Dans la collection de philofanfan 
Bruno Gazzotti, Tome, 1997 - Soda : Et délivre-nous du mal - Quand mon fils sera devenu un homme - - Planche originale
1549 

1997 - Soda : Et délivre-nous du mal - Quand mon fils sera devenu un homme -

Planche originale
1997
Encre de Chine
Case-case : 39 x 28.5 cm - Verre musée
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Journal Spirou n°3095 de 1997
La planche
Encadrement
La planche 17
Cases 1-2
Cases 3-4
Cases 5-6
Case 7
Cases 8-9-10
Cases 11-12

Description

Planche réalisée en 1997
Planche 34 extraite du Tome 9 " Et délivre-nous du mal " de la série Soda
Cet épisode est publié la première fois en 1997, du n°3095 au n°3105 du Journal Spirou

Inscriptions / Signatures

Signée par Bruno Gazzotti au-dessus de la planche

Commentaire


Résumé
(enfin...pas tant que ça) de l'album (jusqu'à cette planche) :


" Nous allons à Providence ! Fleurir la tombe de mon pauvre Joseph ! " répondra Mary Solomon à Mrs Loborrow qui lui demande si son fils et elle partent en voyage.

Quelques minutes plus tôt, la mère poule a expressément demandé à son fils de troquer ses habits de bandits contre son complet noir de pasteur, sinon : " Que vont penser les gens de Providence qui ont connu ton père ? ".

A la mort de son mari, il y a trois ans, Mary Solomon a rejoint son fils à New-York. Joseph était policier à Providence, sa voiture banalisée avait fait une sortie de route. Cette route qui serpente au dessus de la Dead River à d'ailleurs fait bien des victimes. Il faut dire que juste après le col, elle plonge brusquement jusqu'à la boucle (un peu trop prononcée) surplombant la rivière au nom si évocateur. Les freins chauffés à blanc avaient cédé. C'est du moins ce que tout le monde avait conclu.

La liaison coast to coast New-York-L.A. sera assurée par la ligne express Greyhound. Grâce à son galop " à double suspension " qu'il partage avec le guépard, le Lévrier Greyhound est taillé pour la course. C'est le chien le plus rapide du monde : en trois secondes il atteint sa vitesse de pointe de 72 km/h ! Mais si la ligne, assurément, est express, les emmerdes arriveront, elles aussi, à la vitesse grand V !

Alors qu'ils approchent de leur destination finale, Mary décide de ce que les toilettes du car sont vides pour aller se rafraichir. A peine a t-elle refermée la porte derrière elle qu'un homme se lève de son fauteuil et sort de sa veste un Smith & Wesson : " Sortez ce que vous avez qui vaille quelque chose. Bougez d'un cil, je tire ! Ouvrez la bouche, je tire ! Cachez quelque chose, je tire !... "
Le message à le mérite d'être clair, mais notre héros a néanmoins une requête : sa mère, actuellement aux toilettes, est cardiaque et elle ne doit pas voir le gonze avec son arme, elle en ferait une attaque. L'homme, moyennement coopératif, est pour le coup distrait par la supplique et notre pasteur en profite alors pour lui refaire le portrait (à la base déjà bien gratiné). S'ensuit une dérouillée mémorable. Le rouquin finira par balancer l'impudent par la porte principale en prenant soin, au passage, de préciser au chauffeur de ne pas stopper la machine, de sorte que le car, dans son élan, défonce la tire immaculée de son complice qui barrait (soi-disant) la route. Mary peut sortir des toilettes, le calme est revenu et bientôt le chauffeur annonce l'entrée dans Providence. Ouf...

Fortescue est pasteur à Providence, frère de Mary et connait le vrai métier de son neveux. A leur descente de l'autocar, à la demande insistante de sa sœur, il les conduit dans leur ancienne résidence. Il ne s'est pas passé une demie heure depuis leur réapparition que déjà, dans le bled les locaux sont au courant de leur retour : " La bonne chose à propos de vivre dans une petite ville est que lorsque vous ne savez pas ce que vous faites, quelqu'un d'autre le sait. " - Emmanuel Kant (1724 - 1804).

Ni la poussière qui a recouverte les dessus de meubles ni les souvenirs amers d'une époque révolue ne décideront Mary a dormir ailleurs que chez elle durant ce séjour. Ainsi, dit-elle, son défunt mari est plus proche d'elle. Soda arrête son regard sur cette horloge comtoise. Elle réveille en lui les fanfaronnades de son père et leur complicité d'autrefois.

Au saloon, déjà, les ragots vont bon train. Un des passagers du car, de retour lui aussi au pays, raconte au tenancier comment le type en habit de pasteur à mis une copieuse avoine au braqueur. Il ajoute même que le pasteur n'en est pas vraiment un ! Il l'a distinctement entendu le dire au type auquel il mettait des torgnoles dans le car. Watts ne perd pas une miette de ce que lui raconte son client collé au zinc.
Le récit achevé, il sort de son établissements et bigophone à ses copains pour leur parler de la veuve Solomon et de son fis. Il retrouvera ses trois acolytes en périphérie de la ville au garage que tient l'un d'eux.

Providence - et c'est un euphémisme - est un patelin tranquille. Dans le coin on dit même que c'est l'endroit où l'on s'emmerde le plus surement de tout l'Arizona, mais ces quatre là ne semble pas vraiment y être pour grand chose. Dans le garage de Charley, les mines sont graves, le ton ombrageux et les propos funestes : " Soit il est comme son père, et on va pouvoir le vérifier dès demain...soit il est là pour nous...et Providence va connaitre une nouvelle période agitée. " Judicieux présage...

Le lendemain, Warren, un des membres du groupe des quatre présent la veille au garage, emboite le pas à la famille Solomon, venue au grand complet (à trois) se recueillir sur la tombe du défunt. Il tend une enveloppe remplie de bons billets au révérend et prétend qu'il avait une dette envers son père. Soda refuse l'enveloppe : impossible que son père ait prêté une telle somme, il n'a jamais eu assez d'argent pour se payer ce luxe.

" Il ne veut plus de fric ! ", dans la bande des quatre ces six mots sonne le glas des années satinées. Cette fois, la sentence est tombée : " il sait ! Il est là pour nous et il a décidé de nous en faire baver ! " dira Warren dans un éclair de lucidité. Amarillio n'est pas le moins angoissé des quatre, c'est même celui qui sent passer le mieux le vent du boulet auprès de sa tête boudinée de mafieux à la gomme !

Mais qui sont ces quatre types ? Quel est le leur lien avec Joseph Solomon et qu'on t-ils tant à redouter de notre faux pasteur ? Ce qui est certain, c'est qu'ils ne sont pas blanc-bleu...pourraient-ils être impliqués dans l'accident qui a couté la vie à l'époux de Mary ?

Soda est pensif, et en cette belle nuit constellée d'Arizona, être pensif est un épanchement bien naturel. La clope au bec, depuis la terrasse de la maison, il regarde paisiblement passer les trains. C'est la mère, inquiète que le rejeton ne vienne pas se coucher, qui viendra troubler cette délicieuse quiétude. Qu'à cela ne tienne il va aller se dégourdir les pattes au fond du jardin (cf. sur ce site la planche 28 d'OmbreJaune). Ce n'est finalement pas Mary Solomon qui le sortira de cette douce torpeur mais bien le tir mal ajusté d'une arme à feu, là, à quelques centimètres de sa tête ! Heureusement que maman porte ses boules quiès du Mississipi pour ne pas entendre les trains ! Le mec qui tient l'arme n'est autre que le boudiné Amarillio. Il aura paniqué et aura préféré supprimer le gêneur. Pour l'heure, il est clairement dans la merde et détale comme un lapin en abandonnant même son arme sur place. Soda le talonne, et c'est au niveau du ballast qu'il le rattrape. Le replet a ramassé une pelle abandonnée au pied du ballast par un ouvrier distrait des chemins de fer. N'ayant cette fois plus d'échappatoire, le bravache a décidé d'en découdre ! Il brandit vigoureusement la pelle et s’apprête a l'abattre lourdement sur le crâne roux du pasteur...et PAAAAMMMM !!!! L'intrépide vient de se faire rouler dessus par un train.
La police viendra constater les dégâts le lendemain et trouvera sur les lieux du drame : une arme, une pelle et une santiag...
Soda regarde le flic s'affairer depuis sa terrasse et il n'a pas la mine fraiche du type qui vient de pioncer huit heures.

Qui sont ses types et que veulent-ils à la fin ?!

Après un bref autant qu'inutile interrogatoire au commissariat, le faux pasteur rejoint sa mère à la maison.
De pensif la veille au soir, il est devenu soucieux. Il essaye de rassembler ses souvenirs et farfouille désormais dans la maison. Son père a peut-être laissé un indice, quelque chose qui le mettrait sur une piste. Les fouilles sont momentanément interrompues par la sonnerie du téléphone. C'est un des types au bout du fil et il donne rendez vous à David Solomon. Le rendez-vous se tiendra précisément là où son père a perdu la vie quelques années plus tôt. Le révérend accepte. Après tout, il en a vu d'autres à New-York et de toute façon : il faut, il doit savoir quels liens ces olibrius et son père entretenaient.

En attendant, pour tuer le temps, il y a bien ce fer à cheval et cette satanée horloge à la vitre toute pétée et à l'aiguille définitivement arrêtée...


La planche :


Une planche introspective à la structure délicate et sophistiquée.
Deux évènements se télescopent et forme un hiatus dans la planche : il n'y a plus d'unité de lieu et les deux dernières vignettes viennent créer une syncope narrative.
Cette planche harmonieuse est très cinématographique. Ce qui n'est pas si courant lorsqu'il s'agit d'une scène qui n'est pas une " scène d'action ", mais plutôt une séquence clef de mise en situation de la suite du récit. La planche à plus d’un titre est intéressante. Soda découvre de façon fortuite la lettre de son père et cette découverte était pourtant orchestrée par son père des années plus tôt. Avec cette lettre, il comprend qui sont ces quatre hommes et les liens qui les unissaient à Joseph Solomon. Concomitamment à cette découverte, d'autres protagonistes apparus antérieurement dans le récit font leur réapparition dans une voiture blanche cabossée. Ces deux vignettes finales sont remarquablement amenées et laissent augurer de la suite. Ce ne sont plus trois hommes (le quatrième étant mort percuté par un train) que Soda va devoir affronter mais bien cinq ! Le décor est magistralement planté et les pages suivantes ne seront pas de tout repos pour le héros en habits de pasteur.
En terme de plans, tout ou presque y passe : gros plans, très gros plan, insert, plan moyen, plan italien, plan général, plan de détail ! Et un bel encrage pour couronner le tout !

Publications

  • Et délivre-nous du mal
  • Dupuis
  • 11/1997
  • Page 36
  • Et délivre-nous du mal
  • Bd Must
  • 11/1997
  • Page intérieure
  • Volume 3
  • Dupuis
  • 02/2014
  • Page intérieure

Voir aussi :   Soda

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A propos de Bruno Gazzotti

Bruno Gazzotti est un dessinateur de bande dessinée belge né à Liège notamment connu pour son travail sur la série Soda.