In Matthias 's collection
1980 - Jesuit Joe , L'Homme du Grand Nord
Mixed Media
Encre de Chine et feutre noir pour certaines parties du décor.
35 x 50 cm (13.78 x 19.69 in.)
Dessin : 30 cm sur 40 cm. Format de la planche : 35 cm sur 50 cm
Added on 6/20/24
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Description
Planche 29 de l'histoire Jesuit Joe, parue de juillet à octobre 1980 dans le journal Pilote (n°74 à 77) sous le titre Jésus Joe, en noir et blanc excepté les planches parues dans le n°76 ;
Publication en album la même année aux Editions Dargaud ainsi qu'en Italie sous le titre "L'Uomo del Grande Nord".
Je vous invite à privilégier la version parue en 1990 chez Casterman avec jaquette - Réédition augmentée d'un dossier de présentation avec aquarelles et cartes + 21 planches supplémentaires de crayonnés insérées dans l'histoire comme story-board pour le film d'Olivier Austen.
Publication en album la même année aux Editions Dargaud ainsi qu'en Italie sous le titre "L'Uomo del Grande Nord".
Je vous invite à privilégier la version parue en 1990 chez Casterman avec jaquette - Réédition augmentée d'un dossier de présentation avec aquarelles et cartes + 21 planches supplémentaires de crayonnés insérées dans l'histoire comme story-board pour le film d'Olivier Austen.
Inscriptions
Signé en bas à droite.
Comment
Crack ! Un deal avec Johan pour cette superbe planche de Pratt.
Pour moi, Jesuit Joe fait partie des créations les plus fortes de son univers. Du moins quand on tombe sur une planche où, comme ici pour la 29, les masses noires se trouvent si présentes et si bien réparties.
"Je me suis toujours servi de l'encre noire comme s'il s'agissait d'une couleur" dira-t-il à Eddy Devolder lors d'une interview (Les Cahiers de la BD n°89, juin 1990).
En plus de son apologie esthétique de la violence, Pratt y dessinera Patrizia Zanotti qu'il avait rencontrée deux ans plus tôt, en 1978, l'engageant comme coloriste alors qu'elle n'avait que seize ans, et jouant ici le rôle de la soeur de Joe ...
J'avais loupé celle de François Avril quand elle passa en salle de vente voici quelques années; alors ici je n'ai pas hésité un instant.
Les 48 planches qui composent cette histoire ont la particularité d'avoir toutes été données par Hugo Pratt à son ami de la librairie Album à Paris. Eddy Devolder le raconte dans sa longue interview en ces mots : "Un incendie l'a complètement détruite . Pratt est un ami du libraire. Pour l'aider à redémarrer, il lui a donné les planches originales de l'album Jesuit Joe" (Editions Esperluète, 2003).
1980, Hugo Pratt laisse paraître les premières planches de La Maison Dorée de Samarkand dans (A Suivre) avant de sortir ce one shoot dans PILOTE sous le titre de Jésus …
Hommage à James Oliver Curwood comme Pratt l'avouera dans Le Désir d'être inutile (Chez Robert Laffont, 1991) en ces mots : "A cette époque, j'ai dû lire à peu près toute l'œuvre de Curwood, et il n'y a pas de doute qu'elle m'a influencé - il y a du Curwood dans mon Jesuit Joe."
Intéressant ensuite d’aller relire aussi ce qu’il en dit longuement à Dominique Petifaux dans son autre interview fleuve (De l'autre coté de Corto, Casterman, 1996):
« Bonelli me reprochait de mettre trop de texte dans mes histoires, alors je n’en ai pas mis avant la treizième planche. (…) J’ai fait cela pour démontrer que les images peuvent exister en elles-mêmes, sans que l’on éprouve la nécessité d’un texte. (…) Je pourrais raconter une histoire sans aucun texte. Cela serait possible car la bande dessinée a son code. »
Ensuite à propos de code, Petifaux lui fait remarquer que « Hergé a déclaré un jour qu’il était gêné par votre système d’onomatopées : dans le code francophone, un coup de fusil fait « pan », « crack » c’est le bruit de quelque chose qui se casse ». Ce à quoi Hugo lui répond :
« Je ne suis pas entré dans la bande dessinée par la production francophone mais par le monde anglo-saxon, où on utilise comme onomatopées des mots dérivés de verbes : « crack » comme le verbe to crack, « ring » comme to ring, « crash » comme to crash. Ce code me semble meilleur. Il y a aussi un point de vue calligraphique : écrire dans la vignette ‘’BANG ‘’ou ‘’CRACK’’ me parait plus joli que d’y écrire ‘’PAN’’ . En Italie, il y a eu un travail universitaire sur le système onomatopéique de Pratt. »
Enfin, Pratt lui explique le mystère de la personnalité de Jesuit Joe dont le récit se passe « vers 1920 » : « … Je ne voulais pas expliquer en détail comment Jesuit Joe était devenu ce qu’il est, je voulais une histoire avec un personnage comme cela au départ. (…) Il tue sa sœur parce qu’elle s’est laissé corrompre par les Blancs, qu’il hait. Elle s’est laissé prostituer. Dans l’esprit de Jesuit Joe, c’est comme un affront fait à lui-même. C’est un moraliste à sa façon, et elle a trahi sa morale à lui. (…) Jesuit Joe veut être constamment méchant, ce qui est difficile. Être Volontairement méchant sans arrêt nécessite des efforts.(…)»
Et de lui préciser encore à propos de l'identité de Jesuit Joe alias Joseph Montour Riel :
« Le frère de son grand père était Louis Riel, le chef de la résistance des Métis indiens, qui avait réussi à former un gouvernement indépendant et a été pendu le 16 juillet 1885. Il appartient donc à cette race perdue et , en tant que métis, il est rejeté par tout le monde. »
Pour moi, Jesuit Joe fait partie des créations les plus fortes de son univers. Du moins quand on tombe sur une planche où, comme ici pour la 29, les masses noires se trouvent si présentes et si bien réparties.
"Je me suis toujours servi de l'encre noire comme s'il s'agissait d'une couleur" dira-t-il à Eddy Devolder lors d'une interview (Les Cahiers de la BD n°89, juin 1990).
En plus de son apologie esthétique de la violence, Pratt y dessinera Patrizia Zanotti qu'il avait rencontrée deux ans plus tôt, en 1978, l'engageant comme coloriste alors qu'elle n'avait que seize ans, et jouant ici le rôle de la soeur de Joe ...
J'avais loupé celle de François Avril quand elle passa en salle de vente voici quelques années; alors ici je n'ai pas hésité un instant.
Les 48 planches qui composent cette histoire ont la particularité d'avoir toutes été données par Hugo Pratt à son ami de la librairie Album à Paris. Eddy Devolder le raconte dans sa longue interview en ces mots : "Un incendie l'a complètement détruite . Pratt est un ami du libraire. Pour l'aider à redémarrer, il lui a donné les planches originales de l'album Jesuit Joe" (Editions Esperluète, 2003).
1980, Hugo Pratt laisse paraître les premières planches de La Maison Dorée de Samarkand dans (A Suivre) avant de sortir ce one shoot dans PILOTE sous le titre de Jésus …
Hommage à James Oliver Curwood comme Pratt l'avouera dans Le Désir d'être inutile (Chez Robert Laffont, 1991) en ces mots : "A cette époque, j'ai dû lire à peu près toute l'œuvre de Curwood, et il n'y a pas de doute qu'elle m'a influencé - il y a du Curwood dans mon Jesuit Joe."
Intéressant ensuite d’aller relire aussi ce qu’il en dit longuement à Dominique Petifaux dans son autre interview fleuve (De l'autre coté de Corto, Casterman, 1996):
« Bonelli me reprochait de mettre trop de texte dans mes histoires, alors je n’en ai pas mis avant la treizième planche. (…) J’ai fait cela pour démontrer que les images peuvent exister en elles-mêmes, sans que l’on éprouve la nécessité d’un texte. (…) Je pourrais raconter une histoire sans aucun texte. Cela serait possible car la bande dessinée a son code. »
Ensuite à propos de code, Petifaux lui fait remarquer que « Hergé a déclaré un jour qu’il était gêné par votre système d’onomatopées : dans le code francophone, un coup de fusil fait « pan », « crack » c’est le bruit de quelque chose qui se casse ». Ce à quoi Hugo lui répond :
« Je ne suis pas entré dans la bande dessinée par la production francophone mais par le monde anglo-saxon, où on utilise comme onomatopées des mots dérivés de verbes : « crack » comme le verbe to crack, « ring » comme to ring, « crash » comme to crash. Ce code me semble meilleur. Il y a aussi un point de vue calligraphique : écrire dans la vignette ‘’BANG ‘’ou ‘’CRACK’’ me parait plus joli que d’y écrire ‘’PAN’’ . En Italie, il y a eu un travail universitaire sur le système onomatopéique de Pratt. »
Enfin, Pratt lui explique le mystère de la personnalité de Jesuit Joe dont le récit se passe « vers 1920 » : « … Je ne voulais pas expliquer en détail comment Jesuit Joe était devenu ce qu’il est, je voulais une histoire avec un personnage comme cela au départ. (…) Il tue sa sœur parce qu’elle s’est laissé corrompre par les Blancs, qu’il hait. Elle s’est laissé prostituer. Dans l’esprit de Jesuit Joe, c’est comme un affront fait à lui-même. C’est un moraliste à sa façon, et elle a trahi sa morale à lui. (…) Jesuit Joe veut être constamment méchant, ce qui est difficile. Être Volontairement méchant sans arrêt nécessite des efforts.(…)»
Et de lui préciser encore à propos de l'identité de Jesuit Joe alias Joseph Montour Riel :
« Le frère de son grand père était Louis Riel, le chef de la résistance des Métis indiens, qui avait réussi à former un gouvernement indépendant et a été pendu le 16 juillet 1885. Il appartient donc à cette race perdue et , en tant que métis, il est rejeté par tout le monde. »
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About Hugo Pratt
Hugo Pratt is considered to be one of the greatest among comic artists for his versatile fantasy and use of graphic freedom, and the combination of these factors resulted in very strange stories. In his tales, reality can change into dream and vice-versa, and in this way he took his readers into the strangest lands and even through time. He is thought to be one of the first comic artists to mix literature with adventure. Hugo Pratt has been a great inspiration to comic artists all over the world.