Auguste et Victor, dit Laffrique, circa 1930.

Parmi les collectionneurs d'originaux de bande dessinée, qui connaît Léopold SIMONS ? Ses oeuvres sont plus rares sur 2DG que des planches crayonnées du Tintin d'HERGE... Et les planches de Gaston Lagaffe d'André FRANQUIN, c'est sublime, mais c'est d'un banal ! ;-)

SIMONS est rare, donc, et pourtant il a été très présent dans quantité de de domaines artistiques. Ce touche-à-tout de génie a bel et bien tâté de la bande dessinée, en plus du journalisme, du théâtre, de la comédie, de l'écriture, de la poésie, de la chanson, de la radiophonie, de la réalisation cinématographique, de la télévision, de la peinture, de la caricature, de l'illustration... A partir de 1923 il emploie le pseudonyme de EL-HES pour dessiner, sur scénario de Pierre MANAUT, Les véridiques Aventures de deux Français au Canada ; Bamboula, véritable Roman nègre pour les Petits ; Les Mésaventures de Bobino, Conte pour les Petits ; Buffalo Bill chez les Vipères du Mexique ; Les Flibustiers, etc. tous publiés dans le supplément de L'Echo illustré.

On pourra trouver ici des parentés graphiques avec Jean TRUBERT et avec l'immense Georges BEUVILLE. Et qui sait si ses oeuvres n'ont pas influencé un autre nordiste, Didier TRONCHET ?

SIMONS aimait rire et faire rire. Il était aussi un peintre de l'âme humaine dans ce qu'elle a plus sombre. Une table de bistrot, l'alcool, les dos voûtés, les bras fermés, des regards vides et portés vers le bas : tout est dit en quelques hachures et quelques traits.

L'expression de la misère, du désespoir, de l'accablement - encore plus pathétiques ou tragiques lorsqu'ils touchent de pauvres gens, condamnés à subir, toujours et encore. Evacuer systématiquement les réalités sociales les plus crues ? Dans une collection d'illustrations originales anciennes, un parfait contre-point à l'univers lisse, positif et idéalisé des bandes dessinées de la haute époque des Editions DUPUIS.