Dans la collection de Laerte
XIII - Jour du Soleil Noir
Encre de Chine
Ajoutée le 22/05/2017
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Description
Encre de Chine, planche 10
Commentaire
La découverte de XIII fut une claque.
Je me rappelle très bien de ce jour de 1984 où, confortablement installé dans le canapé du salon de mes grands-parents, je découvrais stupéfait les premières pages du Jour du Soleil Noir dans le journal de Spirou. L’addiction était née et j’attendais avec impatience les nouveaux épisodes qui me sidéraient par leur modernité.
Bien sûr la narration de Van Hamme avec l’ouverture sur un héros amnésique agonisant sur une plage : idée géniale qui synchronise à la perfection le lecteur avec le personnage puisque nous découvrons au même rythme ce qu’il lui est arrivé. C’était 4 ans après La mémoire dans la peau de Ludlum sur le même canevas mais je ne connaissais pas encore. Et 18 ans avant son adaptation sous la forme de Jason Bourne.
Et aussi l’encrage de grande classe d’un Vance au sommet de son art. Le succès fut alors si fracassant que cela le détourna à regrets des aventures du marin Bruce JHawker
Cela fait vingt ans que je cherchais une planche de XIII à la hauteur de mon vif souvenir. Par la grâce du grand collectionneur M que je salue, j’ai pu accéder à cette pépite. C’est un Graal que j’avais le sentiment d’avoir trouvé tant cette planche recèle tout ce que j’ai tant aimé dans cette série :
- Moment phare dans l’histoire : celui où XIII, très tôt dans l’album, devient conscient de ses exceptionnels talents au combat
- Fluidité du dessin avec notamment son bond par-dessus-la rambarde tout en lançant son couteau qui transperce même le cadre de la case
- Mouvement très cinématographique comme la chute progressive du méchant sur un strip – comme une pellicule - de 4 vignettes
- Précision des détails avec le le zoom sur la chute du pistolet qui annonce que le héros va donner encore davantage de fil à retordre à ses adversaires trop confiants
- Découpage super lisible depuis le sol où il a emmené en sécurité celle qui l’avait soigné avant de reprendre fantastiquement le dessus sur son assaillant armé
-
En bref, tout ce qui fait que j’ai pu tant aimer XIII. Avec mention spéciale pour son démarrage sur les chapeaux de roue
Et pour le contexte créatif, laissons la place à Erik Arnoux :
Depuis des mois, Vance attend un accord formel de son scénariste Greg qui a accepté que ce soit van Hamme qui reprenne “Bruno Brazil“ avec lui pendant son séjour aux USA, en ce début de ces années 80…
Mais sans que rien ne soit acté. Et Greg ne donne pas la moindre nouvelle malgré plusieurs relances.
William en a assez d’attendre. Alors tout en dessinant par ailleurs “Ramiro“, il propose à Jean - qui de plus est son voisin à Uccle - de lui écrire un truc inédit, “en attendant“…
Van Hamme saute sur l’occasion d’autant qu’il a en tête une histoire d’espion située dans le même univers graphique que celui de “Bruno Brazil“ et immédiatement la propose fort logiquement au Lombard avec qui il a l’habitude de bosser.
Guy Leblanc semble intéressé et le bloque, lui demandant juste “d’attendre un peu“ le lancement d’un nouveau journal qu’il prépare dans lequel cette nouvelle série pourrait prendre place, en en devenant LA série-phare.
C’est tentant…
Mais une année passe ! Sans nouvelles...
Leblanc tergiverse et ne donne pas davantage de signe de vie que Greg.
Deux fois c'est beaucoup ! Lassé à force d’atermoiements, van Hamme qui a besoin de travailler et ne veut pas que Vance avec qui il a envie de collaborer lui passe sous le nez, file chez Dargaud Bénélux leur proposer leur projet… Et dans la foulée, signe “XIII“ chez eux !
En septembre 84 le premier tome, “le jour du soleil noir“ sort dans un relatif anonymat après sa prépublication dans... “Spirou“. Ça ne durera pas et la série rencontre assez rapidement le succès…
Le postulat de départ de “XIII“ - un amnésique tatoué trouvé inanimé et blessé sur une plage - va faire tiquer en raison d’une ressemblance certaine avec le début de “la mémoire dans la peau”, un thriller de Robert Ludlum qui démarre exactement de la même façon.
Hasard ou plagiat ? Devant ceux qui l’accusaient plus ou moins ouvertement d’avoir repompé et exploité le succès d’un autre pour imaginer sa BD, van Hamme a éludé la question un moment avant de finir par lâcher une explication lors d’une interview avec Dayez…
“Bon, c’est vrai que l’idée de départ... Déjà, Ludlum n’est pas le seul à avoir inventé des histoires d’amnésique. Je voulais faire une histoire d’amnésique, j’avais lu ce roman de Ludlum et peut-être un peu bêtement, j’ai pris le même point de départ : le gars sur la plage avec une balle dans la tête.
Je dirais qu’en gros, c’est à peu près la seule ressemblance, si ce n’est que le héros de Ludlum avait aussi un truc tatoué, ou plutôt un signe glissé sous la peau, un numéro de coffre en banque, si j’ai bonne mémoire....“ (hahaha, sacré Jean !)
“Mais c’est vrai, ce fut une bêtise de ma part, alors que l’idée de l’amnésique était déjà parfaitement dans ma tête, d’avoir pris une séquence qui est exactement la même que le point de départ de “la mémoire dans la peau” parce qu’on a pu ainsi dire “tout “XIII“ est copié de Ludlum !“
Alors non, évidemment que “XIII” n’est pas copié de Ludlum ! Il y a sans doute d’autres points communs, qui sont plus inconscients, mais sont des points communs à toutes les histoires d’amnésiques...
Et surtout, l’éditeur de Ludlum m’aurait déjà attaqué en justice s’il y avait eu des éléments un peu trop semblables. En conclusion, non, je n’ai pas du tout exploité le succès de Ludlum.“
© Van Hamme – Vance “Le jour du soleil noir“ Page 10 - 1983
Je me rappelle très bien de ce jour de 1984 où, confortablement installé dans le canapé du salon de mes grands-parents, je découvrais stupéfait les premières pages du Jour du Soleil Noir dans le journal de Spirou. L’addiction était née et j’attendais avec impatience les nouveaux épisodes qui me sidéraient par leur modernité.
Bien sûr la narration de Van Hamme avec l’ouverture sur un héros amnésique agonisant sur une plage : idée géniale qui synchronise à la perfection le lecteur avec le personnage puisque nous découvrons au même rythme ce qu’il lui est arrivé. C’était 4 ans après La mémoire dans la peau de Ludlum sur le même canevas mais je ne connaissais pas encore. Et 18 ans avant son adaptation sous la forme de Jason Bourne.
Et aussi l’encrage de grande classe d’un Vance au sommet de son art. Le succès fut alors si fracassant que cela le détourna à regrets des aventures du marin Bruce JHawker
Cela fait vingt ans que je cherchais une planche de XIII à la hauteur de mon vif souvenir. Par la grâce du grand collectionneur M que je salue, j’ai pu accéder à cette pépite. C’est un Graal que j’avais le sentiment d’avoir trouvé tant cette planche recèle tout ce que j’ai tant aimé dans cette série :
- Moment phare dans l’histoire : celui où XIII, très tôt dans l’album, devient conscient de ses exceptionnels talents au combat
- Fluidité du dessin avec notamment son bond par-dessus-la rambarde tout en lançant son couteau qui transperce même le cadre de la case
- Mouvement très cinématographique comme la chute progressive du méchant sur un strip – comme une pellicule - de 4 vignettes
- Précision des détails avec le le zoom sur la chute du pistolet qui annonce que le héros va donner encore davantage de fil à retordre à ses adversaires trop confiants
- Découpage super lisible depuis le sol où il a emmené en sécurité celle qui l’avait soigné avant de reprendre fantastiquement le dessus sur son assaillant armé
-
En bref, tout ce qui fait que j’ai pu tant aimer XIII. Avec mention spéciale pour son démarrage sur les chapeaux de roue
Et pour le contexte créatif, laissons la place à Erik Arnoux :
Depuis des mois, Vance attend un accord formel de son scénariste Greg qui a accepté que ce soit van Hamme qui reprenne “Bruno Brazil“ avec lui pendant son séjour aux USA, en ce début de ces années 80…
Mais sans que rien ne soit acté. Et Greg ne donne pas la moindre nouvelle malgré plusieurs relances.
William en a assez d’attendre. Alors tout en dessinant par ailleurs “Ramiro“, il propose à Jean - qui de plus est son voisin à Uccle - de lui écrire un truc inédit, “en attendant“…
Van Hamme saute sur l’occasion d’autant qu’il a en tête une histoire d’espion située dans le même univers graphique que celui de “Bruno Brazil“ et immédiatement la propose fort logiquement au Lombard avec qui il a l’habitude de bosser.
Guy Leblanc semble intéressé et le bloque, lui demandant juste “d’attendre un peu“ le lancement d’un nouveau journal qu’il prépare dans lequel cette nouvelle série pourrait prendre place, en en devenant LA série-phare.
C’est tentant…
Mais une année passe ! Sans nouvelles...
Leblanc tergiverse et ne donne pas davantage de signe de vie que Greg.
Deux fois c'est beaucoup ! Lassé à force d’atermoiements, van Hamme qui a besoin de travailler et ne veut pas que Vance avec qui il a envie de collaborer lui passe sous le nez, file chez Dargaud Bénélux leur proposer leur projet… Et dans la foulée, signe “XIII“ chez eux !
En septembre 84 le premier tome, “le jour du soleil noir“ sort dans un relatif anonymat après sa prépublication dans... “Spirou“. Ça ne durera pas et la série rencontre assez rapidement le succès…
Le postulat de départ de “XIII“ - un amnésique tatoué trouvé inanimé et blessé sur une plage - va faire tiquer en raison d’une ressemblance certaine avec le début de “la mémoire dans la peau”, un thriller de Robert Ludlum qui démarre exactement de la même façon.
Hasard ou plagiat ? Devant ceux qui l’accusaient plus ou moins ouvertement d’avoir repompé et exploité le succès d’un autre pour imaginer sa BD, van Hamme a éludé la question un moment avant de finir par lâcher une explication lors d’une interview avec Dayez…
“Bon, c’est vrai que l’idée de départ... Déjà, Ludlum n’est pas le seul à avoir inventé des histoires d’amnésique. Je voulais faire une histoire d’amnésique, j’avais lu ce roman de Ludlum et peut-être un peu bêtement, j’ai pris le même point de départ : le gars sur la plage avec une balle dans la tête.
Je dirais qu’en gros, c’est à peu près la seule ressemblance, si ce n’est que le héros de Ludlum avait aussi un truc tatoué, ou plutôt un signe glissé sous la peau, un numéro de coffre en banque, si j’ai bonne mémoire....“ (hahaha, sacré Jean !)
“Mais c’est vrai, ce fut une bêtise de ma part, alors que l’idée de l’amnésique était déjà parfaitement dans ma tête, d’avoir pris une séquence qui est exactement la même que le point de départ de “la mémoire dans la peau” parce qu’on a pu ainsi dire “tout “XIII“ est copié de Ludlum !“
Alors non, évidemment que “XIII” n’est pas copié de Ludlum ! Il y a sans doute d’autres points communs, qui sont plus inconscients, mais sont des points communs à toutes les histoires d’amnésiques...
Et surtout, l’éditeur de Ludlum m’aurait déjà attaqué en justice s’il y avait eu des éléments un peu trop semblables. En conclusion, non, je n’ai pas du tout exploité le succès de Ludlum.“
© Van Hamme – Vance “Le jour du soleil noir“ Page 10 - 1983
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A propos de William Vance
William Van Cutsem, dit William Vance est un auteur de bande dessinée réaliste belge. Sa série la plus connue est XIII ; il est aussi le dessinateur d'Howard Flynn, Ringo, Bob Morane, Bruno Brazil, Rodric, Ramiro, Bruce J. Hawker, et les deux premiers albums de Marshall Blueberry.