1960 - 13 rue de l’Espoir - Paul Gillon - Strip 381

Strip original n°381 de "13 rue de l’Espoir" par Paul Gillon au dessin et Jacques ainsi que François Gall au scénario. Publié initialement en 1960 dans France-Soir sous forme de "strip quotidien" du lundi au samedi (il y en a eu 4139 entre septembre 1959 et décembre 1972, l’ensemble ayant été republié dans le même quotidien à partir de 1977), puis sous forme de deux albums aux Humanoïdes Associés en 1981 & 1982.

Entre l’âge de 20 et de 40 ans, Paul Gillon est d’une productivité folle, contribuant aussi bien à Vaillant pour lequel il dessine en particulier Lynx Blanc et Fils de Chine, qu’au Journal de Mickey ou il réalisera des adaptations littéraires et séries TV, Le temps des copains par exemple. C’est pendant cette période faste qu’il produira ce qui est considéré aujourd'hui comme le sommet du comic strip français, 13, rue de l’Espoir, une œuvre exceptionnelle par sa durée de publication (13 ans), le fait qu’elle fut quotidienne, son format (25x65 cm pour chacun des 4139 strips de 3 images en général et systématiquement d’une qualité remarquable) et le fait que Paul Gillon l’ait produite seul, en parallèle d’autres travaux, sans l’aide d’aucun assistant, contrairement à ce qui se faisait largement à l’époque. Dans sa préface de l’intégrale de 13, rue de l’Espoir, Jean-Pierre Dionnet, le créateur de Métal Hurlant, qualifie la série de « plus grande bande dessinée réaliste du monde, avec soyons justes le Rip Kirby d’Alex Raymond et le Juliet Jones de Stan Drake ».

Dans les années 60-70, le quotidien national France-Soir consacrait une page entière à la bande dessinée, notamment à travers cette série familiale 13 rue de l’Espoir, série populaire comme l'était son support de publication. En phase avec son temps, 13 rue de l’Espoir raconte la vie d’une jeune fille - Françoise Morel - qui se construit, qui fait partager au lecteur sa recherche de travail, ses amours, ses amitiés, ses difficultés. Cette série accompagne les personnages à une époque où la grande presse accorde encore à la bande dessinée une place importante. Son titre correspond tout simplement à l'adresse du domicile de la famille Morel, dans un quartier périphérique de la capitale.

Au-delà du dessin de Paul Gillon, qui est l'un des meilleurs dessinateurs réalistes franco-belge du XXe Siècle (probablement le meilleur avec Giraud / Moebius), 13 rue de l’Espoir est un excellent témoignage sur ce qu'était la société française des années 1960. En effet, les frères Gall ont inclus dans leurs scénarios les "marqueurs" de cette période : mode, culture, technologies, façon de vivre, etc. De plus, de nombreuses cases fourmillent de détails tels que les rues de Paris, des lieux ou des paysages de la Côte d'Azur, le mobilier ou les voitures de l'époque, le design si caractéristique des années 1960…

La série a été adaptée au cinéma dans un film de Norbert Carbonnaux, sorti en 1962 sous le titre La Gamberge, avec Françoise Dorléac dans le rôle principal, et Jean-Pierre Cassel.

Le lieu où se déroule l’action de ce strip de 1960 (donc du tout début de la série) est justement la Côte d'Azur: Sénéquier, le célèbre café tropézien (en fait à la base, depuis 1887, c’est une pâtisserie !) avec sa terrasse de 30 mètres qui donne sur le port de Saint-Tropez, très connu depuis le milieu des années 1950 pour avoir servi de décors à plusieurs scènes de films cultes dans des genres très différents tels que "Et Dieu créa la femme..." et "Le gendarme de Saint-Tropez". Brigitte Bardot, Eddie Barclay, Matisse et Picasso et plus récemment, Karl Lagerfeld, Kate Moss, Vanessa Paradis, mais aussi l'ancien président de la République Jacques Chirac, y ont été vus, contribuant année après année à asseoir sa notoriété.

Paul Gillon est Grand prix de la ville d'Angoulême 1982.