Leonard 2 VINCI

Splendide portrait pleine page au fusain du génie toscan de la peinture et des créations techniques du XVème siècle.

Choc esthétique

Lorsqu'un génie contemporain rencontre un génie de l'Histoire de l'Art: et on viendra encore me dire que la bande dessinée n'est pas un art à part entière, qu'elle continue à se diriger vers des créations pour les enfants, les adolescents et les post-adolescents retardés. Certes une partie de la gigantesque production annuelle de plus de 5000 titres est orientée dans cette direction, et c'est tant mieux pour les enfants, les ados et les post-ados...

Mais tout comme dans l'Art pictural qui présente une variété de styles et de techniques infinie qui n'a d'égale que l'ampleur de la différence de qualité des œuvres qui s'y entassent, la bande dessinée révèle parfois une réalisation exceptionnelle qui transcende le commun des éditions et perfore avec violence le magma coloré dans lequel on se perd régulièrement.

Léonard 2 Vinci est une œuvre majeure, elle lie avec une élégance percutante la science fiction, la grande histoire, la mythologie et les peurs incontrôlables d'une humanité qui n'a pas terminé de se chercher. Elle incorpore dans une atmosphère "Lovecraftienne" certaines des œuvres les plus marquantes d'un subtil et puissant Léonard, des parfums élégants de la renaissance, des monstres incommensurables à la Frankenstein, des horreurs indicibles à la Cthulhu et à la Coatlicue: on y perçoit quelques fois un travail de la matière encrée à la Alberto Breccia. Mais elle n'est pas que cela: elle est surtout le trait magistral de Stéphane Levallois qui parvient à rejoindre celui de son personnage. Et pourtant, qui dirait que ce soit possible tant la maitrise technique et conceptuelle du maître paraît hors d'atteinte.

Et bien Stéphane levallois le fait, il crée une illusion graphique si précise, d'une qualité technique si aboutie, d'une sensibilité si renversante qu'il donne l'impression que Léonard lui a prêté sa main. Preuve en est ce portrait au fusain, jeté sur la page en un seul trait continu, en un seul jaillissement, en une rapidité d'exécution et une perfection sidérante.

Voici un exemple parfait d'une mixité éblouissante entre peinture, dessin classique et bande dessinée.