Le Rapport Brodeck - T2

Rapport Brodeck, encre de Chine pour case planche 100

Dire que Le Rapport de Brodeck m'a stupéfait est un euphémisme...

C'est un choc narratif et graphique d'une rare puissance qui m'aura sidéré avec son talent pour rendre la nature façon Comès, une peinture de la veulerie de l'âme humaine à la Céline, un sens de l'intemporel comme Philippe Claudel.

Après avoir abandonné l'idée de projets d'adaptation (Steinbeck car trop étranger ou Céline trop impossible), c'est finalement la lecture du chapitre 1 du roman éponyme de Claudel qui aura décidé Larcenet à sauter le pas. En effet, il est entré en résonance avec ce mélange familier de neige, humidité, place de l'artiste dans la société, camps vus comme un "cratère". Et surtout beaucoup de Nature pour permettre des parenthèses de silence entre les scènes difficiles.

J'ai aimé cette case car Brodeck incarne ici l'éternelle figure du nomade, sorte de juif errant jamais à sa place nulle part mais toujours digne et courageux malgré les compromis qui ont entaché sa vie.

Une des spécifités du travail de Larcenet est qu'il ne réalise pas des planches traditionnelles mais travaille ses dessins pour partie sur divers papiers volants avec toute une palette d'outils avant de les compléter et maquetter en digital. De ce fait, seuls quelques dessins de (bout de) case existent mais jamais une planche complète.