Dans la collection de Boris 
Brüno, Vintage and Badass, « Le cimetière de la morale » - Illustration originale
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Brüno, Vintage and Badass, « Le cimetière de la morale »

Illustration originale
2018
Encre de Chine
31 x 16 cm (12.2 x 6.3 in.)
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L'image originale tirée du film
La double page dans l'album
Affiche originale du film
Affiche du film le cimetière de la morale (1975)
Screenshot du film

Description

Original, par Brüno, de la double page « Le cimetière de la morale », publié dans Vintage and Badass (2018). Les origines de Tyler Cross!

Inscriptions / Signatures

Signée et datée en bas à droite

Commentaire

« Si vous aimez les sociopathes, les femmes fatales, les gangsters arrogants, les arrivistes forcenés, les policiers corrompus et les innocents sacrifiés...bienvenue dans le cinéma de Tyler Cross », annoncent Brüno et Nury dans leur présentation de Vintage and Badass (2018). Tyler Cross n’est clairement pas sorti de nulle part. Son personnage, comme ses aventures, empreintent beaucoup aux films noirs (foncé!), américains surtout mais aussi asiatiques, en particulier japonais et coréens.

Cette illustration, publiée en double page, présente une oeuvre considérée comme la pierre tombale du film de yakuza, dans son extrêmisme. Pour reprendre le texte des auteurs, « Fukasaku faisait des films de yakuzas comme Aldrich ou Fuller ont fait des films noirs: toujours rageurs et turbulents, pressés de raconter, heureux de mettre des coups de boutoir dans tous les clichés bien pensants (...) » Il s’agit ici de l’histoire du « gangster le plus stupide, le plus mafaisant, le plus mysogine, le plus égoiste, en bref le plus abject de toute l’histoire du genre (...) ».

"Trente ans de vie, trente ans de bordel", voilà la phrase de conclusion du personnage parfaitement nihiliste dont « Le cimetiére de la morale » raconte l’histoire.

L’image additionnelle présente le screenshot du film qui a inspiré Brüno. Et sa confrontation avec l'original illustre parfaitement la capacité de Brüno à s’éloigner du réalisme tout en gardant l’essence d’une image. On y retrouve, stylisée, toute la froideur et l’ambiance ultra sombre du film: la morale ne s'y trouve qu'au cimetière...

Pour ceux qui veulent en savoir plus sur ce film (déconseillé aux âmes sensibles!), voici un lien vers un blog éclairant, dont une partie du texte est reproduite ci-dessous: http://lecinematologue.blogspot.com/2010/12/jingi-no-hakaba-le-cimetiere-de-la.html

**** Jingi no Hakaba / Le Cimetière de la Morale (1975) de Kinji Fukasaku

Voilà ce qui constitue probablement un jalon dans l’histoire du film de yakuza, si ce n’est la pierre tombale du genre. Alors que, au milieu des années 70, le yakuza-eiga décline, Fukasaku, qui a contribué à faire évoluer avec le décisif passage à un cinéma documenté et contemporain (le jitsuroku), l’achève avec Le Cimetière de la Morale, film à la limite du soutenable.

En reprenant la figure classique du yakuza errant, Fukasaku la pervertit pour le démythifier complètement. Tatsuya Watari qui, justement fut Le Vagabond de Tokyo (1966) dans le célèbre film de Seijun Suzuki, [1] prête ses traits à Ishikawa, gangster individualiste et autodestructeur dont le film suit la trajectoire dans le Japon de l’après-guerre.

Ishikawa est un fou sans attache, un drogué. Il n’a aucun respect pour son clan qui finira par l’exclure. Il semble obéir à une logique mystérieuse, à un instinct primitif qui n’a rien à voir avec le code de l’honneur. Incontrôlable, il en devient pathétique et le spectateur finit par souhaiter sa disparition que Fukasaku fait tarder. Rarement caractère aura été aussi peu sympathique, aussi peu attrayant.

Ici, exit le conflit entre giri et ninjo, entre obéissance et humanité et le cœur du film n’est pas une guerre des gangs, au contraire de Combat sans Code d’Honneur (1973), mais seulement un individu en lutte avec lui-même, en proie à ses propres démons. Le yakuza n’est pas, comme dans Guerre des Gangs à Okinawa (1971), un chevalier suicidaire qui rejette son époque mais juste un pauvre type.

Comme toujours chez Fukasaku, le film est d’une bestialité inouïe (le héros finit, en signe de repentance, par manger en public les os de sa compagne défunte et les tueries se comptent par dizaines) et le style est réaliste à l’extrême, ce qui n’exclut pas des touches de poésie, comme le motif du ballon dans les séquences finales.

Le Cimetière de la Morale pourrait être comparé à Sanjuro de Kurosawa : dans les deux cas, les cinéastes corrigent leur propos pour mettre à bas les ambiguïtés à l’égard de la violence, les complaisances à l’égard du crime qui avaient pu habiter leurs œuvres précédentes. »

Publication

  • Vintage et Badass, le cinéma de Tyler Cross
  • Dargaud
  • 11/2018
  • Page 152-153

Voir aussi :   Tyler Cross

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A propos de Brüno

Brüno, de son vrai nom Bruno Thielleux est un dessinateur et un scénariste de bande dessinée français. Il est l'un des fondateurs de la revue de bande dessinée numérique Professeur Cyclope. Ses derniers ouvrages (Atar Gull, Tyler Cross) lui ont permis de conquérir un large public.

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