Tokyo - Paris - Un adieu et des larmes | Shojo | pg15

Macoto Takahashi (高橋真琴 - 1934-2024) s’impose, dès les années 1950, comme une figure essentielle du manga pour jeunes filles. Influencé par les peintres lyriques Junichi Nakahara, Kayoi Takahata et Yumeji Takehisa, il développe un style graphique délicat et décoratif, héritier du jojōga d’avant-guerre. D’abord illustrateur de couvertures pour des magazines comme Hana (Les Fleurs), il entre dans le monde du manga en 1953 avec Princesse esclave, publié sur le marché de location.

Son œuvre prend un tournant décisif avec Paris-Tokyo (1956), prélude à la série Tokyo-Paris, scénarisée par Seiichi Haruna et publiée entre 1958 et 1959. Dans ces pages, Takahashi affirme une esthétique nouvelle, le sutairu-ga, où les émotions priment sur l’action. Il introduit une mise en page libre avec des portraits en pied traversant les cases et des héroïnes aux yeux étoilés, qui deviendront emblématiques de son œuvre et plus largement du Shōjo.

Ses histoires courtes de 1957, comme Mer de chagrin ou Les allées de cerisiers, amorcent cette révolution graphique. Au-delà de la tempête, publié en 1958, est considéré comme le premier manga à rompre avec les codes du shōnen, selon l’essayiste Yukari Fujimoto. Son influence est immédiate : Miyako Maki s’en inspire dès 1958, et son style irrigue bientôt tout le Shōjo, jusqu’à Candy Candy, dessinée par Yumiko Igarashi en 1975. Macoto Takahashi cesse de dessiner des mangas en 1962, estimant que les femmes étaient plus à même de raconter les émotions de leurs héroïnes. Il se consacre alors à l’illustration, notamment pour la papeterie.

Son travail est célébré par la mode, Comme des Garçons lui rend hommage en 2018 et par les institutions, comme le Kyoto International Manga Museum ou l’exposition Makotopia Eternal en 2025.

Un auteur incontournable dont les œuvres sont plus que rares.