Dans la collection de Ludovic 
Armure - 鎧 par Shohei Kusunoki - Planche originale
347 

Armure - 鎧

Planche originale
1967
Encre de Chine
24 x 33.5 cm (9.45 x 13.19 in.)
Ajoutée le 08/03/2024
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Publication - Revue Garo - Mars 1967
Page publiée

Description

鎧 – Armure
Planche 226 du magazine - Planche finale (完) du récit court
Première publication dans Garo (ガロ) #31 - mars 1967
Encre de Chine sur mine de plomb

Commentaire

A propos de Shôhei Kusunoki
Histoire du Gekiga

De santé fragile, Shôhei Kusunoki (楠勝平 - 1944-1974) de son vrai nom Katsuhiro Sakai (酒井 勝宏) profite de ses absences scolaires pour lire des bandes dessinées de prêt. Ses premiers coups de cœur vont vers Sanpei Shiratô (白土三平 - 1932-2021), Hiroshi Hirata (平田弘史 - 1937-2021) ou l’incontournable Takao Saitô (斎藤隆夫 - 1936-2021). Il projette déjà de devenir auteur-dessinateur et crée une petite association de jeunes qui aspirent à la même carrière, avec lesquels il réalise un fanzine. En 1957, il est présenté à Katsuichi Nagai (長井勝一 - 1921-1996), fondateur, avec son ami Sanpei Shiratô, de la revue mensuelle Garo.

Après une formation d’assistant auprès de Michitaro Watanabe (渡辺美知太郎), il fait ses débuts en 1960 avec Deadly Mysteries (死の謎) chez l’éditeur Seirindô (青林堂), précurseur du gekiga et éditeur des auteurs du magazine Garo. Avec COM, revue spécialisée dans les œuvres d'avant-garde lancée par Osamu Tezuka (手塚 治虫 - 1928-1989), en décembre 1966, Garo, sorti dès septembre 1964, joue un rôle déterminant dans l'histoire du manga d'auteur. C’est à cette époque qu’il se lie d’amitié avec deux contributeurs de la revue Garo, Yoshihiro Tatsumi (辰巳 ヨシヒロ - 1935-2015) et Yoshiharu Tsuge (つげ 義春 - 1937), qui aura une grande influence sur son travail.

Dès 1964, il assiste Sanpei Shirato et fait partie des premiers membres du studio Akame Production fondé en février 1965 par son mentor. Il en deviendra actionnaire dès l'année suivante. Il publie principalement ses travaux dans les magazines Garo et COM, travaux qui rencontrent immédiatement le succès. Mais la valvulopathie dont il souffre depuis qu’il est enfant s’aggrave et il décède le 15 mars 1974 à seulement 30 ans. Katsuichi Nagai dira de lui :

Il était le seul disciple de Sanpei Shiratô, mais il est mort à un jeune âge... C’est un génie qui nous a quittés... J’aurais aimé qu’il vive plus longtemps.

L'éditeur Cornélius présente le travail de l'auteur avec ces mots :

Au travers de genres aussi codés que le conte traditionnel ou le récit de samouraï, Shôhei Kusunoki décortique l’ambiguïté des rapports humains. Mettant à nu les sentiments qui unissent les êtres, les raisons pour lesquelles ils s’attirent, les malentendus qui les séparent et les démons intérieurs qui les habitent.

C’est le cas sur cette page finale où le personnage central de cette courte fable fait taire la fureur des armures en se couvrant la tête de ses mains.

Pendant longtemps, il a été difficile de trouver les travaux de l’auteur, y compris au Japon. En février 2001, un premier recueil de 600 pages, Collection Shôhei Kusunoki : Danse dans la neige colorée (楠勝平 - 作品集 彩雪に舞う), a enfin été publié par Seibayashi Kogeisha, mais limité à 3000 exemplaires, il fut vite introuvable. Puis en septembre 2021, un nouveau recueil d’œuvres sélectionnées par Ryoko Yamagishi (山岸 凉子), l’une des initiatrices du renouveau du shōjo dans les années 70, est publié par Chikuma (ちくま文庫) sous le titre Lecture avec Ryoko Yamagishi - Collection Kusunoki (山岸凉子と読む - 楠勝平コレクション). Ryoko Yamagishi y décrit l’œuvre de Shôhei Kusunoki comme une représentation majeure et universelle du monde. En France, Cornélius éditera deux recueils reprenant une bonne partie des histoires éditées par Garo : La Promesse en 2009 et Peuple invisible en 2020.

A propos de l’histoire

Ce récit court s’appuie sur l’histoire du Japon et plus précisément sur l’ère dite Edo (江戸時代), du nom de sa capitale (Tokyo aujourd’hui). Au cours de la seconde moitié du XVIème siècle, trois chefs militaires se succèdent au pouvoir et contribuent à l'unification de tout l'archipel japonais.

Le premier de ces guerriers, Oda Nobunaga, héros de cette histoire, commence le processus d'unification entre 1560 et 1582. Il se fait remarquer par ses talents militaires lors de sa victoire à la bataille d'Okehazama en 1560. L’action de départ se situe probablement lors de cette bataille. Oda Nobunaga y découvre un vieil homme caché dans l'herbe et se demande ce qu'il fait là, mais trop occupé à combattre des ennemis qui abondent, il s’en désintéresse.

Victorieux, il se rend chez un armurier pour faire réparer son équipement endommagé. C’est alors qu’il découvre que l’artisan n’est autre que le vieil homme aperçu pendant la bataille. Lorsqu'il lui demande ce qu'il faisait au cœur de la tourmente, il répond qu'il écoutait le son des armures. Au cours de la bataille qui suit, le seigneur de guerre, assailli par le bruit des armures, finit par se retrouver cerné par le son assourdissant des cliquetis.

Une courte fable qui évoque les méandres de l’âme humaine, spécialité de Shôhei Kusunoki, dont la conclusion et son interprétation sont laissées au libre choix du lecteur. Cette approche très moderne sera soulignée par le critique Chiei Go dans la postface du recueil paru en 2001, postface dans laquelle il fait le parallèle entre Shôhei Kusunoki et son ainé Yoshiharu Tsuge.

Pour aller plus loin

Claude Leblanc, La Révolution Garo, 1945-2002, IMHO, 2023

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