Dans la collection de archeobd 
Un jour bien rempli par José Cabrero Arnal - Planche originale
135 

Un jour bien rempli

Planche originale
1933
Encre de Chine
Crayon à papier de couleur bleu
20 x 30 cm (7.87 x 11.81 in.)
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Revue de publication 1933
Détail 2
Détail 2
Autre publication de Arnal 1
Autre publication de Arnal 2
Autre publication de Arnal 3
Autre publication de Arnal 4
Autre publication de Arnal 5
Arnal caricaturiste
Portrait photographique de Arnal, très certainement lorsqu'il faisait partie de la milice républicaine anti-franquiste

Description

"Historieta" en espagnol (petite histoire), planche publiée dans le numéro 70 de la revue POCHOLO en 1933

Inscriptions / Signatures

Signée à l'encre dans la dernière case

Commentaire

Comment José Cabrero Arnal n'aurait-il pas pu être un artiste "engagé"?...

Sympathisant républicain - sans pour autant être engagé dans aucun parti politique - il prend les armes dès le début du soulèvement franquiste et ne les lâchera plus jusqu’à la Retirada. Il doit se réfugier en France en 1939 et est interné comme tant de ses compatriotes dans les terribles camps installés sur les plages du littoral méditerranéen (camp de concentration d'Argelès-sur-Mer, Le Barcarès, Saint-Cyprien puis Agde). Républicain et donc antifasciste, il souhaite continuer le combat et s'opposer aux nazis. Ceux-ci menacent aux frontières de la France aussi ; Arnal s'engage dans les Compagnies de Travailleurs Étrangers (109e CTE) et part pour la ligne Maginot. Après l'offensive allemande et la défaite française, lui et ses compatriotes sont capturés5 et déportés à Mauthausen. Il fait partie du train des « Rote Spanier » (Espagnols rouges) qui arrive le 27 janvier 1941. Arnal est l'un des principaux personnages du roman autobiographique de son ami Joaquim Amat-Piniella, K.L. Reich, récit de ses années de captivité à Mauthausen6. La faim, le froid, l’épuisement et les tortures viennent à bout de la majorité de ses compagnons d'infortune : sur environ 200 000 déportés au camp de Mauthausen, plus de 122 000 y laisseront la vie. Après la Libération, en mai 1945, il pèse à peine 45 kilos et est envoyé en convalescence à Caussade, près de Toulouse, où il est accueilli par une famille d’instituteurs. Au cours de cette période, il fait la connaissance de celle qui deviendra son épouse, Denise. De retour à Paris fin 1945, il rencontre René Moreu, rédacteur en chef de Vaillant et commence alors à dessiner dans le journal L'Humanité. (source Wikipedia)

Arnal débute sa carrière de dessinateur en Espagne, très jeune. Il commence dans les revues KKO, Pocholo et le magazine de bandes dessinées TBO. Il est l'auteur de séries nommées Guerra en el país de los insectos (1933-34) puis Paco Zumba (1935) et Castarilla détective (1936). Il crée, en 1935, pour TBO, Top el perro (Top le chien), précurseur de Pif (et dont il sera ensuite identifié comme son père3).

Cette planche date de 1933, Arnal a 24 ans. Dans l'Espagne de cette époque, seconde république, il souffle un vent de constitution libérale et de bien social qui durera peu de temps. Cette période courte de quelques années est prise en sandwich entre la fin de la dictature du général Miguel Primo de Rivera et le push militaire du Général Franco, en 1936, qui déclenchera une sanglante guerre civile.

Est-ce pour cela que le thème de cette planche est insouciant, que rien de grave ne peut arriver dans cette "historieta", et que finalement, la chose la plus profitable et la plus agréable que l'on puisse faire dans la vie est de dormir... On reconnait dans ce personnage de classe populaire, 15 ans avant son apparition dans le journal Vaillant, le fameux tonton César qui viendra allègrement botter le train à Pif et à Doudou. Ici, pas de famille, pas de bêtises des enfants, pas de chat idiot, pas de femme mégère... ce cher tonton sent le vent de l'optimisme et du travail bien fait en ce jour d'allégresse et de pleine forme. Notez, encadrant une série de mésaventures passablement pathétiques, la bouille radieuse du tonton sous ses couvertures:
- première case: "Don Agripino / Monsieur Agripin, bien qu'il fut un dormeur endémique, eu un jour l'idée de faire amende honorable..."
- dernière case: "Don Agripino retourna chez lui puis se remit au lit, avec l'objectif de ne plus se lever avant le jour du jugement dernier."
Entre ces deux case, 18 autres dans lesquelles il prouve, sans aucun doute possible, qu'il n'est bon à rien d'autre qu'à être au lit...

On discerne bien dans cette petite histoire les prémisses de toute la philosophie que Arnal développera dans les aventures de Pif. Rien ne peut arriver de vraiment grave dans la vie de la famille de tonton et de tata, même si les trois espiègles et turbulents Pif, Hercule et Doudou font tout ce qu'ils peuvent pour se ramasser une fessée avant la fin e la page. En soit, cela ne vous rappelle-t-il pas d'autres aventures, celles de trois autres turbulents personnages: Pim, Pam et Poum de Gus Dirks puis Knerr?...

Notez le rapport dessin/texte (en castillan) dans cette page historique: il est construit sur le modèle standard de ce qui existe, depuis quasi demi-siècle, dans les imageries d'Epinal et les imageries Quantin: dessins sans bulles, texte explicatif en dessous. Pourtant Alain Saint-Ogan a systématisé l'utilisation des phylactères depuis 1925 dans les aventures de Zig et Puce. Arnal avait déjà utilisé la technique des bulles en 1929 (voir la galerie de Zenitram dans 2DG). Etrange qu'il soit revenu à un style narratif antérieur, à moins que cela ne fut pas encore d'actualité dans la revue Pocholo à cette époque, dans laquelle cette planche fut publiée?

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A propos de José Cabrero Arnal

José Cabrero Arnal est un dessinateur de bande dessinée espagnol. Il est le créateur du personnage Pif le chien.