Satorare #38 | Transparent 38 | Seinen Glénat | Couverture

Transparent - Quand vos pensées deviennent un livre ouvert

Et si tout le monde pouvait entendre vos pensées les plus intimes ? C'est le quotidien bouleversant des Transparents, ces êtres extraordinaires frappés par une anomalie cérébrale qui diffuse leurs émotions et réflexions dans un rayon de 50 mètres. Un sur dix millions, voilà la rareté de ces individus incapables de mentir, condamnés à une sincérité absolue dans un monde fondé sur le mensonge. Mais cette malédiction cache un don inestimable, tous les Transparents sont des génies. Einstein lui-même en aurait été un. Considérés comme de véritables trésors nationaux, ils sont le moteur secret du progrès humain. Pourtant, que se passerait-il s'ils découvraient la vérité ? Les premiers à l'apprendre ont sombré dans la folie ou se sont suicidés. Pour les protéger, un pacte du silence s'impose à la société entière.

Transparent, première série longue et chef‑d’œuvre de Makoto Satō (佐藤真 – 1963), est paru en 8 tomes chez Glénat. Assistant de Yumiko Suzuki, Satō développe au fil des années une œuvre personnelle marquée par une forte sensibilité et une conscience aiguë des mécanismes sociaux. Initialement conçu comme une nouvelle, Transparent paraît dans le magazine Evening à partir de 2001 et s’impose rapidement comme une série culte, avant d’être traduite en France par Glénat. Entre thriller psychologique et réflexion philosophique sur l’identité et le mensonge social, ce seinen aussi original que bouleversant marque durablement ses lecteurs. Un incontournable qui mérite sa place dans toute bonne mangathèque.

Le trait de Satō est minimaliste, presque pudique, il s’inscrit dans une tradition du seinen introspectif. Loin des codes spectaculaires du manga commercial, Transparent explore les failles de l’identité, la douleur de l’exposition involontaire, et la quête d’un abri dans un monde saturé de faux-semblants.

Cette page titre illustre parfaitement l’un des thèmes récurrents de la série, la solitude existentielle des transparents, ces êtres dont les pensées sont audibles par tous, et qui vivent dans une société incapable de les accueillir sans les briser. Le cadrage oppose deux figures, l’une, de face, semble figée dans l’incompréhension, l’autre, de dos, s’éloigne tranquillement, symbole d’une normalité inaccessible en opposition à l’exclusion sociale dont souffrent les transparents.