In Boris 's collection
Gimenez, La Caste des Méta-Barons
Mixed Media
Encre de chine, encres de couleur, aquarelle
Encre de chine, encres de couleur, aquarelle
23.5 x 32.5 cm (9.25 x 12.8 in.)
Added on 7/17/20
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Description
Planche 59 de l'album "Doña Vicenta Gabriela de Rokha, l'Aïeule", sixième tome de la saga de "La Caste des Méta-Barons", 1999, par Juan Gimenez sur une scénario de Alejandro Jodorowsky.
Inscriptions
Signée en grand au dos
Comment
Lorsque j'arpentais à de maintes reprises les coins et recoins de la Galerie Daniel Maghen, à l'automne 2019, pour la première grande exposition de Juan Gimenez, je n'imaginais pas que ce serait la dernière occasion d'admirer de son vivant l'oeuvre de ce géant argentin du neuvième art. Petit homme voûté et d'apparence fragile, il ressemblait moins au Méta-Baron qu'à un gentil papy souriant. Mais son esprit pétillait et restait un brin moqueur. Quand je lui ai avoué un peu platement mon admiration sans borne pour ce personnage haut en couleur, que j'aime tant, il m'a répondu "oui, moi aussi" en riant!
On retrouve dans cette planche une grande partie de ce que j'aime dans cette série qui a rassasié ma soif de science-fiction dans les années 90: des couleurs somptueuses, un dessin à la fois précis et poétique, un monde improbable (la "terre Téflon"), des portraits du Méta-Baron et sa dulcinée aveugle Dona Vincenta, la nef délicatement posée et l'un de ces dialogues "à la Jodo" dont je ne me lasse pas. Le Méta-Baron rappelle, s'il en était besoin, qu'il a certes "une tête en acier" mais que son "coeur est humain". Surtout, on trouve ici référence au moteur de l'histoire, cet "Oedipe" inversé et torturé qui pousse chaque père à devoir tenter de tuer son fils. "Oh, un futur Méta-Baron, mon fils! Les Castaka se perpétuent!" Tout cela serait peut-être un peu lourd s'il n'y avait aussi le dialogue entre les deux robots, Tonto et Lothar, qui bioprésentent ces événement biodramatiques d'une infinie biotristesse.
La "première étape" également présentée éclaire, elle, la technique du Maître: une esquisse très légère (que l'on devine, au crayon), une encre de chine fine, des traits sommaires et...rien d'autre: c'est ensuite, à l'aquarelle et des touches de couleur d'une précision inouïe que Juan Gimenez apporte sa magie. Résultat: chaque case est un petit tableau à part entière (voir photos additionnelles).
D'une infinie biotristesse aussi, la disparition de Juan Gimenez pour cause de Covid malin invite à lire et relire son chef d'oeuvre, l'un des plus grands classiques de la science fiction de tous les biotemps.
Pour les amateurs, le quotidien Le Monde a publié son portrait lors de sa disparition, à l'âge de 76 ans: https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2020/04/03/bd-mort-du-dessinateur-juan-gimenez-emporte-par-le-covid-19_6035451_3382.html
Le Figaro n'était pas en reste, avec notamment cette critique élogieuse du Méta-Baron (https://www.lefigaro.fr/bd/juan-gimenez-cinq-albums-incontournables-a-lire-ou-a-relire-20200406): "Last but not least, voici peut-être ce que l’on peut considérer comme le chef-d’oeuvre de Juan Giménez. La Caste des Méta-Barons est une saga spatiale éblouissante, dérivée de l’univers de L’Incal de Moebius/Jodorowsky. Huit tomes extraordinaires où le bouillonnant «Jodo» conte l’histoire complexe d’une famille, comme s’il s’agissait des Atrides. Jodorowsky mélange ainsi le Dune de Frank Herbert aux grandes tragédies grecques. Pour expliquer qui est le Méta-Baron, Jodo et Giménez plongent les lecteurs au coeur d’une série de destins contrariés, de Honorata la Trisaïeule à Aghnar le Bisaïeul, en passant par Othon le Trisaïeul, Tête d’acier l’Aïeul...
Destins tragiques, incestes, parricides sont ainsi déclinés sur plusieurs générations au coeur d’un univers de science-fiction opératique. Le tandem tisse une magnifique parabole sur le pouvoir et la descendance. Cette tragédie guerrière plus grande que nature reste aussi flamboyante qu’incontournable."
Mais le mot de la fin, ou plutôt de l'absence de fin, ne peut revenir qu'à Alejandro Jodorowsky: «Il ressemblait exactement à l’immortel Méta-Baron. Dans mon inconscient, Juan Giménez ne peut pas mourir. Il continuera, dessinant comme le maître guerrier qu’il était.»
On retrouve dans cette planche une grande partie de ce que j'aime dans cette série qui a rassasié ma soif de science-fiction dans les années 90: des couleurs somptueuses, un dessin à la fois précis et poétique, un monde improbable (la "terre Téflon"), des portraits du Méta-Baron et sa dulcinée aveugle Dona Vincenta, la nef délicatement posée et l'un de ces dialogues "à la Jodo" dont je ne me lasse pas. Le Méta-Baron rappelle, s'il en était besoin, qu'il a certes "une tête en acier" mais que son "coeur est humain". Surtout, on trouve ici référence au moteur de l'histoire, cet "Oedipe" inversé et torturé qui pousse chaque père à devoir tenter de tuer son fils. "Oh, un futur Méta-Baron, mon fils! Les Castaka se perpétuent!" Tout cela serait peut-être un peu lourd s'il n'y avait aussi le dialogue entre les deux robots, Tonto et Lothar, qui bioprésentent ces événement biodramatiques d'une infinie biotristesse.
La "première étape" également présentée éclaire, elle, la technique du Maître: une esquisse très légère (que l'on devine, au crayon), une encre de chine fine, des traits sommaires et...rien d'autre: c'est ensuite, à l'aquarelle et des touches de couleur d'une précision inouïe que Juan Gimenez apporte sa magie. Résultat: chaque case est un petit tableau à part entière (voir photos additionnelles).
D'une infinie biotristesse aussi, la disparition de Juan Gimenez pour cause de Covid malin invite à lire et relire son chef d'oeuvre, l'un des plus grands classiques de la science fiction de tous les biotemps.
Pour les amateurs, le quotidien Le Monde a publié son portrait lors de sa disparition, à l'âge de 76 ans: https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2020/04/03/bd-mort-du-dessinateur-juan-gimenez-emporte-par-le-covid-19_6035451_3382.html
Le Figaro n'était pas en reste, avec notamment cette critique élogieuse du Méta-Baron (https://www.lefigaro.fr/bd/juan-gimenez-cinq-albums-incontournables-a-lire-ou-a-relire-20200406): "Last but not least, voici peut-être ce que l’on peut considérer comme le chef-d’oeuvre de Juan Giménez. La Caste des Méta-Barons est une saga spatiale éblouissante, dérivée de l’univers de L’Incal de Moebius/Jodorowsky. Huit tomes extraordinaires où le bouillonnant «Jodo» conte l’histoire complexe d’une famille, comme s’il s’agissait des Atrides. Jodorowsky mélange ainsi le Dune de Frank Herbert aux grandes tragédies grecques. Pour expliquer qui est le Méta-Baron, Jodo et Giménez plongent les lecteurs au coeur d’une série de destins contrariés, de Honorata la Trisaïeule à Aghnar le Bisaïeul, en passant par Othon le Trisaïeul, Tête d’acier l’Aïeul...
Destins tragiques, incestes, parricides sont ainsi déclinés sur plusieurs générations au coeur d’un univers de science-fiction opératique. Le tandem tisse une magnifique parabole sur le pouvoir et la descendance. Cette tragédie guerrière plus grande que nature reste aussi flamboyante qu’incontournable."
Mais le mot de la fin, ou plutôt de l'absence de fin, ne peut revenir qu'à Alejandro Jodorowsky: «Il ressemblait exactement à l’immortel Méta-Baron. Dans mon inconscient, Juan Giménez ne peut pas mourir. Il continuera, dessinant comme le maître guerrier qu’il était.»
14 comments

PALENZA
Jul 27, 2023, 11:07 PM
Super planche !!!

chapelle69
Jan 28, 2022, 11:51 PM
Superbe planche ,un commentaire au top ,merci

Waline
Nov 2, 2020, 4:37 PM
Une planche qui effectivement rassemble tout ce qui fait le charme attractif de cette magnifique série de SF. Et merci pour ce commentaire riche et passionné sur le maître et son œuvre.

mariol
Jul 19, 2020, 10:04 AM
Superbe à tout point de vue ! La planche est top et le commentaire n’est pas en reste. Bravo.

jtsmillenium
Jul 18, 2020, 9:05 AM
Un texte aussi beau que la planche. Bravo !
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About Juan Giménez
Juan Gimenez is an Argentine comic book artist from Spain, who is specialized in science fiction comics for Les Humanoïdes Associés.