j'aime bien les scènes d'action et de violence, pas tant les explosions que les affrontements d'individu à individu. C'était tout de même ça, au départ, Blueberry : une bande censée être dure, jouer le jeu du danger et d'une certaine violence. Les jeunes lecteurs adorent ça, les vieux lecteurs adorent ça, tout le monde adore ça ! »
1985 correspondra également pour lui à la fondation de la société Starwatcher Graphics et à la découverte de l'instinctothérapie proposée par G.C. Burger, véritable retour intégral à une alimentation préculinaire, dont il appliquera les principes à la lettre !
Cette planche hors norme est juste une claque graphique d'autant plus quand on la découvre en live dans son format raisin. Pour rappel, il s'agit d'un format 50x65 cm réalisé sur le fameux papier Schoeler Parole.
Gir réalise cette scène des retrouvailles entre Blueberry et Angel Face alias Duke, sans ratures, ni blanco ou correction d'aucune sorte. Juste une toute petite rustine collée en septième case. Son encrage au pinceau est juste dingue. Angel Face, véritable personnage maudit ne rêve que d'une chose : griller à son tour le visage de Mike !
Pour moi c'est tout simplement LA planche parfaite ; pouvant même symboliser le bout de la piste d'un collectionneur acharné depuis trente ans à sourcer ce genre de pièce ...
A propos du format de ses planches :
Autrefois les différents formats de papier étaient marqués par un dessin en filigrane. Le format 50x65 cm avait une grappe de raisin en filigrane, d'où ce nom de code de raisin.
Cette taille hors norme chez la majorité des auteurs BD va lui permettre de mettre un maximum de détails dans chacune de ses cases. C'est en réalité une nouvelle étape dans l'épopée graphique de Gir, là où le format de son support papier va jouer un rôle en soi.
On peut penser que c'est au contact de Philippe DRUILLET qu'il en fera la découverte. Pour preuve, ses toutes premières planches au format raisin correspondent à celles de CENTAURI, l'histoire qui ouvrira le premier n° de Métal Hurlant.
Ensuite Nez Cassé en comptera à son tour mais seulement une petite dizaine. Il faudra attendre la suite de la saga pour qu'il généralise ce format chez Blueberry. Cela donnera lieu à des planches nettement supérieures quand on a la chance de les croiser dans une expo ou chez un collectionneur chanceux ...
A propos de Jean-Michel CHARLIER, le scénariste de la série : Avancer masqué ?
En reprenant "Blueberry" après une interruption, Charlier a évidemment rapidement songé au moyen scénaristique de se resservir du personnage en or qu'est “Angel Face“.
Sa première idée était de le faire revenir sous l’apparence d’un chef de bande mystérieux au visage dissimulé sous une cagoule de cuir, laissant échapper une longue chevelure blanche.
Pour faire durer le suspense, Blueberry ne l'aurait pas immédiatement identifié et le personnage se serait fait appeler “El Cogullito“. (“la petite tête“)
“Cet homme est “Angel Face“, rescapé puis évadé et qui s'est réfugié au Mexique. Il cache sous différents masques suivant les circonstances son visage atrocement mutilé (et notamment privé de nez),qu'il a gardée après son affrontement tragique avec Blueberry.
Ses cheveux, depuis cette aventure, sont devenus complètement blancs. Le masque pourrait arborer, au moyen d’une découpe de cuir blanc tranchant sur le cuir noir, une tête de mort souriante…“ (sic)
Le scénario original mentionne “Angel“ en écrivant “Leather Face“… et dans la marge, au feutre rouge, Jean-Michel précise même à Giraud : “à remplacer par le vrai prénom d'Angel… si tu le retrouves !“…
On rappellera que c’est Marmaduke (Duke), mais Charlier qui n’a pas toujours ses albums sous la main ne prend apparemment pas systématiquement la peine de vérifier et du coup ne se souvient pas toujours de ce qu'il a écrit précédemment.
Bref il fait son Alexandre Dumas et réinvente le masque de fer.
Enfin, de cuir, omettant de fait que c’est une astuce scénaristique qu’il a déjà servie aux lecteurs en 1970 dans le 37ème "Buck Danny", avec le personnage du capitaine Mulligan qui en porte un dans “le pilote au masque de cuir“ (qui n’est autre que Lady X, au final…)
“Une fois que j'ai terminé un épisode, je m'en détache complètement. Je n'ai jamais pu, sauf nécessité absolue, relire un de mes albums.
Et c'est à tel point d'ailleurs que, d'une histoire à l'autre, j'oublie complètement ce que j'ai raconté. Il m'est arrivé d'avoir écrit trois ou quatre pages que je trouvais excellentes et puis de me dire que j'avais déjà lu ça quelque part.
Je vérifiais un peu et je m'apercevais que j'avais déjà utilisé l'idée…“
Charlier du coup y repense pour “le bout de la piste“ et dans son scénario, reprend son idée de départ: Angel aura le visage recouvert d’un masque de cuir !
Ainsi dans le texte de la planche 24, la description est claire :
“Plan américain de Angel Face, qui tout en tenant son colt braqué sur Blueberry, commence à détacher, de sa main libre, les cordons de cuir qui, derrière sa tête, maintiennent en place son masque de cuir qui lui couvre toute la face et le crâne, à l'exception de deux trous pour les yeux, un pour la bouche et deux pour les narines…“
Jean Giraud comme souvent n’en tiendra absolument pas compte et préfèrera montrer Duke directement défiguré, sans tenter de ménager un faux suspense…
Charlier a-t-il protesté ? Je l’ignore, mais Jean avait l’habitude d’adapter les textes et les indications fournis par son scénariste, d’autant plus que “le bout de la piste“ constitue déjà leur 22ème album en commun…
Dans les mêmes célèbres entretiens avec Sadoul ce dernier lui fait remarque que « Angel Face, dans le Bout de la piste, a un côté gore » et Gir lui répondra : « Un peu. Un type brûlé comme ça, il faut que ce soit vraisemblable, réaliste et souviens-toi qu'à l'époque la chirurgie plastique n'existait pas encore ... Quand je fais Blueberry, j'aime bien les scènes d'action et de violence, pas tant les explosions que les affrontements d'individu à individu. C'était tout de même ça, au départ, Blueberry : une bande censée être dure, jouer le jeu du danger et d'une certaine violence. Les jeunes lecteurs adorent ça, les vieux lecteurs adorent ça, tout le monde adore ça ! »
1985 correspondra également pour lui à la fondation de la société Starwatcher Graphics et à la découverte de l'instinctothérapie proposée par G.C. Burger, véritable retour intégral à une alimentation préculinaire, dont il appliquera les principes à la lettre !
Cette planche hors norme est juste une claque graphique d'autant plus quand on la découvre en live dans son format raisin. Pour rappel, il s'agit d'un format 50x65 cm réalisé sur le fameux papier Schoeler Parole.
Gir réalise cette scène des retrouvailles entre Blueberry et Angel Face alias Duke, sans ratures, ni blanco ou correction d'aucune sorte. Juste une toute petite rustine collée en septième case. Son encrage au pinceau est juste dingue. Angel Face, véritable personnage maudit ne rêve que d'une chose : griller à son tour le visage de Mike !
Pour moi c'est tout simplement LA planche parfaite ; pouvant même symboliser le bout de la piste d'un collectionneur acharné depuis trente ans à sourcer ce genre de pièce ...
A propos du format de ses planches :
Autrefois les différents formats de papier étaient marqués par un dessin en filigrane. Le format 50x65 cm avait une grappe de raisin en filigrane, d'où ce nom de code de raisin.
Cette taille hors norme chez la majorité des auteurs BD va lui permettre de mettre un maximum de détails dans chacune de ses cases. C'est en réalité une nouvelle étape dans l'épopée graphique de Gir, là où le format de son support papier va jouer un rôle en soi.
On peut penser que c'est au contact de Philippe DRUILLET qu'il en fera la découverte. Pour preuve, ses toutes premières planches au format raisin correspondent à celles de CENTAURI, l'histoire qui ouvrira le premier n° de Métal Hurlant.
Ensuite Nez Cassé en comptera à son tour mais seulement une petite dizaine. Il faudra attendre la suite de la saga pour qu'il généralise ce format chez Blueberry. Cela donnera lieu à des planches nettement supérieures quand on a la chance de les croiser dans une expo ou chez un collectionneur chanceux ...
A propos de Jean-Michel CHARLIER, le scénariste de la série : Avancer masqué ?
En reprenant "Blueberry" après une interruption, Charlier a évidemment rapidement songé au moyen scénaristique de se resservir du personnage en or qu'est “Angel Face“.
Sa première idée était de le faire revenir sous l’apparence d’un chef de bande mystérieux au visage dissimulé sous une cagoule de cuir, laissant échapper une longue chevelure blanche.
Pour faire durer le suspense, Blueberry ne l'aurait pas immédiatement identifié et le personnage se serait fait appeler “El Cogullito“. (“la petite tête“)
“Cet homme est “Angel Face“, rescapé puis évadé et qui s'est réfugié au Mexique. Il cache sous différents masques suivant les circonstances son visage atrocement mutilé (et notamment privé de nez),qu'il a gardée après son affrontement tragique avec Blueberry.
Ses cheveux, depuis cette aventure, sont devenus complètement blancs. Le masque pourrait arborer, au moyen d’une découpe de cuir blanc tranchant sur le cuir noir, une tête de mort souriante…“ (sic)
Le scénario original mentionne “Angel“ en écrivant “Leather Face“… et dans la marge, au feutre rouge, Jean-Michel précise même à Giraud : “à remplacer par le vrai prénom d'Angel… si tu le retrouves !“…
On rappellera que c’est Marmaduke (Duke), mais Charlier qui n’a pas toujours ses albums sous la main ne prend apparemment pas systématiquement la peine de vérifier et du coup ne se souvient pas toujours de ce qu'il a écrit précédemment.
Bref il fait son Alexandre Dumas et réinvente le masque de fer.
Enfin, de cuir, omettant de fait que c’est une astuce scénaristique qu’il a déjà servie aux lecteurs en 1970 dans le 37ème "Buck Danny", avec le personnage du capitaine Mulligan qui en porte un dans “le pilote au masque de cuir“ (qui n’est autre que Lady X, au final…)
“Une fois que j'ai terminé un épisode, je m'en détache complètement. Je n'ai jamais pu, sauf nécessité absolue, relire un de mes albums.
Et c'est à tel point d'ailleurs que, d'une histoire à l'autre, j'oublie complètement ce que j'ai raconté. Il m'est arrivé d'avoir écrit trois ou quatre pages que je trouvais excellentes et puis de me dire que j'avais déjà lu ça quelque part.
Je vérifiais un peu et je m'apercevais que j'avais déjà utilisé l'idée…“
Charlier du coup y repense pour “le bout de la piste“ et dans son scénario, reprend son idée de départ: Angel aura le visage recouvert d’un masque de cuir !
Ainsi dans le texte de la planche 24, la description est claire :
“Plan américain de Angel Face, qui tout en tenant son colt braqué sur Blueberry, commence à détacher, de sa main libre, les cordons de cuir qui, derrière sa tête, maintiennent en place son masque de cuir qui lui couvre toute la face et le crâne, à l'exception de deux trous pour les yeux, un pour la bouche et deux pour les narines…“
Jean Giraud comme souvent n’en tiendra absolument pas compte et préfèrera montrer Duke directement défiguré, sans tenter de ménager un faux suspense…
Charlier a-t-il protesté ? Je l’ignore, mais Jean avait l’habitude d’adapter les textes et les indications fournis par son scénariste, d’autant plus que “le bout de la piste“ constitue déjà leur 22ème album en commun…
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A propos de Jean Giraud
Jean Giraud est un auteur français de bande dessinée, connu sous son propre nom et sous les pseudonymes de Mœbius et Gir. En tant que Jean Giraud et Gir, il est le créateur, avec le scénariste Jean-Michel Charlier, de la célèbre bande dessinée de western Blueberry. Sous le pseudonyme de Mœbius, il est l'auteur de bandes dessinées de science-fiction, telles que Le Garage hermétique, L'Incal ou Arzach, qui lui valent une reconnaissance internationale.