A propos de la collaboration avec Christin et des débuts de la série Nous nous connaissions déjà depuis de nombreuses années avant de travailler ensemble. Nous n’avions donc pas grand-chose à découvrir l’un de l’autre lorsque nous avons fait nos premières planches. Mais notre souvenir le plus marquant a été incontestablement le jour où la rédaction de Pilote, c’est-à-dire René Goscinny et Jean-Michel Charlier, nous ont dit que Dargaud allait éditer un premier album de Valérian. C’était une belle victoire, une consécration même. À l’époque, les auteurs ne travaillaient que pour le journal. Et la publication en album ne se faisait qu’au compte-goutte. Sur la quatrième de couverture de l’édition originale du premier Valérian, tous les albums de Dargaud publiés à l’époque sont présentés. Il ne devait y en avoir qu’une quinzaine ! C’était donc un honneur d’être publié en album…
Pierre ne m’a jamais dit ce que je devais dessiner. Et c’est sans nul doute la raison de notre bonne entente qui dure depuis quarante-cinq ans ! Par contre, il écrit son scénario comme un script de cinéma. Il me donne de nombreuses explications, surtout si le personnage va devenir important. Cela va de sa psychologie, à sa provenance ou à ses différences. Mais il ne m’écrira jamais que tel personnage a deux cornes, quatre pattes et des yeux globuleux. Il me laisse une totale liberté sur le plan graphique. Très souvent, lorsque des personnages ont crevé l’écran suite au physique que je leur donnais, Pierre s’est mis à augmenter leurs dialogues et les scènes où ils étaient présents. Ce fut le cas de Shingouz, bien sûr. Nous avons eu de nombreux bonheurs avec des personnages secondaires qui ne devaient faire leur apparition que dans une scène. Et qui ont accompagné Valérian et Laureline bien plus longtemps.
J.C. Mézières in ActuaBD - Nicolas Anspach, 2010
A propos de son dessin Je ne fais effectivement pas beaucoup de crayonnés et de croquis préparatoires. Cette étape est stérile ! Je ne travaille pas non plus à la table lumineuse. Je déteste les dessins recopiés par transparence car le trait n’a plus d’apparence, et la qualité du dessin disparaît assez vite. Je ne sais pas me recopier moi-même. En plus, j’ai la conviction que c’est sur la planche qu’il faut tout résoudre : le placement des bulles, les noirs, les blancs, etc. Tout doit être immédiatement fait sur le papier. Et dans une énergie que l’auteur doit conserver.
Le côté besogneux à recopier proprement le dessin sur un calque m’horripile. Je recommence un dessin si cela ne vas pas. Je préfère me lancer, quitte à devoir coller une nouvelle case blanche sur ma planche. Et je redémarre …
J.C. Mézières in ActuaBD - Nicolas Anspach, 2010
Récompenses1970 : Prix Phénix pour
Valérian Agent spatio-temporel1970 : Grand Prix « spécial » du dessin de presse
1972 : Grand Prix du syndicat des dessinateurs de presse pour
Valérian Agent spatio-temporel1984 : Grand prix de la ville d'Angoulême pour l'ensemble de son œuvre1987 : Special Award from European Science Fiction Society pour
Valérian Agent spatio-temporel2006 : Inkpot Award pour l'ensemble de sa carrière
2007 : Lauriers d'Hadrien d'or à
Pierre Christin, Jean-Claude Mézières et Évelyne Tranlé2011 : Prix Haxtur pour l'ensemble de sa carrière
2013 : Eléphant d'or au 37e festival international de la bande dessinée de Chambéry pour l'ensemble de son œuvre
2014 : Prix Adamson du meilleur auteur international avec
Pierre Christin pour l'ensemble de son œuvre
2018 : Grand Prix Saint-Michel, pour l'ensemble de son œuvre
2018 : Prix Max et Moritz spécial pour une œuvre remarquable