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Gus Bofa, Lettre autographe de 4 pages - Original art
92 

Lettre autographe de 4 pages

Original art
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Added on 2/9/25
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« Mardi soir et mercredi matin.
Ma chère amie, je devrais peut-être revenir, cette fois, au crayon, eut égard à la solennité des choses. Mais cela me gênerait pour vous remercier de votre lettre comme je le veux. Je n’ai pas besoin de vous dire que j’ai été ému et fier que vous ayez pensé à associer mon nom à celui de Prosper, pour la postérité. Mais surtout du ton affectueux de votre lettre, et surtout de la façon que vous me l’annoncez. Ni plaisamment, ni solennellement. Avec une amitié confiante, affectueuse, sure d’elle-même et de celle qui la reçois. Je voudrais vous remercier avec le même ton, les mots – sans littérature, d’homme sincère. Ce qui n’est pas commode. En vieillissant, je prends une grande horreur des mots, même arrangés d’une façon ingénieuse et, d’une manière générale, de n’importe quel moyen d’expression autre que le regard. J’ai vu l’autre jour, près de l’asile de nuit de la rue de Tocqueville, deux clochards sourds muets, dont un assez jeune. Depuis, je suis en admiration devant le [souvenir] de leurs regards. Ils ne se quittaient pas des yeux une seconde et y mettaient une intensité, une constance et une volonté d’intelligence, étonnantes. A peine quelques gestes de la main ou du bras pour appuyer les accents toniques. J’ai pensé à vous et à votre « femme sincère ». Je suis sûr que vous arrivez peu à peu en ce moment à votre sincérité c’est-à-dire à un équilibre à peu près stable entre les cinq ou six Lucienne Favre principales. Mais il faudra communiquer ça aux lecteurs ! L’essayer puis voir leur réaction et essayer de les comprendre. Non pas seulement chez des snobs et l’« élite ». Ceux des lecteurs sincères, eux aussi, qui cherchent le contact ! Pourquoi il ne faut pas assez en faire pour Prosper n°5, à travers lequel votre pensée va aux gens sensibles, à peu près [xxx] qu’avec le Prosper 3 ou le Prosper 4. Le succès toujours de mauvais aloi n’est pas une raison d’ailleurs pour le refuser ! Je crois que je suis en train de vous raser avec de bien mauvaise littérature. Cela tient au jour et à l’heure. J’ai commencé cette lettre vers minuit et j’ai écrit « ma chère amie » après quoi j’ai dessiné jusqu’à maintenant (il doit être 8 heures aux montres des gens ordinaires) pour cette raison [sublime] je suis porté avec des excès vers les spéculations fumeuses. Pardonnez-moi et ne gardez de ces pages assommantes que le merci qui était la seule chose à dire et l’amitié affectueuse et profonde qu’il est inutile de mentionner. Portez-vous bien au milieu de votre printemps algérien et de votre calme revenu. Ici il fait noir, sale et triste et il pleut. Je vous souhaite tous les bonheurs possibles. Et aussi quelques [liens d’impossibles].
Votre Gus Bofa »

NB : Il s’agit certainement d’une lettre à son amie l’écrivaine Lucienne Favre qui a longtemps séjourné puis vécu en Algérie et que Colette contribua à faire connaitre. Gus Bofa et Lucienne Favre ont longuement correspondu ensemble

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About Gus Bofa

Gus Bofa, whose real name was Gustave Blanchot, was born in Brive-la-gaillarde, France, in 1883. From 1900, he started selling his first illustrations to magazines like Le Sourire, Le Rire and La Risette. He went to study Fine Arts in Paris, where he was also involved in several sports, like boxing. From 1905 until 1914 Gus Bofa was co-director of the Office d'Art et Publicité and mainly involved with making posters. He also wrote stories for the press, music hall revues, and theatrical chronicles for Le Rire and Le Sourire. His art additionally appeared in magazines like Le Rire, Le Sourire, La Petite Sirène, La Joie des Enfants and L'Illustré à Cinq Centimes. When the First World War started, Bofa was sent to the battlefields as an artist. His assignment was to make an artist's report of the acts of war. He nearly lost his leg in December 1914, and returned to Paris and started working for the satirical war magazine La Baïonnette. He made several comics and illustrations, such as 'Chez les Toubibs', which relates to his stay in the army hospital. His work eventually turned to anti-war propaganda, and still stays notable for its historical and artistic value. After the war, Gus Bofa started making illustrations for luxuary books by writers like Mac Orlan, Courteline, Swift, Voltaire, De Quincey, Cervantès and Octave Mirbeau. Text (c) Lambiek