Commentaire
En 1988-89, le détective Jack Palmer s'émancipe de ses histoires complètes pour se balader dans l'Actualité, à travers des gags en une planche, publiés dans VSD, Télérama ou l'Echo Des Savanes.
Ces gags sont les prémisses de la carrière de l'auteur dans le dessin de presse.
Pétillon se révèle aussi efficace dans le gag court que dans le récit de longue haleine, ce qui n'étonne personne vu qu'il maniait l'écriture du strip avec brio, en tant que scénariste du "Baron Noir", série animalière au contenu ouvertement politique et publiée quotidiennement dans "Le matin de Paris" de 1976 à 1981 (Yves Got au dessin).
Pour revenir au présent visuel, Jack Palmer, pleine bonne volonté mais grand spécialiste du Rien, traîne sa dégaine dans tous les secteurs qui font l'actualité du moment. Ici, le secteur de la recherche, puisque'à l'époque, la France se vantait d'être en avance sur tous les autres pays quant à la découverte d'un vaccin contre le Sida.
D'un point de vue stylistique, on notera le goût récurrent de l'Auteur pour le slow burn, procédé humoristique popularisé par Tex Avery et les dessins animés américains de la Warner à la même époque, où le héros se prend un coup de maillet sur le pied ultra violent, mais ne (sur)réagit qu'après un décalage anormalement long, précédé d'un incongru stoïcisme qui crée le rire.
Petillon dilate le temps de lecture de sa scène en multipliant les cases identiques, et en gérant le rapport "silence-parole" à la perfection.
Une économie de moyens et un dessin très ligne claire renforcent l'efficacité d'un gag sans effets de manche apparents. C'est le lecteur qui fait tout le boulot et qui remplit les pointillés.
On a presque envie de citer Lubitsch.
Repris en Album dans "Un détective dans le Yuca"(1989)
(Panorama de la carrière de Petillon: oeuvre 2)