Dans la collection de Spirou 
Jidéhem, Vicq, Sophie n° 5, « Sophie et le Rayon Kâ », publicité de fin d'album, 1971. - Illustration originale
1832 

Sophie n° 5, « Sophie et le Rayon Kâ », publicité de fin d'album, 1971.

Illustration originale
1971
Encre de Chine
18 x 28 cm (7.09 x 11.02 in.)
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Publication.
Les deux publicités de fin d'album.
Première planche de l'album.

Commentaire




JIDEHEM : encre de chine et rehauts de crayon bleu pour une illustration dite de "publicité de fin d'album", publiée en page 54 de l'album n° 5 de SOPHIE, Sophie et le Rayon Kâ, DUPUIS, 1971. Présence d'une découpe d'origine ("rustine"), au centre, qui pourrait gêner plus d'un collectionneur et qui reste invisible pour d'autres, plus chanceux.

« Rien ne peut le déranger quand il lit SPIROU ». Une approche assez classique de la promotion du Journal de SPIROU, à travers la mise en avant du phénomène de fascination, d'envoûtement et d'absorption du lecteur, pris et plongé dans sa lecture. C'est une resucée du fameux "gag de la pomme" lié à la découverte de la théorie de la loi de la gravitation universelle par Isaac NEWTON, une marrade visitée et revisitée des dizaines de fois par Marcel GOTLIB.

« Le Champion d'Europe des Journaux d'aventure »... On a peine à concevoir aujourd'hui quelle place occupait l'hebdomadaire SPIROU dans les années 1950, dans les années 1960, dans les années 1970 : le paysage éditorial a tellement évolué au fil des décennies. L'époque était bien différente et le panorama des activités, des occupations, des plaisirs, des jeux et des distractions n'avait que peu à voir avec l'offre de divertissements proposée aujourd'hui aux enfants et aux adolescents.

En couverture du Journal de SPIROU lu par petit Bernard, l'ami de Sophie, un clin d'oeil graphique au cocker Bill de l'incontournable série BOULE ET BILL créée et animée par Jean ROBA à partir de 1959 (pas moins de 25 millions d'albums vendus). Rien de bien étonnant quand on sait que JIDEHEM et Jean ROBA ont travaillé ensemble, à partir de 1958, au sein de l'atelier d'André FRANQUIN...

JIDEHEM est un artiste généreux, il offre non pas une, mais deux publicités de fin d'album : en page 55 figure une promotion pour la rubrique automobile La Chronique de STARTER.

Présenter un ensemble de 20 publicités de fin d'album DUPUIS, s'insérant en toute cohérence dans une collection classique centrée sur cet éditeur, voilà qui n'est pas des plus courants. La démarche est menée dans un pur esprit de partage, en dehors de toute forme d'arrogance et de frime (comment dites-vous ? cela change de certains m'as-tu-vu omniprésents sur quelques sujets du plus lu des forums de bande dessinée ? c'est bien possible, grand bien leur fasse et peu me chaut...). L'exercice présente toutefois de vrais inconvénients : on sait que le collectionneur lambda fonctionne essentiellement par désir d'imitation, comme l'ont montré les travaux de l'anthropologue et philosophe René GIRARD. La théorie du désir mimétique implique que tout désir soit l'imitation du désir d'un autre. Loin d’être autonome, notre désir (qui nous semble propre, singulier, idiosyncratique) est toujours suscité par le désir qu'un autre – le "modèle" – a d'un objet quelconque. Pour être concret, tel gugusse constate que tel type d'original procure un plaisir énorme à tel autre collectionneur. Cela lui donne envie, il veut lui aussi accéder à ce même plaisir et va se mettre à son tour à désirer, convoiter, rechercher précisément le même genre de pièces. En perdant totalement de vue l'essentiel : le plaisir en question vient d'un choix électif mûrement réfléchi, et de la connaissance profonde et intime de ce type d'oeuvre d'art et de ce qu'elle représente de façon subjective. Le plaisir ne vient pas de la pièce elle-même, en tant que telle, ex nihilo. Autrement dit, des collectionneurs novices pleins aux as vont penser s'acheter une gratification, mais n'ayant jamais lu la série en question, ne sachant et ne pouvant pas l'apprécier, ne connaissant que peu de choses de son auteur, ils n'obtiendront que de la frustration, qui sera surcompensée par l'attention accordée aux courbettes et aux compliments des flatteurs de leur entourage, souvent tout aussi ignorants qu'eux. A connaissance superficielle, plaisir et satisfaction superficielles. Une collection partant dans toutes les directions sans jamais rien approfondir et sans grande pertinence de choix révèle davantage un goût peu formé (c'est fréquent), qu'une authentique ouverture d'esprit et une réelle richesse culturelle (cela existe, c'est aussi rare qu'impressionnant, et dans ce cas les choix sont judicieux, cohérents, justifiés avec force arguments convaincants). Voilà comment des béotiens facilement influençables en viennent à faire artificiellement monter les prix et les cotes de telles et telles oeuvres d'art, au détriment des recherches des authentiques passionnés, et pour le plus grand profit d'intermédiaires divers.
Bref, il est déconseillé de surpayer aveuglément ce type de pièce, surtout quand on n'a jamais lu le Journal de SPIROU des hautes époques, à moins d'être totalement idiot, merci - ceci dit chacun fait comme bon lui semble, of course, et par définition, un idiot ne suivra pas ce conseil plein de bon sens. ;-) En outre, ne pas perdre de vue que spéculer là-dessus est un très mauvais calcul : à la revente, l'investisseur ne gagnera rien et aura même bien du mal à retrouver sa "mise" de départ. On connaît des publicités SPIROU qui sont passées de mains en mains sous le manteau jusqu'à atteindre des prix totalement artificiels, hors-sol, déconnectés de la réalité d'un marché lui-même déjà largement emballé et surfait. Leurs propriétaires, déjà lassés, savent qu'à moins de plumer un autre gogo, ils doivent se résoudre à revendre ces pièces à perte, bien en-dessous de la valorisation qu'on leur a fait miroiter, et sans l'ombre des mirifiques plus-values auxquelles ils ont cru dur comme fer. Voilà, voilà, c'est dit. Sans viser qui que ce soit en particulier, et sans vouloir froisser personne, of course ;-) Que chacun collectionne comme il l'entend. Bons partages sur 2DG !


Publication

  • Sophie et le rayon Kâ
  • Dupuis
  • 01/1971
  • Page 54

Voir aussi :   Sophie

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A propos de Jidéhem

Jean De Mesmaeker, dit Jidéhem, né à Bruxelles est un scénariste, dessinateur et décoriste de bande dessinée belge, représentant de l'école de Marcinelle. Assistant de Franquin sur les séries Spirou et Fantasio et Gaston Lagaffe, il créera ensuite Sophie, sa série la plus connue. Influencé par le travail de Maurice Tillieux et de sa série Félix, il crée une série policière dont le héros est également un détective du nom de Ginger dont les premières planches apparaissent en 1954 dans le journal Héroïc-Albums, dirigé par Fernand Cheneval, aux côtés de Greg, Tibet et Tillieux lui-même. C'est alors qu'il prend le pseudonyme de « Jidéhem », créé à partir des initiales de son nom. En 1957, Jidéhem entre au journal Spirou. Charles Dupuis l'envoie épauler André Franquin sur les séries Spirou et Fantasio et Gaston Lagaffe, pour lesquels le jeune homme assure les décors et l'encrage Jidéhem reprend également à Franquin les illustrations de la série Starter — nom d'un jeune mécanicien qui fait des « essais voiture — qu'il continuera jusque dans les années 1980. Finalement Sophie, petite fille espiègle et malicieuse créée dans l'aventure de Starter L'Œuf de Karamazout, est si populaire qu'elle devient l'héroïne d'une série de vingt albums publiés jusqu'en 1995 chez Dupuis.