Comment
C’est chez Peyo que François Walthéry fit son apprentissage dès septembre 1962. Il n’avait alors que seize ans! Délaissant rapidement les Schtroumpfs pour Benoit Brisefer, son trait prendra sa maturité dans les pages du Journal Spirou aux côtés de ses Maîtres :Franquin, Tillieux, Will, Jijé, Hubinon, etc… Il prendra son indépendance en 1970 en osant lancer sa propre création :Natacha, montrant ainsi à ses ainés de quoi il était capable.
C’est en 1973 que cette course poursuite à la «Bulitt» se trouva publiée dans les pages du journal Spirou, et l’année suivante en album souple aux éditions Dupuis! Une histoire sombre et violente à mettre à part dans la série Natacha. A ce moment, le dessinateur fait face au décès de son père, le poids du deuil se ressentira dans son travail. Walthéry a l'habitude de donner les traits de ses amis à certains de ses personnages. Ainsi Maurice Tillieux et son éternelle cigarette campera un des gangsters sous les traits de ce personnage secondaire qui poursuivra Natacha dès cette page 3. Cette planche laisse Natacha absolument muette, sans le moindre mot de répartie, alors que l’absence totale de dialogues dans la seconde demi planche renforcera encore l’action de la mise en scène et du découpage dans l’appartement liégeois de l’hôtesse de l’air.
Histoire adaptée d’une nouvelle d’Etienne Borgers, à propos de laquelle Walthéry raconte que "Les deux premiers épisodes de Natacha scénarisés par Gos me plaisaient beaucoup mais je cherchais quelque chose de plus musclé, de plus brutal, dans la veine de «French Connection» et de «Bulitt», la tendance de l’époque. Finalement, notre seule erreur est d’avoir conçu une histoire courte car nous avions la matière suffisante pour un récit de 44 planches. A cette époque et contrairement à certains auteurs, je n’osais pas tirer mes histoires trop en longueur. Dans le cadre de La Mémoire de Métal, c’est une erreur. On aurait pu aller plus loin."…. "Il faut savoir que les séquences d’action sont pour moi assez épuisantes physiquement et sans commune mesure avec la réalisation d’une page de discussion". (A propos de Natacha, 03/2004, interview de Caluwaerts-Taymans-Wurm)
Dans le courant du second trimestre 2009, les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique organisèrent l’exposition Les regards croisés de la bande dessinée belge à Bruxelles. Pour l’occasion, une sélection de planches premium y fut exposée au grand public. Cette troisième planche de la Mémoire de Métal se retrouva ainsi présentée au côté des plus grands classiques. Véritable morceau de bravoure, elle fut également retenue au moment d’illustrer l’une des 230 pages du catalogue de cette exposition pour son chapitre 4 consacré à "Walthéry, le dernier des classiques" (c.f images additionnelles). Cette planche servira également à Thierry Martens, le Monsieur Archives du Journal de Spirou, pour présenter la série dans son gros bouquin sur les 50 ans du journal en 1988 (c.f images additionnelles). Elle se retrouve encore dans "François Walthéry, une vie en dessins" édité chez Champaka en 2019. Il parle de cette planche "historique" pour lui faisant notion au fait que c'est la première apparition de Maurice Tillieux en méchant (c.f images additionnelles).