Théodore Poussin p39 T1

Théodore Poussin
Capitaine Steene
Planche 39
Tome 1
Prépublication dans journal de Spirou #2431 du 15 novembre 1984

En album
- Edition Dupuis mai 1987
- 6 rééditions chez Dupuis
- Intégrale 1, Dupuis juin 2010
- Récits complets, premières aventures, Dupuis mai 2020

Signée dans la planche par l’auteur

Rappel du synopsis : Dunkerque, 1927. Le jeune Théodore Poussin, employé de bureau dans une compagnie maritime, rêve de prendre la mer et de partir à l’aventure. Ainsi embarque-t-il parmi l’équipage du Cap Padaran en tant qu’élève-commissaire, et part sur les traces de son oncle, Charles Steene, porté disparu et supposé mort en 1916 à Haïphong. Il ignore qu’il ne reverra pas Dunkerque et ses proches avant trois années au cours desquelles il vivra de nombreuses péripéties, exerçant divers métiers, de Haïphong à Singapour en passant par le Sarawak, les îles du Tigre au sud des Célèbes ou Batavia.

Pour créer cet aventurier l’auteur s’inspirera de son grand-père Théodore Charles Le Coq et de ses carnets de bord avant de s’émanciper de la véracité historique et lâcher le jeune Théodore dans la grande aventure romanesque. Le Gall déclarera même dans le journal de Spirou n°3269 : « Théodore Poussin, c’est moi ! Je me projette consciemment en lui (…) Ses répliques pourraient être les miennes. Il est moins fanfaron que Frank Le Gall, mais c’est normal : c’est tout de même un héros ! ».

On se rend aussi compte au fil des tomes qu’une autre inspiration de l’auteur provient des grands romanciers du dix-neuvième siècle : Charles Baudelaire, R.-L. Stevenson, Joseph Conrad, Maupassant, Dickens, Proust, Kipling ou Flaubert…

Poussin, de personnalité de prime abord somme toute banale, devient par sa volonté de voyage et ses pérégrinations un attachant et insolite héros malgré-lui.

Concernant la planche présentée, j’aime à dire que Franck Le Gall maîtrise parfaitement la grammaire de la bande dessinée. Non seulement c’est un excellent conteur d’histoire mais quand on observe attentivement ses planches on voit rapidement que c’est un artiste complet à la fois très à l’aise dans l’épure de la ligne claire la plus formelle comme dans la gestion du relief et des clair-obscur des maîtres du noir et blanc.

J’en veux pour preuve cette scène tout en atmosphère alignant aplats d’encre, grattages, traits jetés et hachures qui semblent sortie des séquences ombre et lumière d’un film de John Huston ou d’Orson Welles avec ses noirs en arrières plans, noirs en avant plan et noirs sur personnages.

Une planche à la fois réthorique et décorative avec cette grande case, il fallait y arriver !