The Grocery page 254

Guillaume Singelin : portrait d’un dessinateur singulier

Guillaume Singelin, né en 1987, est un auteur de bande dessinée français qui se distingue par un style graphique immédiatement reconnaissable, mêlant des influences issues du manga, de l’animation japonaise, du comics et du graphisme urbain. Son trait est nerveux, expressif, souvent stylisé mais toujours lisible, avec une attention particulière portée à la mise en scène des corps, des émotions et des environnements urbains.

Il est notamment connu pour ses collaborations avec RUN chez Label 619 (Ankama), collectif qui rassemble des auteurs attachés à une vision indépendante, alternative et énergique de la bande dessinée. Singelin a notamment participé à “DoggyBags”, anthologie pulp et violente, avant de signer des projets plus personnels comme “PTSD”, qui aborde la reconstruction d’une vétérane de guerre dans un monde urbain dur et chaotique.

Sa démarche artistique repose sur un équilibre entre esthétique dynamique et propos sociétal fort. Il s’intéresse aux marges de la société, aux conséquences de la violence, aux traumatismes modernes et aux réalités sociales brutes. Son dessin, malgré un aspect “mignon” ou “cartoonesque”, sert un discours souvent très adulte, lucide et engagé.
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À propos de sa technique graphique :

Pour dessiner je crayonne tout au crayon rouge, des critérium et crayons à papier rouge. Pour le scan, et puis c'est moins dense pour encrer, c'est plus clair. Puis j'encre avec des stylos très fin, des sortes de petits Rotring pour avoir beaucoup de détails. C'est un truc que je maitrise bien en ce moment, et ça correspond bien à la taille des personnages. Ce sont des petits personnages, mais même s'ils n'ont pas beaucoup de volumes, ils peuvent avoir beaucoup de détails sur eux.

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“The Grocery” : synopsis et enjeux du projet

The Grocery est une série de bande dessinée en 4 tomes, scénarisée par Aurélien Ducoudray et dessinée par Guillaume Singelin, publiée chez Label 619. L’histoire se déroule dans le quartier fictif de Baltimore Heights, une banlieue américaine rongée par la violence, les gangs, le racisme et les inégalités sociales. Le récit suit Ellis One, un enfant de 10 ans qui reprend l’épicerie de son père, fraîchement assassiné, et se retrouve malgré lui plongé dans le chaos urbain qui gangrène son quartier.

Sous ses airs de chronique urbaine, The Grocery est une fresque sociale, à la fois satirique, dramatique et ultra-violente, qui explore les coulisses d’une Amérique post-raciale, militarisée, gangrénée par la corruption et les trafics. On y croise des enfants-soldats, des vétérans paumés, des rappeurs aux ambitions politiques, des journalistes cyniques, et des agents fédéraux.

Le projet tire son nom du mot “Grocery” (épicerie), point central du récit, symbole de la survie, du lien communautaire et de la confrontation entre innocence et brutalité. La série mêle chronique sociale, polar urbain, critique politique et satire des médias, dans un mélange de tons puissants, souvent ironiques.

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Une planche remarquable : chaos urbain et satire militaire

La planche présentée est une excellente synthèse du ton et de la qualité narrative de The Grocery.

On notera en premier lieu la narration sans parole : aucun dialogue, tout passe par les expressions, les gestes et la composition graphique.

Le Contraste esthétique et thématique : le dessin « enfantin » est volontairement en dissonance avec le sujet abordé (guerre civile, forces armées, mort), créant un malaise satirique puissant.

Le sens de la mise en scène : chaque case a un angle, une dynamique, une profondeur. Le chaos est palpable, la panique visible.