Mon papa

Prépubliée dans le n°74 du mensuel Hara-Kiri de décembre 1967

Signée en bas à droite

Jean-Marc Reiser est né le 13 janvier 1941 en Lorraine de père inconnu, résistant ou soldat allemand le doute subsistera toujours. Il sera alors élevé seul par sa mère et portera son nom.
Tous deux s’installent à Paris mais les difficultés financières font que Jean-Marc doit quitter l’école à 15 ans pour travailler.
Reiser qui a toujours dessiné réussit à placer quelques dessins dans les journaux d’humour.

En 1959 il rencontre François Cavanna qui le publie dans Cordées un journal vendu par colportage. Voir cette page très complète sur cette publication.
Voici son premier dessin publié en 1959 signé Jiem dans cette revue.

Cordées s’arrête et un nouveau journal va naitre Hara-Kiri en septembre 1960 avec Cavanna, Georges Bernier (le futur professeur Choron) et le dessinateur Fred qui signe la couverture.

Au sommaire de ce premier numéro, lui aussi vendu par colportage, quatre dessins de Reiser encore débutant.

Un an plus tard le mensuel est interdit de vente aux mineurs pour 6 mois. Pendant ce temps là Reiser fait son service militaire et en 62 il se marie.

En 1963 il retrouve Hara-Kiri et recommence à publier. Et en 64 il devient père.
Reiser et sa famille s’installent en région parisienne. Il continue de dessiner et d’être publié. Mais en 1966 le journal est de nouveau interdit, les dettes l’obligent à mettre la clé sous la porte et à déménager de la rue Choron.

Reiser se fait alors embaucher à Pilote mais son dessin ne passe pas et c’est en tant que scénariste qu’il travaillera. Enfin début 1967 Hara-Kiri réapparait en kiosque et Reiser est de nouveau au sommaire, et comme les temps changent il arrive à placer également des histoire dans Pilote malgré son dessin.

L’album Mon Papa est annoncé dans les pages d’Hara-Kiri en juin 1966 mais le stock brule ou est inondé. Son tout premier livre ne sortira finalement qu’en 1970 avec Ils sont moches.

Avec ce personnage Reiser met toute son histoire familiale, son humour, sa tendresse et sa vacherie. Il s’inspire d‘un oncle alcoolique mais aussi des difficultés d’être pauvre. Pas d’apitoiement mais de la rage face à l’adversité et au malheur.

Ce n’est plus de l’illustration d’humour, mais pas non plus complètement de la bande dessinée classique, les dessins par exemple sont hors cadres.

La planche présentée parait dans le numéro d’Hara-Kiri de décembre 1967.

Et sera publiée en 1971 dans Mon Papa aux Éditions du Square dans la collection Série bête et méchante.

Ici les thèmes de Reiser sont bien présents dans cette satire sociale comme il en fera beaucoup : les HLM, le personnage alcoolique, la famille nombreuse. Toutes ces choses que Reiser connait bien.
Et l’humour féroce est lui aussi bien présent avec le laborieux employé M. Piquepot doublement puni par son voisin et son petit chef.

Reiser n’a pas encore à cette époque son style et son humour caractéristiques, même si ce type de dessin proche de l’ébauche commence à se populariser avec Wolinski et Cabu, eux aussi publiés dans Hara-Kiri, et que leur humour fera sauter toutes les barrières et sera aussi plus en phase avec l’actualité du moment.

Planche achetée en salle des ventes en 2001.