1953 - Blondin et Cirage : Kamiliola - Page titre -

Page titre réalisée en 1953
Page titre de " Kamiliola " Tome 7 de la série Blondin et Cirage
Cet épisode est publié pour la première fois en 1952, du n°723 au n°744 du journal de Spirou

Signé par Jijé en haut de page

Entrée en matière :


Alors évidemment, à côté d'un des parangons de la couverture originale de Blondin et Cirage présente sur ce site dans la collection de Spirou, cette page titre souffre de la comparaison. Il n'empêche qu'elle me comble de ravissement. Nota bene que je précise bien "un" des parangons car " B&C contre les gangsters ", " B&C au Mexique " et " Silence on tourne ! " sont d'autres merveilles du même calibre que Kamiliola !
Je lis souvent que Blondin et Cirage est une série très ancrée dans son époque (les années quarante et cinquante), que cette bande est très typée, surannée. C'est partiellement vrai. Il fallait assurément une bonne dose de courage pour qu'avant guerre (cette série fait sa première apparition dans l'hebdo catholique " Petits Belges " n°29 du 16 Juillet 1939) l'un des héros de ce duo soit noir. De surcroit Cirage n'est pas le faire-valoir de Blondin, c'est même très souvent Cirage qui dame le pion à Blondin. Jijé le corroborera d'ailleurs lui même en disant qu'il a imaginé ces deux amis avec cette particularité que Cirage très souvent se montre plus astucieux que Blondin qui s'écoute un peu parler...
" Nouveauté n'est pas originalité ni modernité " disait Robert Bresson. Qu'aurait-il bien pu dire ou écrire à propos de Blondin et Cirage ? A mes yeux ces deux marmots sont l'un et l'autre, à la fois originaux et modernes. Et qu'importe si leurs péripéties sont de nos jours un peu engoncées dans des thématiques désuètes, invraisemblables ou naïves car Blondin et Cirage dépassent ces seules considérations.


La page titre :

On notera que les inscriptions de Jijé faites au crayon de papier sont encore bien visibles avec notamment des indications pour la mise en couleur future. A ce titre, et contrairement aux annotations, le pantalon de Blondin ne sera d'ailleurs pas rouge dans sa version définitive mais bleu (cf. image additionnelle de l'édition originale de 1954).
En prélude de l'illustration, un lettrage somptueux comme un trait d'union graphique cohérent entre le lisible et le visible. Un texte raccord avec le dessin, c'est aussi à ces détails qui n'en sont pas que l'on identifie les très grands. A cet égard lorsque je regarde fixement cette illustration, la signature de Jijé (qui à elle seule est un poème) m’apparait assez vite comme un troisième skieur qui emprunte les traces laissées par ses deux devanciers.
Ce dessin recèle toute la magie du grand Jijé. Cette magie, ici, selon moi, se décline de la sorte : fraicheur, générosité, charme, simplicité, pureté, élégance et bien sûr spontanéité. Spontanéité qui est probablement le premier nom commun qui me vient à l'esprit lorsque je pense au merveilleux Jijé. Ceci même avant son incommensurable talent...