Dans la collection de Difool 
Exterminateur 17 par Enki Bilal, Jean-Pierre Dionnet - Planche originale
2475 

Exterminateur 17

Planche originale
1976
Encre de Chine
Texte de la première case imprimé et collé.
32 x 43 cm (12.6 x 16.93 in.)
Les dimensions sont celles de la feuille
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Première case
Case 2
Case 3
Case 4
Dernier strip
Couverture du roman de Ray Bradbury "Fahrenheit 451"
Métal Hurlant août 2023
Métal Hurlant août 2023

Description

Exterminateur 17, planche 6 de cet album publié en 1979 aux éditions Les Humanoïdes Associés. Prépubliée en novembre 1976 dans Métal Hurlant n°11. Créée par une poignée de transfuges du journal Pilote, cette revue allait marquer profondément toute une génération de lecteurs !

L'histoire a été développée par le même scénariste, dans la série "La Trilogie d'Ellis", sur dessins d'Igor Baranko.

Inscriptions / Signatures

Signée en bas à droite

Commentaire

L'histoire
Dans ce futur où l'Humanité a colonisé l'espace lointain, le Consortium utilise des armées d'exterminateurs androïdes pour reprendre la main sur les mondes dissidents. Mais parfois, les planètes rebelles rentrent dans les rangs avant même qu'un seul coup de feu soit tiré. Alors, les forces d'intervention sont désactivées puis abandonnées sur le champ de bataille (c'est la scène représentée sur cette planche) où on les laisse pourrir. Lors d'une de ces interruptions, le « maître », qui créa jadis les androïdes, est pris d'un malaise en apprenant que les troupes envoyées sur Novack sont détruites par le Consortium. Parmi elles se trouvaient un 17, tout premier modèle opérationnel que le « maître » fabriqua à partir de ses propres cellules.

Déjà à l'époque, le thème de la révolte des machines est loin d'être novateur, et il est toujours exploité : on pense bien sûr à des films comme Terminator, ou Matrix. L'écrivain Isaac Asimov, le considérait comme le plus ancien de la science-fiction. Il pose l’éternelle question du créateur face à sa créature (cf. Frankenstein de Mary Shelley, ou l'histoire du Golem), mais du point de vue de la créature dans Exterminateur 17.

Exterminateur 17 parvient à présenter ce thème sous un angle au moins original, car l'androïde n'est pas vraiment un robot, son esprit est bien humain. Il s'agit précisément de celui du « maître » qui créa jadis les androïdes pour le Consortium.

Si l'artiste avait à l'époque déjà abordé à de nombreuses reprises la science-fiction spatiale dans ses récits courts, cet album atteint néanmoins une profondeur assez inédite dans son œuvre sous la direction de Jean-Pierre Dionnet. Il ajoute aux visions de Bilal un aspect littéraire et aux nets accents poétiques – à défaut d'une dimension véritablement philosophique – qui leur confère ainsi une puissance alors rarement aperçue jusque-là dans les planches du dessinateur.

L'inverse fonctionne aussi, et on se demande lequel des deux, de l'artiste ou du conteur, a le plus influencé l'autre. Cette collaboration reste encore à ce jour un grand classique de la science-fiction dans le domaine de la BD française.

Le commentaire du quatrième plat de couverture de l'édition parue en 1981, chez Les Humanoïdes Associés, fait dans le lyrisme :
« De la science-fiction théologique ! Imaginez… la résurgence d’une religion cathare dans le futur... Imaginez Howard Hughes devenu – enfin – immortel... Imaginez... mille ans après Spartacus, la révolte des androïdes... le poids des mots de Dionnet, le choc des images de Bilal ».

La planche
Elle décrit donc la déconnexion des androïdes, avec au premier plan l'exterminateur 17 dont on ne voit qu'une jambe dans les deux premières cases, puis son effondrement dans les deux cases suivantes. En 5ème case, il gît allongé, définitivement détruit selon le commentaire du personnage qui explique la scène. Et pourtant, il s'agit d'un des premiers modèles, directement conçu à partir des cellules du "Maître"...

Les volumes et reliefs sont modelés avec force traits et hachures. Le style graphique très organique de Bilal, semble très influencé par Moebius, avec une dimension space opera de l'univers du récit.

Dans Métal Hurlant, Moebius, un de ses fondateurs, avait déjà imaginé son mythique « Garage Hermétique de Jerry Cornélius » ! L'influence graphique de ce Maître sur le jeune Bilal débutant parait indéniable. La question peut se poser aussi pour le scénario, même si le dessinateur reste plus circonspect "[...] je ne sais pas trop si on peut parler de filiation avec « Le Garage hermétique »… En même temps, c’était quand même une période où on se regardait les uns les autres et, consciemment ou inconsciemment, il y avait des influences et des coups de boosters ! Il n’y a rien de plus excitant que d’être dans une telle émulation"… Citation issue de BDZoom, 5 février 2013 (cf. lien ci-dessous).

http://bdzoom.com/59576/interviews/bilal-a-metal/

Je pense que Enki Bilal avait son Exterminateur 17 en tête quand il réalisa en 1982 (6 ans plus tard) la couverture du roman de Ray Bradbury, Fahrenheit 451 (cf. image additionnelle).

Enki Bilal, élu en 1987 à 35 ans, est le plus jeune lauréat du grand prix d'Angoulême.

Publication

  • Exterminateur 17
  • Les Humanoïdes Associés
  • 03/1979
  • Page 7

Thématiques


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A propos de Enki Bilal

Enes Bilal, dit Enki Bilal est un réalisateur, illustrateur, dessinateur et scénariste de bande dessinée né en 1951 à Belgrade et installé en France. Son œuvre se situe en partie dans la science-fiction et aborde notamment les thèmes du temps et de la mémoire. En 1987, il obtient le grand prix du festival d'Angoulême.