Dans la collection de MV9957
Oscar Bazaldúa Nava, Iván Santillán, La Ley del revolver # 541 - Couverture originale
2195 

La Ley del revolver # 541

Couverture originale
2006
Gouache
30 x 38 cm (11.81 x 14.96 in.)
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La Ley del Revolver # 541

Inscriptions / Signatures

Les deux signatures au dos

Commentaire

Sensacionales - LA LEY DEL REVOLVER - Oscar Bazaldúa

Fazo a fait un commentaire bref et percutant sur le magnifique exemplaire qu’il possède de ce même Oscar Bazaldúa :
« Parce qu'un gros flingue, un chapeau noir, une belle plante effeuillée et un canasson parlent au cœur de chaque homme, voici ce que les Mexican Pulp peuvent faire de mieux dans le genre !
Réalisé par l'un des "Papes" de la couv' mexicaine. Chaud mais pas trop... »

Je ne peux qu’y souscrire, merci Fazo.

Ma planche : Oscar Bazaldúa est au dessin et à l’encrage, Iván Santillán aux couleurs. Le travail sur les couleurs d’Iván Santillán est tout aussi percutant que celui d’Oscar Bazaldúa sur le dessin et l’encrage, et ses couleurs sont raccord avec la thématique et l’atmosphère.

Le talentueux Oscar Bazaldúa a travaillé et travaille pour deux univers comics : Mexique et USA. Pour ce que j’en perçois, la bande dessinée adulte mexicaine correspondant à nos canons européens est vivante mais reste marginale. A côté je découvre ce marché foisonnant des pulps mexicains (las historietas sensacionales) qui apparurent dans les années 1990-2000 sur les décombres des publications traditionnelles après l'invasion des comics US et des mangas. Ils couvraient un large spectre, des cœurs brisés jusqu'aux héros du catch en passant par le cul bien entendu.

Oscar Bazaldúa dans des genres bien précis, westerns, récits de pénitencier ou érotique, pour des séries comme « La Ley del Revolver », « Corridos Perrones », « Relatos de Presidio », « Almas perversas », « Las Chambeadoras », « Delmoniko’s Erotika », etc. produisit des couvertures incroyablement violentes et sadiques, inscrites dans un univers hyper machiste et à l’érotisme torride. Mais les effets étaient surlignés avec une telle emphase qu’on ne peut vraiment pas les prendre au sérieux, on comprend d’emblée qu’il faut les regarder au second degré, et qu’il s’agit d’un jeu outré sur certaines valeurs traditionnelles caricaturales mexicaines, un jeu sur les codes.

Ça ressemble aux films de Tarentino (d’où « Pulp Fiction » bien sûr) et de son pote le génial Robert Rodriguez (« Machete », « Une nuit en enfer », Desperado », « Planète terreur », « Sin City »).

Le marché de ces sensacionales s'est effondré dans les années 2000 et Oscar Bazaldúa travaille maintenant pour Marvel Comics. Il a pour cela beaucoup étudié le manga et adapté son coup de crayon au style mainstream de ce marché. Les super-héros sont le marqueur et référent de cet univers des comics US. Ils renvoient à une autre problématique psychanalytique, le Moi-idéal, qui est l’ “idéal de toute-puissance narcissique forgé sur le modèle du narcissisme infantile”. Vous voyez, je suis resté poli, d’autres auraient dit « des fiottes en collants ». C’est toute la problématique d’une large part de la culture de masse américaine en voie d’infantilisation rapide, dans les comics et au cinéma. C’est également un univers hyperviolent, mais je n’y sens pas le décalage ou la prise de distance grand guignolesque à laquelle je faisais référence en parlant du Mexique.

Des cinéastes mexicains ont réalisé certaines des meilleures œuvres du cinéma américain de ces dernières années avant de se faire récupérer par la machine hollywoodienne ; je pense à Guillermo del Toro avec des œuvres aussi magiques que « Le labyrinthe de Pan » ou « La forme de l’eau », ou à Alejandro González Iñarritú avec « Amours chiennes », « 21 grammes » et « Babel ». Le scénariste de González Iñarritú sur cette trilogie était Guillermo Arriaga, qui scénarisa également « Trois enterrements » de Tommy Lee Jones, ce qui m’amène à penser que ces dernières années les films sur cette frontière, dans la lignée d’Orson Welles avec « La Soif du mal » bien sûr, comptent parmi ce qui s’est fait de mieux au cinéma avec « Sicario » de Denis Villeneuve et « No country for old men » des frères Coen.

Oscar Bazaldúa semble être un magnifique représentant de ces talentueux mexicains qui jonglent avec facilité avec ces deux univers. Il convient cependant de mettre un bémol d’importance à ce portrait : vu le volume invraisemblable de pulps sortis des presses (des centaines pour le seul Bazaldua en 30 ans de carrière), une bonne partie de ses travaux ne présente aucun intérêt artistique ou est bâclée, les séries érotiques en particulier.

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A propos de Oscar Bazaldúa Nava

Oscar Bazaldúa Nava, artiste vénéré au Mexique, est né en 1967. Il étudia d’abord dans une « Commercial Art School » dont le bâtiment s’effondra lors du tremblement de terre de Mexico de 1985. Contraint d’abandonner ses études il devint alors l’assistant pendant 3 ans du vieux maître Sixto Valencia, auteur et éditeur de Mad au Mexique, aux manettes alors de Memín Pinguín, un des personnages iconiques (et controversés vu que c’est un petit noir des rues assez caricatural) de la BD mexicaine traditionnelle. Oscar Bazaldúa devint dans les années 1990-2000 un dessinateur fondamental des séries sensacionales des éditeurs Toukan et Mango. Entré depuis dans l’univers Marvel, il a dessiné La Chatte Noire (Black Cat) et a travaillé sur nombre d’autres titres des franchises US comme Spiderman, Suicide Squad, ou encore l’adaptation BD de Rogue One – A Star Wars Story. Il a également travaillé pour Les Humanoîdes.

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