In falonex 's collection
Jerry Spring #9 - Fort Red Stone - planche 16
Ink
Crayons et gouache blanche.
35 x 46 cm (13.78 x 18.11 in.)
Added on 1/8/21
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Description
Fort Red Stone est la 12e histoire de Jerry Spring, et la 8e en tant qu'album. Planche n°16 correspondant à la page 18 de l’album broché édité aux éditions Dupuis en 1960. Pré publication dans le journal de Spirou n°1076 du 27 novembre 1958, puis dans les intégrales Tout Jijé n°7 en 1994 et Jerry Spring n°3 en 2011.
La troisième case du dernier strip a été utilisée comme 4e de couverture de l'intégrale néerlandaise.
La troisième case du dernier strip a été utilisée comme 4e de couverture de l'intégrale néerlandaise.
Inscriptions
Dans la marge au crayon bleu indication du numéro et de la page du Spirou où apparaîtra la planche
Comment
Parvenus à Fort Red Stone, Jerry décide de se rendre immédiatement au campement du chef Renard Rêveur en compagnie du lieutenant Parson et de quelques cavaliers, tandis que Pancho prétexte une soudaine crise de rhumatismes pour rester paresser au lit. Mais les Indiens, qui surveillent le fort, décident de profiter de l'affaiblissement momentané de la garnison pour passer à l'attaque : une partie de la tribu va tendre un piège au petit détachement de Jerry et Parson, tandis que le reste va se lancer à l'assaut du poste mal défendu. Au dernier moment, l'intervention de Pancho, dont la crise de rhumatismes n'était qu'un prétexte pour pouvoir discrètement couvrir les arrières de Jerry, fait échouer l'embuscade et sauve les soldats du lieutenant Parson. Le détachement fait demi-tour, poursuivi par les Indiens, et retourne à bride abattue vers le fort.
Parmi les trésors du patrimoine graphique européen, les planches de Jerry Spring occupent une place à part : elles incarnent le moment où la bande dessinée franco-belge a basculé vers une maturité narrative et esthétique nouvelle. La planche présentée ici en est, à mon sens, une illustration éclatante. Même si Fort Red Stone ne constitue pas un album majeur de la série Jerry Spring, on trouve ici le travail d’un homme au sommet de sa puissance, elle réunit dynamisme, lisibilité et sens du mouvement dans une mise en scène extrêmement pensée, chaque case agence avec efficacité la tension et le rythme, alternant plans larges et rapprochés pour renforcer la dramaturgie…
Il paraît que Jijé dessinait souvent sans crayonné. Je trouve que cette spontanéité transparaît ici à plusieurs niveaux :
- les chevaux lancés à vive allure, rendus par des postures audacieuses et des angles de vue inhabituels (quatrième case) ;
- les lignes de forces (notamment dans la charge et la chute du cavalier) qui guident l’œil sans jamais perdre en lisibilité ;
- un enchaînement limpide de gestes : la chevauchée, le tir, la balle, le cheval qui tombe, la chute roulée de Pancho, puis sa reprise de course à pied.
Le découpage de la chute dans le dernier strip est exemplaire : trois images successives où le personnage bascule, roule et se redresse dans un mouvement continu. Avait-on vu, à l’époque, beaucoup d’auteurs oser un tel déploiement chorégraphique ?
Chaque élément reste immédiatement compréhensible : l’espace, les positions des protagonistes, la direction des tirs, la progression dramatique. Jijé évite tout encombrement superflu – un style qui influencera directement son élève de l’époque : Jean Giraux. Je trouver que cette planche n’est pas seulement belle, elle est exemplaire sur le plan didactique, montrant comment raconter une action complexe par le seul langage du dessin.
Alors, bien sûr, me direz-vous, cette planche n’est pas centrée sur le héros qui n’apparaît « que » dans deux cases, ni sur les indiens qui n’apparaissent « que » dans trois cases, ni sur les chevaux qui n’apparaissent « que » dans quatre cases, mais plutôt sur Pancho qui apparaît dans cinq !!!! Alors, oui, me direz-vous, certains personnages présentent corps un peu rigide ou caricatural, qui tranche avec la fluidité habituelle du trait de Jijé… Alors, bon, me direz-vous, ça manque de décors et quelques fonds sont assez sobres… mais bon sang… quelle planche tout de même !!!
Parmi les trésors du patrimoine graphique européen, les planches de Jerry Spring occupent une place à part : elles incarnent le moment où la bande dessinée franco-belge a basculé vers une maturité narrative et esthétique nouvelle. La planche présentée ici en est, à mon sens, une illustration éclatante. Même si Fort Red Stone ne constitue pas un album majeur de la série Jerry Spring, on trouve ici le travail d’un homme au sommet de sa puissance, elle réunit dynamisme, lisibilité et sens du mouvement dans une mise en scène extrêmement pensée, chaque case agence avec efficacité la tension et le rythme, alternant plans larges et rapprochés pour renforcer la dramaturgie…
Il paraît que Jijé dessinait souvent sans crayonné. Je trouve que cette spontanéité transparaît ici à plusieurs niveaux :
- les chevaux lancés à vive allure, rendus par des postures audacieuses et des angles de vue inhabituels (quatrième case) ;
- les lignes de forces (notamment dans la charge et la chute du cavalier) qui guident l’œil sans jamais perdre en lisibilité ;
- un enchaînement limpide de gestes : la chevauchée, le tir, la balle, le cheval qui tombe, la chute roulée de Pancho, puis sa reprise de course à pied.
Le découpage de la chute dans le dernier strip est exemplaire : trois images successives où le personnage bascule, roule et se redresse dans un mouvement continu. Avait-on vu, à l’époque, beaucoup d’auteurs oser un tel déploiement chorégraphique ?
Chaque élément reste immédiatement compréhensible : l’espace, les positions des protagonistes, la direction des tirs, la progression dramatique. Jijé évite tout encombrement superflu – un style qui influencera directement son élève de l’époque : Jean Giraux. Je trouver que cette planche n’est pas seulement belle, elle est exemplaire sur le plan didactique, montrant comment raconter une action complexe par le seul langage du dessin.
Alors, bien sûr, me direz-vous, cette planche n’est pas centrée sur le héros qui n’apparaît « que » dans deux cases, ni sur les indiens qui n’apparaissent « que » dans trois cases, ni sur les chevaux qui n’apparaissent « que » dans quatre cases, mais plutôt sur Pancho qui apparaît dans cinq !!!! Alors, oui, me direz-vous, certains personnages présentent corps un peu rigide ou caricatural, qui tranche avec la fluidité habituelle du trait de Jijé… Alors, bon, me direz-vous, ça manque de décors et quelques fonds sont assez sobres… mais bon sang… quelle planche tout de même !!!
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About Jijé
Joseph Gillain, better known by his pen name Jijé was a Belgian comics artist, best known for being a seminal artist on the Spirou et Fantasio strip (and for having introduced the Fantasio character) and the creator of one of the first major European western strips, Jerry Spring.