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Oscar Bazaldúa Nava, Guillermo Peimbert, Relatos de Presidio # 634 - Original Cover
1718 

Relatos de Presidio # 634

Original Cover
1993
Gouache
25.5 x 35.5 cm (10.04 x 13.98 in.)
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Relatos de Presidio # 634

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Sensacionales – RELATOS DE PRESIDIO - Oscar Bazaldúa

Relatos de Presidio (Récits de Prison) est une des séries à succès (plus de 800 numéros) de Editorial TOUKAN. Âmes pures, fraîches et juvéniles passez votre chemin, c’est du trash, c’est du gore, ça envoie du lourd. Tortures, meurtres, viols, ça charcle, ça troue, ça tranche, ça débite. Il y a certes d’autres BD qui ne font pas dans la dentelle, comme Torpedo ou Tyler Cross par exemple, mais outre que ces deux séries mettent en scène des tueurs professionnels qui tuent des gens qui sont de leur même monde, le lecteur est mis à distance, et donc à l’abri, par l’humour et la stylisation. Avec Relatos de Presidio nous sommes dans le domaine du cruel sale et quotidien, du poisseux et du sordide.

Mais avec une fin morale, ça va de soi.

La présence de bimbos est bien entendu obligatoire. Et quand je dis bimbo… une citation me revient à l’esprit : « Une femme met plus de temps qu’un homme à s’habiller parce qu’elle doit ralentir dans les courbes ». Effectivement, je comprends mieux pourquoi elles sont toujours très dénudées !

Le détail qui tue (si j’ose dire) dans cette couverture, le détail qui m’a fait craquer et pour lequel je l’ai achetée, c’est le globe oculaire au bout du poignard qui vient de l’arracher à son légitime mais défunt propriétaire, globe dégoulinant de fluides divers, qui semble nous fixer dans une mise en abîme horrible entre voyeur (nous, lecteurs) et œil sanglant, entre péché et mauvaise conscience (l’œil dans la tombe de Victor Hugo). Parfait pour illustrer ce plaisir coupable qu’est la lecture de ces pulps. Brrr…. J’en frissonne !

Oscar Bazaldúa Navas : Le dessin de Bazaldúa est inimitable et a fondé un style, dont il a avoué lui-même dans plusieurs interviews avoir essayé d’en transposer certaines caractéristiques dans l’univers Marvel, en particulier pour les plastiques féminines.

Bazaldúa adaptait le trait et la composition à la série dont il dessinait l’illustration de couverture. Le trait et la composition pouvaient être très simples pour les séries érotiques, dont le principal intérêt réside dans leur drôlerie. A l’opposé, sur les dernières années de La Ley del Revolver au cours desquelles il livra un véritable duel artistique à Rafael Gallur (à tel point qu’il est parfois difficile de les différencier sur cette série à cette période-là - des collectors) et sur Relatos de Presidio, le trait devenait fouillé et nuancé, et la composition devenait complexe, mêlant autour d’une scène de crime, le sadisme en action, l’horreur et le corps des bimbos.

La tonalité donnée par le coloriste devait, bien entendu, être raccord. Bazaldúa a d’abord collaboré avec José Silva, puis dans les années 2000 avec Guillermo Peimbert et Iván Santillán, ce dernier réussissant à donner des tonalités fantastiques dans par exemple La Ley del Revolver # 541 que j’ai accrochée dans la galerie.

Artistes et industrie : L’industrie des pulps mexicains ressemblait à l’industrie des BD de petit format de notre enfance et adolescence, et plus tard des fumetti italiens. Pratiquement personne ne se souvient des dessinateurs et encreurs qui réalisaient le contenu à la chaîne, ces stakhanovistes de l’ombre. Par contre tout le monde connait les principaux artistes qui faisaient les illustrations de couverture : Rino Ferrari, Félix Molinari, Juan Vilajoana, Pino Dell’Orco, puis pour les fumetti : Pino D’Angelico (Daeni), Alessandro Biffignandi et Emanuelle Taglietti pour ne m’en tenir qu’aux principaux, la plupart du temps de vrais peintres travaillant au chevalet. (1)

Les pulps mexicains des années 1990-2000 étaient encore plus petits ; avec un format de 11,5 x 14 pour la plupart, c’étaient littéralement des livres de petite poche. Les illustrateurs (dessinateurs et coloristes) étaient tout autant taillables et corvéables (jusqu’à 7 ou 8 exemplaires à produire par semaine pour alimenter les diverses séries) mais ils étaient peu nombreux et leurs noms sont donc « passés à la postérité ». Chaque série avait un illustrateur de référence, d’autres intervenant en appoint de façon ponctuelle pour des périodes plus ou moins longues. Ci-après les principaux titres et leurs dessinateurs référence :

Oscar Bazaldúa pour les principales séries érotiques : Las Chambeadoras (360 numéros), Delmoniko’s Erotika (425 numéros), Bellas de Noche (391 numéros), Acá los Maistros (80 numéros), Yo confieso (139 numéros), ainsi que Corridos Perrones (278 numéros), El Carruaje Diabólico (24 numéros), et deux séries majeures : Relatos de Presidio (820 numéros) et Almas Perversas (742 numéros).

Rafael Gallur pour Pistolero (120 numéros), Oeste Salvaje (30 numéros), une série majeure : La Ley del Revolver (773 numéros), ainsi que plusieurs séries hors mainstream, sur des thèmes très spécifiquement mexicains : Jesús Malverde (6 numéros) et les séries dédiées aux lutteurs et catcheurs (Sensacionales de Lucha, Guerreros del Ring, etc.).

Luis Velázquez pour Consejera Sexual (171 numéros) et surtout El Libro Siniestro (168 numéros).

Les illustrateurs qui sont intervenus de façon épisodique ou ponctuelle sur ces séries, outre les principaux déjà mentionnés qui pouvaient être appelés à n’importe quel moment sur n’importe quelle autre série, étaient : Lucas Marangón, Luis Caballero, Luis Rey, Mayorga, V. Fraga, F. Hernández, Félix Gúzman, Ramón Padilla, Silvestre Reséndiz et Roberto Castro. De la même façon, les principaux coloristes furent José Silva, Guillermo Peimbert, Iván Santillán, Dagoberto Dinorín, Efrén Fuentes.

Les signatures sont souvent absentes sur les gouaches elles-mêmes. En revanche, au début de chaque pulp tous les auteurs sont mentionnés (scénario, dessin, couverture, couleur, etc.). Pour autant on n’est pas obligés de posséder les milliers de pulps publiés pour identifier les auteurs de la plupart des couvertures. Comme avec les illustrateurs européens que je mentionnais plus haut, on reconnaît les plus grands au premier coup d’œil, par la série et par le style souvent inimitable.

J’ai lu récemment qu’il arrivait fréquemment que l’on confonde Pino D’Angelico et Alessandro Biffignandi et qu’en conséquence certaines de leurs œuvres sont attribuées de façon erronée. Certes, mais dans un cas comme dans l’autre, ce sont deux très grands artistes, donc l’éventuelle erreur est pardonnée … ego te absolvo a peccatis tuis… Ces erreurs resteront tant que nous ne pourrons disposer de bases de données accessibles fournies par les éditeurs de l’époque, c’est-à-dire jamais, vu qu’elles n’existaient pas (non, l’informatique n’a pas toujours organisé nos vies). C’est exactement la même situation avec le Mexique ; il faut donc se résoudre à accepter les quelques erreurs qui pourraient également se produire pour ces illustrateurs mexicains.

Et pour être exhaustif, il faut être conscient que, vu le volume invraisemblable de pulps sortis des presses, tout comme pour nos petits formats, une bonne partie de ces illustrations ne présente pas le même intérêt artistique. Les illustrations vont donc du banal (séries érotiques) au génial (en particulier pour Relatos de Presidio, La Ley del Revolver, El Libro Siniestro, Pistolero).

(1) J’aurai, il est vrai, également pu mentionner Carlo Jacono, Franco Bignotti, Primo Marcarini, Dino Busett, Mario Caria, Juan García, Leandro Biffi, etc. voire même Jean-Yves Mitton.

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About Oscar Bazaldúa Nava

Oscar Bazaldúa Nava has been working in Mexico comics since the 1980s. He studied for a year and a half at a commercial art school, but had to quit when the school collapsed in the 1985 earthquake. He then assisted Sixto Valencia on the libretto 'La Serpiente Desplumada' for a couple of years. He is a regular artist on so-called Ghetto Librettos of the publishing houses Toukán and Mango (cheap pulp comic books full of sex and violence such as Almas Perversas and Relatos de Presidio). Text (c) Lambiek