Dans la collection de MV9957
Iris par Keko - Illustration originale
520 

Iris

Illustration originale
1990
Encre de Chine
17.5 x 29 cm (6.89 x 11.42 in.)
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Keko
Relatos de Verano - Iris
Relatos de Verano - Iris
Relatos de Verano - Iris
Relatos de Verano - Iris
Relatos de Verano
Keko et Antonio Altarriba à Toulouse
Moi, Assassin
Moi, Fou
Moi, Menteur

Commentaire

J’ai découvert Keko avec « Moi, Assassin », complété par la suite par Moi, Fou et Moi, Menteur, pour former la « Trilogie du Moi », appelée « Trilogie Egoïste » en Espagne. J’ai pris une énorme baffe. Keko (José Antonio Godoy Cazorla) y met en images les histoires du génial Antonio Altarriba (*1). C’est une réflexion sur le mal, qu’Altarriba ouvre par une citation du Marquis de Sade : « Cette manie bizarre de faire le mal pour le seul plaisir de le faire est des passions de l’homme la moins comprise et par conséquent la moins analysée, et que je croirais cependant possible de faire rentrer dans la classe commune des délires de son imagination. »

J’ai essayé par divers canaux de pouvoir acquérir une des planches de cette œuvre. J’ai demandé à deux amis galeristes, un à Madrid et l’autre parisien, qui l’a rencontré ... sans succès car hélas il travaille sur des calques ou à la palette graphique… Ça m’était déjà arrivé avec Sean Philips pour Fondu au Noir, pour qui j’avais donc été obligé de me rabattre sur des travaux antérieurs. J’ai donc ravalé ma frustration et me suis rabattu sur des illustrations que Keko avait réalisées pour les journaux El País et ABC. Cette illustration est une de celles que Keko réalisa pour la nouvelle Iris de Stephen Greenleaf, publiée par El País Semanal dans une série de polars illustrés par de grands noms : Relatos de Verano.

Comme beaucoup d’autres auteurs espagnols de cette génération, la disparition des magazines de comics le contraignit à chercher d’autres champs d’activité. Les travaux d’illustration pour les journaux El País, El Mundo ou ABC lui permirent de continuer à rester créatif. Il avait commencé sa carrière dans le magazine Madriz au mitan des années 80, et il travailla par la suite pour des magazines tels que Medios Revueltos, Totem, El Ojo Clínico, Nosotros somos los muertos, entre autres, et même dans Métal Hurlant et Rolling Stone. En parallèle, il a dessiné plusieurs albums de BD (certains sur ses propres scénarios).

Keko se base pour ses BD sur des découpages et mises en page d’un grand classicisme, il s’autorise peu de fantaisies. Cette grille ajoutée à son noir & blanc très particulier ressemble aux couloirs d’Alcatraz et exerce une pression angoissante sur le lecteur. Pour les illustrations, et celle-ci en particulier, on retrouve son expressionisme brutal et étouffant. Pas de hachurage ou de pointillisme pour donner des ombrages, des nuances des gris, des détails ou du volume, c’est un trait à grands coups de pinceau, épais mais net et coupant. C’est un pur N&B où le noir domine, c’est un univers à la M le Maudit.


(*1) Antonio Altarriba est un des très grands scénaristes de la BD moderne, un de ceux que je chéris tout particulièrement. On peut aimer le dessin, ce qui est mon cas, mais si on aime la BD, alors le scénariste est aussi important que le dessinateur. Antonio Altarriba est un des scénaristes qui donnent à la BD une véritable ambition artistique comparable à une véritable grande œuvre littéraire. Il est d’ailleurs professeur de littérature française à l’Université du Pays Basque, ainsi qu’essayiste, romancier et critique de BD. Je l’avais découvert avec le multirécompensé L’Art de Voler qui m’avait enthousiasmé. Il s’était alors associé à Kim pour le dessin, pratiquant en la matière, avec talent, l’art du contre-emploi puisque Kim vient du dessin humoristique underground (un homme charmant par ailleurs, que j’ai rencontré) ; c’est un peu comme Tavernier choisissant Galabru pour Le Juge et l’Assassin.

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