In Carbonnieux 's collection
1982 - Salammbô : Carthage *
Ink
72 x 110 cm (28.35 x 43.31 in.)
Le plus grand de ses formats, celui appelé "Grand Aigle"
Added on 10/16/21
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Description
Splash page correspondant aux pages 34 & 35 de cet acte II du triptyque de Salammbô
Publication dans le Pilote n°99
Edition en album chez Dargaud fin de l'année 1982
Ensuite Albin Michel la reprendra comme pages de garde de son intégrale en 1998 ainsi qu'en couverture intérieure.
En janvier 2023, exposition rétrospective à Angoulême
Publication dans le Pilote n°99
Edition en album chez Dargaud fin de l'année 1982
Ensuite Albin Michel la reprendra comme pages de garde de son intégrale en 1998 ainsi qu'en couverture intérieure.
En janvier 2023, exposition rétrospective à Angoulême
Inscriptions
Signé en bas à droite
Comment
Je pense sincèrement que c'est un véritable privilège que de pouvoir aujourd'hui encore accéder à une telle pièce d'un Monstre sacré comme Philippe Druillet. Cette planche est une véritable tuerie, dans tous les sens du terme ...
« Gustave Doré, Gustave Moreau, Gustave Flaubert. Mes Maitres. C’est Philippe Koechlin, de Rock & Folk, qui a insisté. Il voulait que je lise Salammbô de Flaubert. Il était persuadé que c’était pour moi. Mais là, je l’envoie bouler. Le pire, c’est qu’il revient à la charge. A l’époque on se voit toutes les semaines, et il remet ça à chaque fois. Il commence à me faire chier avec son Gustave. Au bout ‘un an, à l’usure, je craque. Je m’arrête chez Tschann, libraire à Montparnasse. J’achète Salammbô dans une édition au format de poche et commence à lire les premières lignes : « C’était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d’Hamilcar. » J’ai un vertige. Je suis emporté.
J’ai lu le livre comme un fou. J’explore le roman de fond en comble. Je suis stupéfait par sa modernité. Dans Salammbô, il y a une puissance d’évocation. Il y a des senteurs, des matières, de l’action, et une grande dramaturgie. Salammbô, c’est un voyage hors du temps et la vision d’une société en décadence. Flaubert est le premier metteur en scène de l’histoire. Salammbô est un vrai péplum. On communie avec l’auteur dans la violence la plus complète. Il y a du sang partout. C’est une tuerie, un monde qui nous dépasse complètement. […] Quand Flaubert décrit l’arrivée des troupes lointaines, « mangeuses de choses immondes », toutes plus étranges les unes que les autres, on excelle dans l’heroic fantasy. C’était un précurseur.
Pendant sept ans (1979-1986), je travaille sur Salammbô. Pendant sept ans je vis avec Flaubert. Tous les deux on forme un couple. On est lié. Quand j’ai achevé les trois albums, j’ai fait une véritable déprime pendant plusieurs mois. Avec Salammbô, j’ai fait entrer la bande dessinée dans les musées. » (extrait de Delirium autoportrait, de Philippe Druillet, Editions des Arènes, 2014)
« C’est une œuvre absolue, c’est un fleuve. Je travaillais vite, dansunesorted'inconscience, 24h/24. Huit à dix jours sur une pleine page en moyenne. Une fois dedans plus rien ne compte. Je carburais tout en écoutant Wagner, Mozart, Carl Off ou Led Zeppelin... » dira-t-il encore plus tard..
Si Métal Hurlant publiera le premier acte dès le n°48 de février 1980, le second paraitra dans Pilote n°95 d'avril 1982.
Cette double planche 34-35 sera proposée dans le n°99 dont la couverture sera illustrée par un Bilal alors en pleine Partie de Chasse.
Depuis longtemps déjà, Druillet composait ses histoires sur des feuilles de très grand format. Les plus grandes le furent sur les fameux formats Grand Aigle. Un format français définit par l'AFNOR avec des dimensions de 75x110 ou 75x106 cm en vue d'y dresser des plans cadastraux !
Parmi les inspirations plus ou moins avouées de George Lucas dans la création de son opéra de l'espace, sont invariablement avancés Le Seigneur des anneaux de J. R. R. Tolkien, Le Héros aux mille et un visages de Joseph Campbell, les arcanes du bouddhisme, sans oublier Stanley Kubrick, Akira Kurosawa ou Fritz Lang. Mais bien peu, en dehors des bédéphiles et des exégètes de Star Wars, savent qu'un petit Français figure dans le panthéon personnel et artistique de Lucas. « Petit » est toutefois une façon de parler, car le dessinateur Philippe Druillet est plutôt du genre colosse. Et si ses coups de sang sont légendaires, le créateur de Lone Sloane est aussi d'une exquise gentillesse et confesse qu'il ressent une légitime fierté pour avoir, à son échelle, participé à la création d'un tel mythe.
George Lucas n'est d'ailleurs pas le seul créateur qui sera frappé de plein fouet par Métal hurlant. William Friedkin a collaboré avec Druillet sur Le Convoi de la peur, et Ridley Scott rappelle volontiers qu'il a emprunté de nombreux plans au dessinateur.
Mais Lucas demeure aux yeux de Druillet le plus grand visionnaire de sa génération : « La Guerre des étoiles a été un choc terrible pour moi, et pour nous tous à Métal hurlant en 1977. Je me souviens de la première sur les Champs-Élysées, où j'étais derrière Yves Montand, qui est sorti à la fin du film avec une tête de zombie en se demandant ce qu'il venait de voir. Et peu après j'ai été contacté par Lucas, qui m'a commandé une peinture en hommage à Star Wars. Entre-temps, j'ai appris qu'il appréciait beaucoup mon travail, ce qui peut se voir, par exemple, dans sa façon d'utiliser les figures du triangle et du cercle, qui sont un peu ma marque de fabrique. Lorsque j'ai travaillé avec Jean-Jacques Annaud sur les décors du Nom de la rose, nous avons regardé La Guerre des étoiles, et nous étions admiratifs de la manière, à la fois poétique et ingénieuse, avec laquelle Lucas avait su dissimuler les moyens limités dont il disposait à l'époque. Le principal point commun entre nous ? La très grande cohérence de nos univers, avec une pensée en marche et une homogénéité entre les personnages, le récit, les contradictions et la beauté plastique. »
« Gustave Doré, Gustave Moreau, Gustave Flaubert. Mes Maitres. C’est Philippe Koechlin, de Rock & Folk, qui a insisté. Il voulait que je lise Salammbô de Flaubert. Il était persuadé que c’était pour moi. Mais là, je l’envoie bouler. Le pire, c’est qu’il revient à la charge. A l’époque on se voit toutes les semaines, et il remet ça à chaque fois. Il commence à me faire chier avec son Gustave. Au bout ‘un an, à l’usure, je craque. Je m’arrête chez Tschann, libraire à Montparnasse. J’achète Salammbô dans une édition au format de poche et commence à lire les premières lignes : « C’était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d’Hamilcar. » J’ai un vertige. Je suis emporté.
J’ai lu le livre comme un fou. J’explore le roman de fond en comble. Je suis stupéfait par sa modernité. Dans Salammbô, il y a une puissance d’évocation. Il y a des senteurs, des matières, de l’action, et une grande dramaturgie. Salammbô, c’est un voyage hors du temps et la vision d’une société en décadence. Flaubert est le premier metteur en scène de l’histoire. Salammbô est un vrai péplum. On communie avec l’auteur dans la violence la plus complète. Il y a du sang partout. C’est une tuerie, un monde qui nous dépasse complètement. […] Quand Flaubert décrit l’arrivée des troupes lointaines, « mangeuses de choses immondes », toutes plus étranges les unes que les autres, on excelle dans l’heroic fantasy. C’était un précurseur.
Pendant sept ans (1979-1986), je travaille sur Salammbô. Pendant sept ans je vis avec Flaubert. Tous les deux on forme un couple. On est lié. Quand j’ai achevé les trois albums, j’ai fait une véritable déprime pendant plusieurs mois. Avec Salammbô, j’ai fait entrer la bande dessinée dans les musées. » (extrait de Delirium autoportrait, de Philippe Druillet, Editions des Arènes, 2014)
« C’est une œuvre absolue, c’est un fleuve. Je travaillais vite, dansunesorted'inconscience, 24h/24. Huit à dix jours sur une pleine page en moyenne. Une fois dedans plus rien ne compte. Je carburais tout en écoutant Wagner, Mozart, Carl Off ou Led Zeppelin... » dira-t-il encore plus tard..
Si Métal Hurlant publiera le premier acte dès le n°48 de février 1980, le second paraitra dans Pilote n°95 d'avril 1982.
Cette double planche 34-35 sera proposée dans le n°99 dont la couverture sera illustrée par un Bilal alors en pleine Partie de Chasse.
Depuis longtemps déjà, Druillet composait ses histoires sur des feuilles de très grand format. Les plus grandes le furent sur les fameux formats Grand Aigle. Un format français définit par l'AFNOR avec des dimensions de 75x110 ou 75x106 cm en vue d'y dresser des plans cadastraux !
Parmi les inspirations plus ou moins avouées de George Lucas dans la création de son opéra de l'espace, sont invariablement avancés Le Seigneur des anneaux de J. R. R. Tolkien, Le Héros aux mille et un visages de Joseph Campbell, les arcanes du bouddhisme, sans oublier Stanley Kubrick, Akira Kurosawa ou Fritz Lang. Mais bien peu, en dehors des bédéphiles et des exégètes de Star Wars, savent qu'un petit Français figure dans le panthéon personnel et artistique de Lucas. « Petit » est toutefois une façon de parler, car le dessinateur Philippe Druillet est plutôt du genre colosse. Et si ses coups de sang sont légendaires, le créateur de Lone Sloane est aussi d'une exquise gentillesse et confesse qu'il ressent une légitime fierté pour avoir, à son échelle, participé à la création d'un tel mythe.
George Lucas n'est d'ailleurs pas le seul créateur qui sera frappé de plein fouet par Métal hurlant. William Friedkin a collaboré avec Druillet sur Le Convoi de la peur, et Ridley Scott rappelle volontiers qu'il a emprunté de nombreux plans au dessinateur.
Mais Lucas demeure aux yeux de Druillet le plus grand visionnaire de sa génération : « La Guerre des étoiles a été un choc terrible pour moi, et pour nous tous à Métal hurlant en 1977. Je me souviens de la première sur les Champs-Élysées, où j'étais derrière Yves Montand, qui est sorti à la fin du film avec une tête de zombie en se demandant ce qu'il venait de voir. Et peu après j'ai été contacté par Lucas, qui m'a commandé une peinture en hommage à Star Wars. Entre-temps, j'ai appris qu'il appréciait beaucoup mon travail, ce qui peut se voir, par exemple, dans sa façon d'utiliser les figures du triangle et du cercle, qui sont un peu ma marque de fabrique. Lorsque j'ai travaillé avec Jean-Jacques Annaud sur les décors du Nom de la rose, nous avons regardé La Guerre des étoiles, et nous étions admiratifs de la manière, à la fois poétique et ingénieuse, avec laquelle Lucas avait su dissimuler les moyens limités dont il disposait à l'époque. Le principal point commun entre nous ? La très grande cohérence de nos univers, avec une pensée en marche et une homogénéité entre les personnages, le récit, les contradictions et la beauté plastique. »
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About Philippe Druillet
Philippe Druillet, born in Toulouse, is a French comic strip artist and scriptwriter. In addition to his work as a comic book artist and illustrator, he has also taken an interest in rock opera, painting, sculpture, architecture and computer graphics.