Dans la collection de archeobd 
Tarmac par Christopher Clark - Œuvre originale
37 

Tarmac

Œuvre originale
2024
Encre de Chine
Couleurs à la peinture aquarelle
18 x 25 cm (7.09 x 9.84 in.)
Couleurs à la peinture aquarelle
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Description

Galerie de portraits horrifiques et grotesques à tendance surréaliste et à multiples facettes

Inscriptions / Signatures

Monogrammé dans cartouche

Commentaire

Tarmac

Tarmac n'en pouvait plus.
Cela faisait maintenant un bon moment que la main du cube était en train de lui tapoter l'épaule. On avait jadis livré une fameuse boite "TéVé" dans laquelle le bon peuple de Tréga était censé trouver dépaysement et amusement. Tu parles! Dans les anciens temps, cette boite était plus grande, plus plate. Elle possédait un écran en couleur sur lequel on pouvait voir ce que les archéologues des "Images Extérieures" appelaient des "émissions" et des "films". C'était plutôt pas mal, on arrivait à se divertir sans penser à rien, même si on se trouvait un peu passif devant elles, si on y passait trop de temps et si on trouvait que le contenu était le plus souvent assez idiot.

Mais les choses avaient évolué dans les derniers millénaires: plus d'écran, plus de divertissement, on avait trouvé que finalement cela ne servait à rien. La haute autorité du PPIE (Plan Pour les Images Extérieures) avait décidé que l'introspection devait être la règle, que ce qui sortait d'un écran pouvait tout aussi bien sortir des TéVé'spectateurs eux-mêmes: il était important de redonner de la hauteur au divertissement et de la participation active aux visionneurs d'écrans. Et puis, c'était une question de salubrité publique que d'éviter que la population ne se laisse aller à la facilité. On avait donc fait évoluer le concept, on avait inventé une nouvelle machine, le PEDALO (Produit Elémentaire de Développement de l'Altruisme Libérateur d'Opinion).

Il fallait maintenant fixer non plus un écran couleur mais un œil émergeant du PEDALO qui regardait droit devant, dans une relation qui devenait peu à peu hypnotique. Dans la pupille de l'œil, on voyait son moi intérieur, ses propres pensées, ses états d'âme et tout un tas d'autres choses qui étaient découvertes au fur et à mesure du face à face. Cela avait eu quelque succès au début: l'imagination Trégaïenne n'était pas débordante mais permettait certaines introspections et découvertes ludiques. Tarmac, tout comme la grande majorité de ses congénères, n'était ni un franc rigolard, ni emprunt de la moindre curiosité. On ne peut pas dire non plus qu'il faisait beaucoup d'efforts pour réfléchir ni que son environnement fut propice à quelconque aventure. Sa vie était simple et banale. Il s'emmerdait ferme sur la planète Tréga.

Ne pouvant plus supporter les appels de la boite sur son épaule, Tarmac plaça son masque de vision sur son visage qu'il allait diriger vers l'œil de PEDALO. Sans enthousiasme, il savait qu'il n'y verrait que les éléments ennuyeux de sa propre existence.: il ne pouvait pas y échapper. Regarder l'œil de PEDALO était aujourd'hui obligatoire, cela avait même été intégré par la Haute Autorité dans la Constitution de la civilisation Trégaïenne, c'est tout dire. A côté de lui, Tourmic s'était détourné. Il faisait celui qui n'avait rien vu, l'air impassible il regardait ailleurs, espérant que PEDALO allait l'oublier. Peine perdue, PEDALO n'oubliait jamais personne, après Tarmac ce serait à lui de s'y coller.
Bon sang, qu'est-ce qu'on s'emmerdait sur Tréga!...

(texte de PHI pour 2DG)

Personnages échappés d'un cauchemar surréaliste à tendance médiévale à la Brueghel ou a la Jérôme Bosch, pimenté d'un zeste moderne à la Basil Wolverton, anatomies à multiples faces souvent les unes dans les autres telles des poupées russes horrifiques et grotesques. La délicate mise en couleur à l'aquarelle jette un contraste d'apaisement face à la monstruosité des sujets.

Christopher Clark est un jeune dessinateur autodidacte nord américain d'une trentaine d'années. Installé à Philadelphie, il diffuse son travail dans diverses revues underground confidentielles. Son style emprunt d'une forte dose de surréalisme singe avec peu de grâce mais force intensité des personnages et situations réelles qu'il croise dans l'actualité puis qu'il retranscrit dans ses univers cauchemardesques.

Ses compositions sont riches et complexes. Il faut bien en scruter les détails, analyser la superposition des couches et strates d'individus pour discerner finalement la multitude d'intentions au sein d'un seul et même personnage.

Peut-être faut-il considérer que ses personnages aux multiples visages ne sont finalement que l'incarnation de multiples personnalités du même individu?

Si ça mord, si ça bave, si ça transpire, si ça suinte, si ça "beurk", çela ne laisse jamais indifférent.

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