In Carbonnieux 's collection
1975 - Blueberry : Angel Face
Ink
Support carton épais
39 x 50 cm (15.35 x 19.69 in.)
Added on 12/25/23
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Description
Planche 42 prépubliée dans le journal "Nouveau Tintin" n°9 du 11 novembre 1975.
"Nouveau" puisque Dargaud avait alors décidé de vendre son Tintin soucieux de sauver son Pilote. L'acheteur sera Paul Winkler créateur en 1934 du Journal de Mickey et l'une des sommités de l'édition pour la jeunesse.
"Nouveau" puisque Dargaud avait alors décidé de vendre son Tintin soucieux de sauver son Pilote. L'acheteur sera Paul Winkler créateur en 1934 du Journal de Mickey et l'une des sommités de l'édition pour la jeunesse.
Comment
Cette planche 42 est donc celle où le tueur d'élite Marmaduke O'Saughtnessy, dit Duke, dit Angel Face, et qui s'est "fait fabriquer spécialement en Belgique" cette "arme qui tire d'anonymes et vulgaires balles de colt" (voir pour ça la planche 42 du Hors-la-loi tout en sachant que Charlier était originaire de Liège région hautement qualifiée dans la fabrication des armes) exécute enfin son contrat. Le président Ulysse Grant en est la cible tout comme Lincoln quatre ans plus tôt. Sauf que ce dernier ne fut pas secouru par Mike ...
1973, l'épisode de L'Outlaw se trouve publié du 5 avril au 23 août dans les pages du journal Pilote.
Ensuite plus rien jusqu'en mars 1974 qui sonne le divorce consommé avec Goscinny. Cette rupture est aussi violente que définitive quand ce dernier refusera la seconde illustration qui devait faire partie d’une série de portraits sur l’Ouest américain. Prévue pour le second n° de la revue Lucky Luke naissante. « Je me suis bloqué. Lui aussi. Ça a fini par un coup de sang. Nous nous sommes traités de noms d’oiseaux. Il est parti en claquant la porte. Dur de renouer une relation après une scène pareille. Cet ultime coup de gueule a consommé ma rupture avec le monde de la bande dessinée classique et avec Goscinny » (dans Moebius/Giraud, histoire de mon double, Edition°1, Jean Giraud, 1999).
J'ai envie de penser qu'à ce moment-là, Gir avait déjà dû commencer à travailler sur la suite de son Hors-la-loi et que cet incident suspendra son travail, voir même son envie de continuer Blueberry.
C'est ainsi que six mois plus tard, Moebius, libéré de ce Pilote qui vit naître Gir, deviendra l’un des quatre Humanoïdes Associés fondateurs de METAL HURLANT dont le premier n° sortira en janvier 1975.
C'est donc seulement deux ans après la fin du Hors-la-loi que Gir accouchera de la suite du récit dans une certaine douleur et seulement pour le journal Tintin France. Rien pour la Belgique. Deux ans c'est long pour les lecteurs de cette époque habitués à un tout autre tempo du tandem Giraud/Charlier.
Sans attendre, l'album sortira immédiatement puisqu'il fut imprimé courant du 3ème trimestre 1975.
Grâce aux interviews réalisées par Numa Sadoul en août 1975, on sait au moins que la fin de l'histoire comprenant cette planche fut dessinée vers mai 1975 alors que Moebius vient de faire la connaissance de Jodorowsky, son futur mentor. Ce dernier l'invite à le suivre à Los Angeles pour y travailler sur la mise en scène du film Dune. Après quelques jours de réflexion il accepte cette invitation si particulière mais c'est à la condition d'avoir finalisé son travail sur Blueberry. Il dira à Sadoul "il me fallait être prêt en juin, j'ai travaillé "Blueberry" à une allure record, comme je n'avais jamais bossé en vingt ans de B.D., et j'ai terminé l'album avec une semaine d'avance sur mon programme !" (in Mister Moebius et Dr Gir, Albin Michel, 1976)
Ce lâché prise allié à la rapidité d'exécution expliqueront sans doute que cet épisode sera graphiquement le plus proche du trait de Moebius né du Métal Hurlant dans lequel il s'est immergé. Gir semble ainsi avoir troqué le texte de son scénariste contre plus d'espaces aérés, plus de cases ; ici pas moins de 13, sans que cela ne nuise à la lisibilité que du contraire. Un véritable tour de force.
Cet épisode est surprenant à plus d'un titre.
Tout d'abord, son unité de temps. Le récit commence un jour de 1869 vers midi pour se terminer 45 planches plus tard à la même heure avec donc seulement 24h de décalage horaire. Surprenant mais on ne le perçoit pas réellement à la première lecture.
Ensuite son unité de lieu. Tout se passe dans cette seule ville frontière de Durango.
Charlier et Gir vont donc innover ici avec une mise en scène inhabituelle pour leur série : un album pour un jour de la vie de leur Blueberry !
Pour ce qui est de son style graphique, ce dernier a complètement muté. C'est l'album de Blueberry qui sera le plus moebussien de toute la série. Un peu comme si la mise en création d'Arzach et du Garage Hermétique avaient définitivement "contaminé" le style de Giraud jusqu'à un point de non retour; ne parvenant plus à maintenir un code graphiquement distinct pour le Docteur Moebius et Mister Gir.
C'est dans la version noir et blanc éditée par Sherpa en Hollande que cela saute le plus aux yeux.
Le support de création, la planche, correspond à un gros cartonnage d'un seul tenant. Fini les deux demies planches assemblées par un papier collant au dos ! Ce sera le seul album de la série réalisé de la sorte.
A ce moment-là, Gir porte moustache et cheveux courts, comme Blueberry. Les deux ne font plus qu'un même si plus d'un lecteur s'en trouvera déçu ... Une moustache qui le rapproche d'autant d'un Clark Gable ou d'un Charles Bronson .
Pour conclure le tout, les auteurs de la série vont "exploser" leur lieutenant favori dans le crash de la locomotive et ainsi laisser planner le doute sur la mort du héros disparu sans laisser de traces. Une façon d'en finir pour eux avec cette pression d'une série qui dure sans répit depuis sa naissance en 1963 dans le journal Pilote.
1973, l'épisode de L'Outlaw se trouve publié du 5 avril au 23 août dans les pages du journal Pilote.
Ensuite plus rien jusqu'en mars 1974 qui sonne le divorce consommé avec Goscinny. Cette rupture est aussi violente que définitive quand ce dernier refusera la seconde illustration qui devait faire partie d’une série de portraits sur l’Ouest américain. Prévue pour le second n° de la revue Lucky Luke naissante. « Je me suis bloqué. Lui aussi. Ça a fini par un coup de sang. Nous nous sommes traités de noms d’oiseaux. Il est parti en claquant la porte. Dur de renouer une relation après une scène pareille. Cet ultime coup de gueule a consommé ma rupture avec le monde de la bande dessinée classique et avec Goscinny » (dans Moebius/Giraud, histoire de mon double, Edition°1, Jean Giraud, 1999).
J'ai envie de penser qu'à ce moment-là, Gir avait déjà dû commencer à travailler sur la suite de son Hors-la-loi et que cet incident suspendra son travail, voir même son envie de continuer Blueberry.
C'est ainsi que six mois plus tard, Moebius, libéré de ce Pilote qui vit naître Gir, deviendra l’un des quatre Humanoïdes Associés fondateurs de METAL HURLANT dont le premier n° sortira en janvier 1975.
C'est donc seulement deux ans après la fin du Hors-la-loi que Gir accouchera de la suite du récit dans une certaine douleur et seulement pour le journal Tintin France. Rien pour la Belgique. Deux ans c'est long pour les lecteurs de cette époque habitués à un tout autre tempo du tandem Giraud/Charlier.
Sans attendre, l'album sortira immédiatement puisqu'il fut imprimé courant du 3ème trimestre 1975.
Grâce aux interviews réalisées par Numa Sadoul en août 1975, on sait au moins que la fin de l'histoire comprenant cette planche fut dessinée vers mai 1975 alors que Moebius vient de faire la connaissance de Jodorowsky, son futur mentor. Ce dernier l'invite à le suivre à Los Angeles pour y travailler sur la mise en scène du film Dune. Après quelques jours de réflexion il accepte cette invitation si particulière mais c'est à la condition d'avoir finalisé son travail sur Blueberry. Il dira à Sadoul "il me fallait être prêt en juin, j'ai travaillé "Blueberry" à une allure record, comme je n'avais jamais bossé en vingt ans de B.D., et j'ai terminé l'album avec une semaine d'avance sur mon programme !" (in Mister Moebius et Dr Gir, Albin Michel, 1976)
Ce lâché prise allié à la rapidité d'exécution expliqueront sans doute que cet épisode sera graphiquement le plus proche du trait de Moebius né du Métal Hurlant dans lequel il s'est immergé. Gir semble ainsi avoir troqué le texte de son scénariste contre plus d'espaces aérés, plus de cases ; ici pas moins de 13, sans que cela ne nuise à la lisibilité que du contraire. Un véritable tour de force.
Cet épisode est surprenant à plus d'un titre.
Tout d'abord, son unité de temps. Le récit commence un jour de 1869 vers midi pour se terminer 45 planches plus tard à la même heure avec donc seulement 24h de décalage horaire. Surprenant mais on ne le perçoit pas réellement à la première lecture.
Ensuite son unité de lieu. Tout se passe dans cette seule ville frontière de Durango.
Charlier et Gir vont donc innover ici avec une mise en scène inhabituelle pour leur série : un album pour un jour de la vie de leur Blueberry !
Pour ce qui est de son style graphique, ce dernier a complètement muté. C'est l'album de Blueberry qui sera le plus moebussien de toute la série. Un peu comme si la mise en création d'Arzach et du Garage Hermétique avaient définitivement "contaminé" le style de Giraud jusqu'à un point de non retour; ne parvenant plus à maintenir un code graphiquement distinct pour le Docteur Moebius et Mister Gir.
C'est dans la version noir et blanc éditée par Sherpa en Hollande que cela saute le plus aux yeux.
Le support de création, la planche, correspond à un gros cartonnage d'un seul tenant. Fini les deux demies planches assemblées par un papier collant au dos ! Ce sera le seul album de la série réalisé de la sorte.
A ce moment-là, Gir porte moustache et cheveux courts, comme Blueberry. Les deux ne font plus qu'un même si plus d'un lecteur s'en trouvera déçu ... Une moustache qui le rapproche d'autant d'un Clark Gable ou d'un Charles Bronson .
Pour conclure le tout, les auteurs de la série vont "exploser" leur lieutenant favori dans le crash de la locomotive et ainsi laisser planner le doute sur la mort du héros disparu sans laisser de traces. Une façon d'en finir pour eux avec cette pression d'une série qui dure sans répit depuis sa naissance en 1963 dans le journal Pilote.
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About Jean Giraud
Jean Giraud had one of the most interesting double lives in comics history. Under his own name, he co-created the legendary western comic 'Blueberry' with writer Jean-Michel Charlier. He also used the shortened signature of "Gir" for this series.