L’Indésirable Désiré - Contrebande et contrebasse – Couverture originale accompagnée de son bleu de coloriage et film.

Couverture du 4 ème tome de la série.

Indication manuscrite de Mittéï, à la mine de plomb, en haut. Signé.

Publié, dans la collection Vedette des Editions du Lombard, en janvier 1974.
Publié dans l’intégrale des éditions "Le coffre à BD" sous le titre « Intégrale 1966-1967 » en 2014.
L’histoire « Contrebande et contrebasse » a été prépubliée :
- dans le journal Tintin N° 43 du 25 octobre 1966 au N° 49 du 6 Décembre 1966 en ce qui concerne l’édition Belge de la revue ;
- dans le journal Tintin N°947 du 15 Décembre 1966 au N°951 du 12 Janvier 1967 en ce qui concerne l’édition Française de la revue.
Avec une couverture identique pour le N° 43 et 947.


Dessinateur (alias Mittéï*) et scénariste (alias Hao), Jean Mariette est apprécié des connaisseurs des œuvres de cet hommes de l'ombre qu’il était («L'indésirable Désiré», «Les trois A», la reprise de «Modeste et Pompon», «Prudence Petitpas» ou encore son adaptation des «Lettres de mon moulin»), ses collaborations forcent par contre l'intérêt.
Mittéï travailla avec Franquin, Tibet, Greg, Tillieux, Atanasio, et fut surtout découvreur de talents comme Dany, Renoy, Di Sano - la liste est loin d'être complète - mais surtout, d'une tripotée d'auteurs liégeois comme, entre autres, Walthéry, Seron ou Laudec.
De ses quarante ans de vie plus qu'active au sein de la bande dessinée belge, son nom fut associé à des dizaines d'auteurs, parfois, à tort, plus estimés que lui.

Mais Mittéï, c’est d’autres facettes artistiques.
« Ça c'est le bagne », désigne Mittéï en montrant une planche de BD dans l’émission Belge «Télétourisme». « Mais l'aquarelle, c'est la liberté ».
On découvre alors un peintre naturaliste étonnant, d'un talent, d'une tendresse et d'une poésie soudain très émouvante.
« L'aquarelle vous domine parce qu'elle coule », expliquait l'artiste. « Il y aurait moyen de peindre 10 vies sur une surface de 10 kilomètres carrés ».
Ses paysages de la vallée mosane, de la Julienne, de Cheratte ou du plateau de Herve sont autant de gouttes de rosée du temps qui passe déposées délicatement sur le carton pour l’éternité.


Revenons maintenant à la série « L’indésirable Désiré ».

Quoi que l’on en dise, cette série fit les beaux jours du journal Tintin dans les années 60-70.
Il n’aurait probablement jamais vu le jour sans le retard de livraison des planches d’Albert Weinberg.
En effet, les premiers gags de « L’Indésirable Désiré » ont été publiés en catastrophe en 1960 pour combler le vide laissé par l’absence des planches « Duel dans le ciel » des aventures de Dan Cooper.

Et c’est dès 1964 que cet antihéros prend du galon, puisqu’il est publié sous forme de récits en plusieurs pages, avant de devenir vedette d’histoires au long cours, quatre ans plus tard.


Attardons-nous maintenant sur cette couverture.
Nous y retrouvons le héros et son inséparable contrebasse, dans un décor digne du bord de Meuse à Liège**, tous deux transbahutés dans une Citroën Trèfle.
Ce serait-il inspiré de Franquin qui fera promener ses héros, Spirou et Fantasio, dans la même voiture pour l’histoire « Spirou et les héritiers » en 1952 ? (Voir visuel en annexe).
Je ne le pense pas. Par contre, il est fort probable qu’il se soit inspiré de cette même voiture qui était conduite par un de ses proches voisin, Monsieur Lambert Gillard.
Par contre, ce qui est sûr, C’est que la plaque NV457 était celle de la voiture Citroën de son garagiste, Monsieur Jean Bourdouxhe, qui officiait à Dalhem, près de Cheratte ou habitait Mittéï.
C’est d’ailleurs après chaque entretien de sa voiture que Mittéï jouait un morceau ou deux au piano avec son garagiste.
Et oui … Mittéï était également un talentueux pianiste de jazz !
Pour évoquer sa passion du jazz, on pensera à son orchestre les « Fou'square », et à la « Jazzbande dessinée » qui rameuta à Cheratte, quelques années durant, la crème des dessinateurs.

Mittéï, artiste aux multiples dons, fut « un incurable anticonformiste qui a consommé sa vie avec truculence » comme le souligna, avec émotion, sa fille Gisèle, le vendredi 20 avril 2001, lors de ses funérailles en la petite église Saint-Joseph de Cheratte-Haut.

Dix ans après son décès, la ville de Visé a balisé deux promenades, reprenant des itinéraires autrefois parcourus par le dessinateur.

Autre très belle couverture de cette série sur 2DG
https://www.2dgalleries.com/art/l-indesirable-desire-t2-91694

* Il se faisait appeler Mitteï parce que c'était le diminutif de son épouse Marie-Thérèse.

** Un parlant de décor à Liège, nous trouverons dans cette histoire, en page 16, case 10, le café restaurant « La brasserie des Terrasses » qui se trouve au coin du Boulevard Piercot et de l’Avenue Rogier.