Long John Silver - Lady Vivian Hastings

Assurément Mathieu Lauffray est un très grand dessinateur. Mais son art transcende le dessin à proprement parler, ce n’est pas un virtuose de plus. Bien sûr, chacun essaiera d’identifier l’influence de tel ou tel autre dessinateur, Ribera ou Loisel par exemple. A la vérité l’important est ailleurs, ce qui est passionnant chez lui, c’est sa démesure. La mise en page éclatée, les couleurs, l’alternance des techniques et la richesse de la palette…. Il puise à plusieurs sources qui ne sont pas toutes en BD. J’y vois du Philippe Druillet, j’y vois l’influence de l’univers américain, comics et cinéma, j’y vois un sombre expressionnisme.... Dans tous les cas de figure, grâce à lui, Long John Silver tient tout autant du roman d’aventures que du gothique macabre grandiloquent.

Les aventures maritimes sont décidément le cadre des portraits les plus violents et passionnants d’obsédés jusqu’au-boutistes, jusqu’aux confins de la folie, les héros de Melville, Conrad et Stevenson par exemple, ou les personnages de Riff Reb’s et de Lauffray. Ce sont les lointains descendants d’Ulysse (Pratt s’inscrivant dans une autre interprétation du romantisme).

La Vivian de la dédicace est une merveille, perfide et vénéneuse mais délicate et fragile.