Dans la collection de MV9957
Le Grand Tour par Max Cabanes - Dédicace
708 

Le Grand Tour

Dédicace
2019
Feutre
Ajoutée le 11/01/2020
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Le Grand Tour
César suit le Tour de France

Commentaire

Lorsque j’ai rencontré Max Cabanes, je lui ai demandé de me dédicacer Le Grand Tour plutôt qu’une de ses BD classiques, parce le vélo était mon sport de jeunesse, et j’avais donc là l’opportunité de réunir la BD et le vélo.

Cabanes se livre dans cet opus original à une chronique de « son » tour de France, qu’il a suivi comme il a pu, de hasards en galères, parfois en faisant du stop pour trouver une place dans une des voitures de la caravane, en entrevoyant des bouts de course à distance, ou en voyant de près et admirant les coureurs, mais toujours en scrutant, ironique, les à-côtés et les coulisses.

Max Cabanes excelle dans cet exercice du journalisme gonzo, et, tout en illustrant son texte de belles aquarelles, fait preuve d’un vrai talent littéraire. Après avoir lu Colin-Maillard pouvait-on en douter ? Il trouve d’admirables formules poético-sportives :

« C’est Indurain qui s’élance. C’est bien lui, cette statue grecque qui imite parfaitement le cycliste, avec cette sensation étrange que le regard intérieur du champion a suspendu le temps… »

« Il n’y a que du concret chez Kelly, de l’immédiat, un beau champion aussi mais qui arrache la route avec une hargne primitive. »

« Avec Kelly on est sur Terre, avec Indurain dans l’antimatière, la singularité. »

« On finit par le doubler pour retrouver Caritoux et Pino qui terminent la descente avec le diable sur le cadre… »

« Il faut voir ce regard de fils des âges farouches, de guerrier qui vient de voler le feu et le remonte jusqu’à sa grotte, tout en haut de l’Alpe D’Huez. »

Il fait des néologismes savoureux : « … il faut basketter comme un dératé vers les voitures… », et se met en scène : « Mercredi 5. Aujourd’hui, 650 bornes à distiller … Transfert Wasquehal – Dinard. Et comme les gars d’Antenne 2 ont couché à perpète, je me retrouve à deux doigts de l’abandon pour cause d’absence de véhicule. Les dernières voitures sont archi-pleines. Montez, boules, dans ma gorge ! Tout à coup, juste au moment où allait s’inscrire « maudit » sur mon front douloureux, voilà les gens d’Aspro ! Ils m’embarquent. Je reprends confiance dans les êtres et les choses. »

Max Cabanes accomplissait un rêve d’enfance, et on sent bien que, malgré les galères, le souvenir nostalgique des rêves évanouis est plus fort que les désillusions.

Parlant de nostalgie, j’ai déjà eu l’occasion de dire (dans mon Carnet / Si…si…si) que certaines lectures nous marquaient profondément. Je me suis soudain souvenu que parmi les Bibliothèque Rose de mon enfance, un de ceux que j’avais le plus lu était "César suit le Tour de France" de Georges Bayard, illustré par Philippe Daure. Voilà, la (grande) boucle est bouclée !

Avec Cabanes nous avons donc parlé, un peu de BD, beaucoup de vélo, et échangé les souvenirs de nos idoles sur deux roues. La nostalgie fut plus forte que la BD !

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A propos de Max Cabanes

Max Cabanes, né le 22 septembre 1947 à Béziers, est un illustrateur et auteur de bande dessinée français, principalement connu pour sa série fantastique Dans les villages (publiée depuis 1977) et pour ses bandes dessinées racontant la vie de jeunes gens dans les années 1960-1970 (Colin Maillard, Les années pattes d'eph’, Bouquet de flirts). À l'aise avec toutes les techniques du dessin, apte à exceller dans un grand nombre de genre (fantastique, chronique de société, policier), ce « faiseur de monde extrêmement doué1 » a reçu en 1990 le Grand prix de la ville d'Angoulême, plus haute récompense pour un auteur de bande dessinée francophone.