Dans la collection de MV9957
X-13  Agent Secret par Rino Ferrari - Couverture originale
1278 

X-13 Agent Secret

Couverture originale
1967
Gouache
20.5 x 28.5 cm (8.07 x 11.22 in.)
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Commentaire

X-13 Agent Secret

Voilà une autre des séries à succès des Editions Imperia, avec 442 numéros et 77 recueils entre 1960 et 1986, qui disparut avec l’éditeur lui-même. Le recueil n° 18 date de 1967.

Le pitch : série d’espionnage d’origine britannique (Spy 13) narrant les aventures de l’agent britannique X-13 durant la seconde guerre mondiale.

Rino Ferrari réalisa un très grand nombre des couvertures de cette série.

Rino Ferrari

On en sait un peu plus sur Rino Ferrari que sur Juan Vilajoana. Ils n’ont, ni l’un ni l’autre, d’article à leur nom sur Wikipedia, ce qui équivaut à notre époque à un anonymat aussi total que celui du masque de fer. C’est comme pour les anciens dirigeants soviétiques ou maoïstes que leurs successeurs effaçaient des photos officielles (*1).

Heureusement, alléluia, Rino Ferrari bénéficie :
- Du site italien qui lui est dédié (*2),
- Du beau travail de Charles Moreau sur son blog Fantastik Blog (*3),
- De la monographie qui lui a été dédiée par Renzo Biasion en 1990 (Ed. Mondadori), que j'ai eu beaucoup de mal à trouver,
- De la monographie qui lui a été dédiée en 2015 par la Fondation du Crédit Bergamasque à l’occasion de l’exposition coorganisée avec l’Université de Bergame pour commémorer les 750 ans de la naissance de Dante Alighieri au travers des œuvres que Rino Ferrari peintre avait consacrées à cet auteur, et en particulier à La Divine Comédie et à L’Enfer (*4).

Je fais un très bref résumé de sa bio ci-après, juste pour inciter le lecteur de ces lignes à aller lire ces bios in extenso :
Peintre sculpteur illustrateur né en Lombardie en 1911. Il fit ses études aux beaux-arts de Milan. Il commença à travailler en 1938 dans l’Italie Mussolinienne pour la Cinecitta (*5). Après la guerre à laquelle il participa (dans l’armée italienne puis dans la résistance), il entama une prolifique carrière pour la presse, en Italie d’abord, puis en France après son installation à Paris en 1949 : La Domenica del Corriere, Radar, Rêves, Nous Deux, Mode de Paris, etc. : illustrations de couvertures et pages intérieures, strips BD et illustration de contes et romans pour enfants.

Parallèlement il se dédia à sa vocation première de peintre et sculpteur et, de 1964 jusqu’à sa mort en 1986, il exposa à Milan, à Madrid, à Paris, etc.

La première fois que j’ai vu les œuvres du Rino Ferrari peintre, j’ai immédiatement pensé à Salvador Dali. De fait, Rino Ferrari était un peintre essentiellement surréaliste, avec des touches de symbolisme, et ses œuvres étaient chargées de mysticisme et spiritualité (voir images additionnelles).

Il est intéressant de noter que le site italien totalement dédié à Rino Ferrari, qui consacre plusieurs chapitres à son activité d’illustrateur en général, n’évoque son activité d’illustrateur pour les Petits Formats chez Imperia que par la phrase succincte (et sans verbe) : « Et puis des bandes dessinées, très nombreuses, pour les éditions Imperia ». J’avoue ne pas comprendre les raisons de cet « oubli ». Charles Moreau dédie à cette activité une note en quatre lignes en bas de page, dans laquelle il dit que lors de leur entretien Rino Ferrari « ne mentionna en aucune façon ce travail ». Certes, la relation avec Imperia l’empêchait de signer ces œuvres, mais cet « oubli » volontaire est lourd du non-dit quant à ce que représentait cette activité dans l’imaginaire de Rino Ferrari. Dommage que ce point n’ait pas été corrigé par la suite par le site italien pour rétablir la vérité des faits et donner plus d’éclat à l’étendue du talent de Rino Ferrari.

Donc, pour ce qui m’intéresse plus directement, c’est-à-dire cette activité d’illustrateur pour les Petits Formats des Editions Imperia, Rino Ferrari réalisa pendant 30 ans, de 1948 à 1978, une quantité innombrable d’illustrations pour les séries : Attack, Battler Britton, Buck Jones, Garry, Hopalong Cassidy, Indians, Canada Jim, Kalar, Kit Carson, Les 5 As, Marouf, Navy, Ögan, Oilver, Prairie, Rapaces, Super Boy, Sandor, Sergent Guam, Spider, Tex Tone, War, X-13 Agent Secret, pour les plus connues (*6).

Le style

Je ne parlerai pas du Rino Ferrari peintre ou illustrateur de presse, de ses lavis en N & B pour les faits divers de Radar, de ses illustrations pour la presse féminine ou pour les contes pour enfants. C’est surtout la magie du travail du Rino Ferrari illustrateur de ces couvertures Imperia qui me tient à cœur.

Il faut constater en préambule que dans l’abondante production de Rino Ferrari pour Imperia, comme chez tous les grands illustrateurs à succès, il y a du très bon et du moins bon, voire du quelconque.

Les très belles couvertures de Ferrari montrent qu’il dédiait à cette activité un investissement personnel et un travail de recherche important. Roy Mann, un membre de comicartfans (l’équivalent de 2Dgalleries aux USA), a fait le rapprochement entre un dessin de Hal Foster pour Prince Vaillant et une couverture de Sandor de Rino Ferrari (image additionnelle (*7)). Cet exemple met en évidence, outre que le travail de Rino Ferrari est au moins à la hauteur de celui du maître Hal Foster, que Rino Ferrari, formé dans sa jeunesse à l’Académie des Beaux-Arts Brera de Milan, et qui était avant tout peintre et sculpteur, étudiait également ses confrères de la BD.

Comme je l’ai déjà dit pour Juan Vilajoana, l’autre grand illustrateur hyperréaliste des éditions Imperia (*8), Rino Ferrari était surtout et avant tout un peintre peignant au chevalet. Il parvenait avec son pinceau à donner une texture particulière à la réalité : volume, densité, épaisseur ; ces gouaches donnaient la sensation de la 3D dans un univers en 2D.

La caractéristique principale de Rino Ferrari était son génie très particulier pour capturer l’instant précis où l’action est à son climax, où les corps et les énergies sont tendus vers un but, où le mouvement devient palpable. En ce sens Rino Ferrari était l’exact opposé des dessinateurs classiques de la ligne claire.

Outre sa force et son génial sens du mouvement, ses fonds de scènes reflétaient souvent des explosions et des flammes, tout un univers de violence, un chaos primitif d’où le héros émergeait pour mettre de l’ordre et donner du sens au monde, comme une métaphore de la fonction classique du héros depuis la mythologie grecque.

Ce que dit David Roach dans son Masters of Spanish Comic Book Art à propos de Juan Vilajoana, s’applique aussi à Rino Ferrari : ces « gouaches de couvertures, incroyablement brillantes, incitèrent plusieurs générations de lecteurs à acheter leurs comics », et contribuèrent donc dans une large mesure au succès des éditions Imperia.

Ces illustrations de couverture étaient effectivement une promesse, une porte ouverte sur le rêve.


(*1) voir ma note (*1) des commentaires sur ma planche de Vilajoana.
(*2) http://www.rinoferrari.it
(*3) http://fantastik2001.blogspot.com/2012/11/rino-ferrari-bio-bibliographie.html
http://fantastik2001.blogspot.com/2012/11/rino-ferrari.html
(*4) On peut la télécharger en pdf : http://www.fondazionecreberg.it/docs/pubblicazioni/pdf_1555407899.pdf
(*5) Intéressant parallélisme avec le premier métier de Juan Vilajoana qui était décorateur de théâtre.
(*6) Voir les sites de René Leone : http://r.leone.free.fr/ et de Cyrille Paysan : http://www.comicbd.fr/
Ainsi que bien entendu le formidable travail de Gérard Thomassian sur son site, et plus particulièrement son Encyclopédie (work in progress) : http://www.encyclo-bd.fr/index1.html
(*7) https://www.comicartfans.com/gallerypiece.asp?piece=1235779
(*8) On trouve sur le site de René Leone, entre autres, nombre d’autres dessinateurs et illustrateurs des éditions Imperia.

Publication

  • Collection reliée N°18 (du n°137 au n°144)
  • Impéria
  • 06/1967
  • Couverture

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A propos de Rino Ferrari

Rino Ferrari Dessinateur, illustrateur, sculpteur, d'origine italienne. Il va travailler pour le magazine Radar en illustrant la plupart des faits divers de l'époque avec des images "grand forma"' toujours spectaculaires. Il va parallèlement travailler pour une une revue italienne similaire La Domenica del Corriere Toutes ses illustrations sont signées : R. Ferrari. En 1966 toujours pour les italiens et sous le pseudo de Ferri, il va travailler sur la collection "Fiabe sonore" (fables sonores) pour l'éditeur (Fratelli, Fabri) en illustrant des pochettes de disque dans un style très Walt Disney. De 1948 à 1978 il va illustrer à la gouache un nombre incroyable de petits formats pour les éditions Imperia comme : Attack, Baracuda, Battler Britton, Buck Jones, Biches, Calder One, Caribou, Crack, Diaman, Garry, Hopalong Cassidy, Indians, Jim Canada, Jet Cobb, Jim Morgan, Kay Barton, Kalar, Kit Carson, Les 5 As, Marouf , Minouche, Navy, Ogan, Oliver, Panache, Pirouett', Prairie, Rapaces, Super Boy, Rapaces, Rol Baker, Sandor, Sergent Guam, Spider agent spécial, Tex Tone, War, X-13, Z33... Une des particularités des couvertures de Ferrari est l'action qui s'y dégage. Ses personnages sont toujours en mouvement, donnant une impression d'élan, de vitesse, comme un instantané d'un cliché pris dans le feu de l'action Texte © WikiPF

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