Slava - tome 1 - planches 76 et 77

Slava, la trilogie russe de Pierre-Henry Gomont aux éditions Dargaud (2022-2024)

Planches 76 et 77 du premier tome

Signées en bas à droite

En 2022, j’étais impatient de découvrir la nouveauté de Pierre-Henry Gomont, un de mes auteurs préférés. J’étais d’autant plus impatient que cette nouveauté s’annonçait comme le premier album d’une trilogie, première pour Pierre-Henry Gomont qui avait jusqu’alors pour habitude de faire des one-shots. Un projet qui s’annonçait bien plus ambitieux que d’ordinaire et c’est maintenant confirmé. Avec ces trois tomes, l’histoire s’est étoffée de page en page et les personnages ont gagné en profondeur de manière assez intense et jusqu’au dénouement. Et ce sont justement ces personnages bien campés dès le premier tome qui m’ont donné envie d’acquérir cette double planche. Ils sont tous là : Slava, Lavrine, Nina et Volodia. Un quatuor comme je les aime et que j’ai eu grand plaisir à suivre.
On retrouve ici Volodia frais comme un gardon… ou plutôt stoïque et bien éméché avec son incroyable regard hagard représenté par cette géniale flèche toute en sinusoïde au-dessus des autres personnages. Je suis ultra fan. Lavrine est quant à lui fidèle à lui-même. Business is business. Quant à Slava et Nina, ils sont déjà en train de batifoler. Enfin, Slava surtout, Nina étant toujours soucieuse de sauvegarder son patrimoine coûte que coûte.

Je voulais les quatre personnages mais pas que ! Je voulais aussi une ambiance et ici, deux cases m’ont particulièrement marqué. Enfin une encore bien plus que l’autre. J’aime beaucoup le dernier strip de la planche de gauche. L’ambiance de nuit est parfaitement retranscrite avec les deux ombres chinoises éclairées par les phares de voiture et qui fondent vers nous. J’adore aussi cet arrondi donné par la balustrade qui vient renforcer le point de fuite de cette case et nous accompagne vers la planche suivante. Quant à cette grande case centrale de la planche de droite, c’est juste ma case préférée de ce premier tome. Le clocher, les arbres, les ombres, les pavés, la voiture et cette descente effrénée de Nina et Slava… on est pour moi dans le sublime. D’ailleurs, cette case est si marquante qu’elle a été imprimée en grand format pour servir de publicité pour les libraires et elle a été reprise à maintes reprises dans les médias au moment de la sortie du premier tome.
A noter également, de manière plus anecdotique, que les ombres chinoises de Nina et Slava de l’avant dernière case ont été utilisées pour le quatrième de couverture du dossier de presse du premier tome. Et pour finir, un grand dilemme reste au niveau familial sur cette double planche et plus précisément sur la phrase prononcée par Nina « Si on ne vend pas les machines ce soir, on va rater le coche et toute la vallée sera sur le carreau ». Pierre-Henry Gomont est plein d’esprit et je pense qu’il y a un jeu de mot avec le carreau de la mine, le patrimoine de Nina n’étant autre qu’une mine. Mais tout le monde n’est pas d’accord avec moi. Je suis même seul dans mon délire et le mystère reste entier ! Une déformation professionnelle probablement et cela fait deux ans que je dois poser la question et j’oublie. C’est que cela ne doit pas être si important que ça et cela n’enlève en rien la qualité de cette double planche.

Vous l’aurez compris, cette double planche, elle m’avait tapé dans l’œil et je suis très chanceux ! Pierre-Henry Gomont est un grand, un très grand.