Dessin de Titre du Trombone illustré N°10 (encarté dans Spirou 2040 du 16 juin 1977)

J'ai joint en image additionnelle le commentaire fort bien fait du catalogue Christies, où cette pièce était présentée et n'a semblé intéressé personne d'autre que moi. Peut-être une question de prix estimatif, qui me semblait pourtant recevable, vu la rareté des titre Trombone sur le marché.
Parlons-en du trombone de Franquin: graphiquement, c'est le chaînon manquant entre Gaston et les idées noires, mais surtout, c'est une solide date dans l'animation du Journal de Spirou: un putsch mené de main de maître par Yvan Delporte et Franquin pour introduire du contenu plus adulte dans une publication depuis toujours dédiée à la jeunesse!
Le Trombone annonce les hauts de pages de Yann et Conrad, qui s'insèreront au sein du journal, dans les marges, pulvérisant les séries vedette avec un humour effronté et dévastateur dans les années 80. C'est une autre histoire.
Pour l'heure, nous sommes en 77, je viens d'avoir dix ans et rien ne m'a préparé à ce que je découvre dans ce supplément clandestin encarté entre les pages de Khena et le scrameustache, ma référence de l'époque (que je n'aurai aucun mal à renier par la suite).
Je découvre des nouveaux auteurs (Clerc, F'murrr, et surtout Gotlib) dont j'ignorais l'existence et qui officient dans des journaux adultes français.
Je découvre Fredric Brown, auteur américain de nouvelles ultra courtes, mais également des références inconnues, des jeux de mots foireux, de l'humour noir, très noir... La bombe insidieuse m'a explosé au visage, et je n'oublierai jamais l'embarras de mon libraire quand il m'a déconseillé la lecture de Rhâ-Gnagna de Gotlib, vu mon jeune âge.
A cause du Trombone illustré, j'ai perdu mon innocence et me suis abonné à Fluide Glacial à 11 ans. (Il m'aura fallu quand même 8 ans de plus pour comprendre le génie de Goossens.)
Enfin bref, le trombone m'a sauvé la vie. Et je ne pense pas être le seul dans ce cas.
Merci Charles Dupuis de ne pas avoir compris dans quoi tu mettais les pieds!
Merci à Delporte et Franquin d'avoir été de formidables fouteurs de merde et de m'avoir rendu curieux.