Dans la collection de Vertommen
Willy Vandersteen, Karel Boumans, Bob et Bobette - La frégate fracassante – bande 141, 142, 143 et 144. - Planche originale
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Bob et Bobette - La frégate fracassante – bande 141, 142, 143 et 144.

Planche originale
1955
Encre de Chine
Mine de plomb, encre de chine, gouache blanche sur feuille à dessin. Lettrage, en français, collé.
32 x 42 cm (12.6 x 16.54 in.)
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Détail bande 141 et 142.
Détail bande 143 et 144.
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Détail - Ce lettrage qui sera désormais la marque de fabrique de la série.
Détail.
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Annonce dans Le Standaard.
La Frégate fracassante en première version.
La Frégate fracassante en seconde version complètement redessinée.

Description

Bandes numéro 141 au numéro 144 formant la planche numéro 37 de la première édition de la première version dessinée de l’album.

Commentaire

Une très belle planche marine issue de la décennie de la maturité !
En effet, de 1948 à 1959, Willy Vandersteen nous a gratifiés de quelques chefs-d'œuvre :
- Son Altesse Riri, ce petit bijou paru dans Tintin entre 1953 et 1959 (voir sur ma galerie 2DG : http://www.2dgalleries.com/art/son-altesse-le-prince-riri-25132;
- l'extraordinaire fresque poético-réaliste de Thyl Eulenspiegel (in Tintin, 1951) ;
- Bob et Bobette, série toujours poursuivie par le studio, mais aussi parue dans Tintin (de 1948 à 1959) où ce seront huit aventures parmi les meilleures et, certainement, les plus soignées sur le plan graphique.

« La frégate fracassante » a été prépubliée, du 12 février 1955 au 27 juin 1955, dans « De Standaard » et « Het Nieuwsblad ». Cette histoire a été annoncée dans « De Standaard » via des encarts (voir visuels – pour la petite histoire, il y a eu une erreur dans le titre de la première annonce – « De Klepperende Klupper » au lieu « De Kleppende Klipper »).

Cette histoire a, bien entendu, bénéficié de moult éditions et rééditions (La première édition en 1955, en Flamand, aux éditions Standaard).

Willy Vandersteen est, avec « Bob et Bobette », à l’origine de la plus longue série de bande dessinée existant en Europe (Sans parler des autres séries annexes).

Willy Vandersteen, le Bruegel de la bande dessinée (1), s'est particulièrement investi dans les 25 premières histoires de Bob et Bobette, qu'il dessine et encre lui-même, ou fait encrer dans un style très fluide et expressif, qui est un véritable plaisir pour les yeux.
Les scénarios sont inventifs, souvent délirants et truffés de gags de toutes sortes.
Son graphisme, dans tous les Bob et Bobette de la grande période comme dans les deux merveilleux épisodes de Thyl Eulenspiegel, on découvre la patte d'un maître, le style mouvementé et flamboyant des imagiers qui ont fait la gloire de l'art flamand.
Ces albums, qui comprennent la série particulièrement soignée réalisée pour « Tintin », sont probablement la meilleure porte d'entrée dans cet univers.

Très vite dépassé par son succès, Willy Vandersteen est donc obligé, dans un premier temps, de mettre à l’ouvrage son épouse (Paula van den Branden) sur l’encrage de ces planches, puis d’embaucher, pour l’assister, Karel Boumans (après les collaborations plus sporadiques de Bob De Moor, de Tibet, de François-Joseph Herman et même de Maurice Tillieux (2) sur près de cent cinquante pages, réalistes, réalisées pour l’hebdomadaire « Ons Volkske », entre 1947 et 1949) et Karel Verschuere (essentiellement sur ses bandes réalistes), au tout début des années cinquante.
Si quelques bandes sont signées Wirel (alliage des deux prénoms), très vite, seul le nom de Vandersteen est mentionné.

La joyeuse équipée, que sont les personnages qui peuplent cette série, se forme peu à peu durant les premiers albums, pour n’être vraiment complète qu’à l’arrivée de p’tit Jérôme, l’Hercule au cœur d’enfant et au langage très particulier, dans l’album les mousquetaires endiablés, en 1953 (1955 en français).

Vu l’étendue du sujet, je ne m’attarderais qu’uniquement sur l’album "La frégate fracassante", qu’un seul des personnages en la personne de Jérôme et de Karel Boumans, meilleur encreur de Willy Vandersteen.

Si cette planche est considérée comme une belle de "La frégate fracassante", c’est que d’une part, elle a inspiré la couverture de l’album et que d’autre part, les planches du début (page 2 jusqu'à la page 15) et de la fin (page 39 jusqu'à la page 56) sont de moins bonne qualité.
Les planches fortes se situent donc au milieu de l'histoire, et surtout ceux où l'histoire se déroule en mer avec de préférence quelques cases avec des bateaux.

Cette planche fait partie de celles très recherchées (il y en a une petite dizaine en total).Il y a tous les personnages, des bateaux, de beaux plans, du mouvement et de l'action, et une très belle case avec le fort et le bateau.

Le seul point négatif est qu'il n'y a qu'une case avec Bob, Bobette et Sidonie, mais ceci est plus que compensé par la présence de Lambique dans 4 cases et de Jérôme dans 6 cases, et ceci dans son apparence d'origine (il s'agit de la 6ème histoire après les "Mousquetaires endiablés", où on retrouve Jérôme courant toujours dans son habit "d'homme des cavernes").
Nous y trouvons également un des protagonistes de cette histoire dans la dernière bande, le Gouverneur.

Il faut savoir qu'il n'y a pas beaucoup de planches où l'on retrouve Jérôme dans cette tenue d'origine sans correction ou adaptation.
Toutes les autres planches de cette période, comme par exemple les planches de l'histoire « Le semeur de joujoux », représentent un Jérôme "adapté".
En effet, on trouvait qu'il était trop « barbare », donc un danger pour les enfants sensibles.
Pour ce faire, un papier était collé sur Jérôme et ce dernier était redessiné, dessus, dans un style plus « civilisé ».

Toutes ces planches sont donc fortement endommagées car, en même temps, les contours des personnages ont été adaptés en étant accentuées avec une ligne épaisse en encre noir.
C’est donc sans le moindre respect, pour les dessins d'origine, que ces adaptations ont été faites.
Cela concerne toutes les histoires en noir et blanc qui ont été rééditées en 2 couleurs dans les années 1960.

Si maintenant nous savons que toutes les premières histoires avec Jérôme en font parties - sauf « La Frégate fracassante » et « Les chevaliers de la Rue » en possession d’un collectionneur dont je tairais son nom (3) - il est évident d'en déduire que les quelques planches de La frégate avec Jérôme dans son "jus d'origine" sont très fortement recherchées par les vrais collectionneurs de l'œuvre de Willy Vandersteen.

Il faut savoir qu'en 1955, année de la création de cette histoire, Willy Vandersteen était déjà entouré de pas mal de collaborateurs. On accepte aujourd'hui la thèse qu’à cette période Willy Vandersteen exécutait les dessins en crayon, et que quelqu'un d'autre faisait la mise en encre.
Seules les premières histoires (jusqu'au numéro 10 environ) sont reconnues comme étant entièrement de la main de Willy Vandersteen, ainsi que les histoires parues dans le journal Tintin.

Concernant « La Frégate fracassante », Willy Vandersteen travaille avec son meilleur encreur, Karel Boumans, et cela se voit !
Le dessin est plus abouti, le style s’est fixé, notamment dans les personnages aux visages allongés et aux nez démesurés. Mais surtout, on peut découvrir ici un exemple parfait de « l’autre » ligne claire.

C’est en 1953, qu’apparaît pour la première fois dans la saga, le personnage de Jérôme (4) dans l’album « Les mousquetaires endiablés » (5), en sortant du solide coffre dans lequel le duc Le Handru le détenait comme arme secrète.

L'arrivée de Jérôme, comme nouveau membre du clan, se situe à la charnière entre la première et la seconde période, qui connaît un début fort et prometteur.
Willy Vandersteen écrit des récits merveilleux tels que « Le roi du cirque » (1954), trouve des images magnifiques comme le cheval sur patins à roulettes dans « Les chevaliers de la rue » (1955) ou le jeu de cartes devenu vivant dans « La dame de carreau » (1962).

Cette apparition de Jérôme, dans une version fruste et flamande du superhéros américain, a des conséquences imprévues.
Lors de ses premières apparitions, où il est seulement vêtu d'une peau de bête, il soulera une vague de protestation.
C’est donc sous la pression d'un certain nombre de lecteurs outrés, que Willy Vandersteen habillera bien vite Jérôme d'un costume dans les règles.

S’ensuivit, au gré des aventures et du temps, que le personnage finira par s’imposer en prenant sans cesse plus d’importance dans la saga tant et si bien qu’il finira par supporter sa propre série (qui portera son nom) de 1960 à 1991.
De nombreux titres furent édités en Français mais c’est en Allemagne qu’il eut le plus de succès (6).

Véritable force de la nature, Jérôme est un bonhomme trapu à la force herculéenne tout en étant, notamment, un modèle de droiture et de simplicité et surtout, doté d’un appétit sans pareil !
C’est grâce à cette force qu’il pourra, à de nombreuses reprises, sortir nos amis de très inconfortables situations. Si à ses tout début dans la série, il ressemble plus à un monstre préhistorique au langage basique (Il s'exprime en style télégraphique, ne compose pas de phrases complètes) et à l’appétit féroce, il se changera rapidement d’abord en une brute au grand cœur pour devenir rapidement un homme du monde moderne prêt, lui aussi, à sauver la veuve et l’orphelin.
Sauf qu’entre 1948 et 1959, lorsque les aventures de Bob et Bobette parurent dans le Journal Tintin, Hergé, trouvant l’univers de Willy Vandersteen trop "vulgaire", exigea de ce dernier un relooking plus bourgeois des personnages tandis que l’homoncule Jérôme fut prié d’aller se faire voir ailleurs …

Indépendamment de cela, et avec le temps, Jérôme a acquis beaucoup plus d’esprit et d’idées. Il a « évolué » par rapport à la brute sortie tout droit de la préhistoire. Contrairement à Lambique, il est d'une discrétion totale et maintenant joue un rôle moralisateur pour ce dernier qu’il n’hésite pas à remettre en place.
Au début, Jérôme et Lambique habitent encore chez tante Sidonie, mais en 1954 ils s'installent ensemble ce qui, dans la Flandre des années 50, n'était vraiment pas dans les habitudes (les parodies pornographiques des années 80 s'en servirent évidemment avec empressement).

Willy Vandersteen nous mentionne que Jérôme répond à la volonté de la puissance, au culte de la force qui existe en chacun de nous, fût-ce au plus profond de nous-mêmes ...

Pour clore sur Jérôme, surhomme aux instincts exacerbés et à la personnalité énigmatique, je vous engage à lire la présentation, faite par Numa Sadoul, dans la revue Phénix (7).

C’est en septembre 1952 que Karel Boumans entre au service de Vandersteen comme dessinateur.
Sa première tâche consistait au lettrage des phylactères de diverses histoires.
Durant la même année il a aussi dessiné les décors pour l'histoire du Cœur volant, qui paraîtra dans le journal catholique De Bond.
A la fin de la publication de cette aventure commençait, dans cette même revue, « Les farces de Mr. Lambique ».
Karel Boumans a eu une grande importance dans le dessin de cette série. Aussi longtemps qu'a duré cette série, Willy Vandersteen lui en confia la responsabilité en plus de sa collaboration habituelle.
Par exemple, pour les histoires parues dans « Tintin », la mise en couleur est à mettre à son compte.
La collaboration de Karel Boumans à l'œuvre de Willy Vandersteen pris fin en 1959, en même temps que la cessation d'activités avec « Tintin ».
En dehors du Studio Vandersteen il réalisait pour la revue hebdomadaire « Ohee » quelques-unes de ses propres histoires comme « Bert Crak » et « Roel Harding ». Au début des années septante il aidait Jef Nys pour Jommeke.
Le 3 avril 2003 Karel Boumans décédait dès suite d'une commotion cérébrale, il avait 71 ans.

Il est indéniable que l’influence de Karel Boumans, comme encreur a été déterminante.
Ainsi peut-on, d’un simple coup d’œil, voir quand démissionne Karel Boumans alors qu’il est en profond désaccord avec les nouvelles conceptions qu’ont Willy Vandersteeen et le Standaard de la série, et que Eduard De Rop lui succède : les traits étant plus épais et les personnages plus stéréotypés (8).


(1) Si ce surnom lui fut donné par Hergé lui-même, la filiation à Bruegel n'est pas hasardeuse. Willy Vandersteen admire profondément cet artiste et lui rend d’ailleurs un hommage direct dans « Le Fantôme espagnol ».

(2) Willy Vandersteen lui aurait confié un jour qu'il s'est basé sur son éphémère Zénobie pour créer sa célèbre "Bobette". Il semblerait que cela soit une légende.

(3) Il faut aussi savoir que les histoires 10 jusqu'au 22, 24 et 26 jusqu'au 33 ne sont pas sur le marché (en possession du même collectionneur, sauf quelque

Publications

  • La frégate fracassante
  • Erasme
  • 04/1957
  • Page 37
  • La frégate fracassante
  • Erasme
  • 06/1969
  • Page 37
  • La frégate fracassante
  • Standaard
  • 01/1998
  • Page 37

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A propos de Willy Vandersteen

Willy Vandersteen, de son nom complet Willebrord Jan Frans Maria Vandersteen est un scénariste et dessinateur belge néerlandophone de bande dessinée. Il est l'un des auteurs les plus connus de la bande dessinée belge. En 50 ans de carrière, il a avec son studio publié plus de 1 000 albums de bande dessinée dans plus de 25 séries, vendus à plus de 200 millions d'exemplaires dans le monde.