In beboun7 's collection
Hugo Pratt, Couverture Hora Cero - Original Cover
1451 

Couverture Hora Cero

Original Cover
1958
Ink
Encre de Chine et mine de plomb sur papier - Titre ajouté (photocopie)
37 x 52.5 cm (14.57 x 20.67 in.)
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Sans Titre, avec magazine
Hora Cero 5 - décembre 1958
Publicité Frontera 1958
Sgt Kirk - Boiadio Trail
Sgt Kirk - Boiadio Wagon
4Eme de couverture revue Sgt Kirk italienne - 1969
Couvertures d'Hora Cero Extra par HP (sauf les deux dernières et la fille en rouge))
Couvertures d'Hora Cero Extra par HP (suite)
Couverture Tout Pratt - 2020

Description

Couverture du magazine Hora Cero Extra n° 5, Décembre 1958.
Editorial Frontera, Buenos Aires, Argentine.

Dimensions : 52,5 x 37 cm.
Encre de Chine sur papier.

Comment

Décembre 1958, Hugo Pratt dessine en parallèle 3 séries : Sergent Kirk, Ticonderoga et Ernie Pike, publiées dans les magazines Hora Cero (extra, semanal et mensual) et Frontera (extra et mensual). Il est alors au sommet de son travail argentin. Entre juin 1957 et 1962, Hugo Pratt dessine également près de 140 couvertures pour ces magazines. Au choix : guerriers, indiens en gros plans ; soldats en tenue arborant les uniformes ou, comme pour cette couverture, des compositions saisissantes sans visage apparent.

Que voit-on ? Un cadavre de soldat en gros plan partiellement masqué par son casque. Dans celui-ci, la photo d’une famille heureuse qui va se retrouver endeuillé, et derrière, le reste de la troupe qui s’éloigne à l’horizon vers d’autres atrocités. En plus petit et moins visible, gravé dans le casque, le nom du soldat. En un seul dessin, Hugo Pratt nous dévoile toute une histoire. Trois plans différents, quatre niveaux de lecture.

Le nom du Soldat ? Sam Boiadio. un nom un peu étrange. Sam, symbole de l’Amérique. Mais Boiadio ? Ne faut-il pas plutôt y lire, Boia Dio, dialecte vénitien. « "Boia Dio" c'est en effet un blasphème (Dieu Bourreau) qui est très courant en Vénétie... utilisé pour exprimer de façon appuyée (mais pas très élégante) l'étonnement ou le désaccord avec ce qui se passe. En français, dans la même situation, on dirait "Putain de merde !"… Ce sont des simples amusements, presque certainement pour rendre moins pénible la pression psychologique du travail ; dans presque tous les cas exprimés en patois... Ça fait partie des innombrables « private jokes » que Pratt insérait dans ses dessins... souvent pour fixer son état d'âme du moment ou simplement pour rigoler »1 explique Latino Imparato, éditeur et ami d’Hugo Pratt.
Une expression également reprise dans la série Sgt Kirk, avec certains chariot estampillés « Boiadio Trail » ou « Boiadio Wagon ». Alors, pourquoi ce nom ? Un clin d’œil amusé à ses amis ? Une dénonciation de plus de la guerre ou un ras le bol d’Hugo Pratt vis à vis des cadences infernales de travail à cette époque ? Chacun jugera.

Au niveau graphique, cette illustration est exécutée à l’aide de larges coups de pinceaux chargés d’encre de Chine. Pour la composition, plusieurs gros plans de feuilles de palmiers encadrent la construction principale. En haut, la colonne sombre de soldats en ombre chinoise située à gauche fait le pendant du titre du magazine à droite, permettant à l’œil de glisser rapidement vers le cadavre de soldats, le casque et la photo, traités de manière plus fine, très lisible et permettant la mise en valeur de certains détails (main crispée ayant griffé la terre, lanières de cuir, …)
Cette composition très équilibrée entre les noirs et blancs, les masses, aplats et les traits renforce de manière saisissante l’impact visuel de cette couverture de très grand format.

« Je suis très marqué par la guerre. Quand, pour une couverture d’album, je dessine un casque sur un crâne avec des croix derrières, l’éditeur commence par refuser en disant que c’est trop violent, mais cette violence est contre la guerre. »2 Cette couverture, oubliée plusieurs décennies au fond d’un tiroir d’un ancien coursier argentin des éditions Frontera, est l’illustration parfaite de l’esprit de la série Ernie Pike et de ce que Hugo Pratt, ancien combattant, et Hector G. Oesterheld souhaitaient dénoncer. Hugo Pratt qui ajoute : « Quand je parle de la guerre, quand je la montre, je sais de quoi je parle : je l’ai faite…Faire la guerre ne vous rend pas homme, mais ajoute aux difficultés qu’il y a à le devenir »3

1 Communication personnelle - 2019
2 Le désir d’être inutile – Hugo Pratt, entretiens avec Dominique Petitfaux – Casterman, édition définitive 1999
3 De l’autre côté de Corto – Hugo Pratt, entretiens avec Dominique Petitfaux – Casterman, 2012

Publication

  • Ernie pike 4
  • Altaya
  • 06/2020
  • Front cover

10 comments
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About Hugo Pratt

Hugo Pratt is considered to be one of the greatest among comic artists for his versatile fantasy and use of graphic freedom, and the combination of these factors resulted in very strange stories. In his tales, reality can change into dream and vice-versa, and in this way he took his readers into the strangest lands and even through time. He is thought to be one of the first comic artists to mix literature with adventure. Hugo Pratt has been a great inspiration to comic artists all over the world.