1947 - « Si ce n'est pas malheureux, mille sabords ! » - © Hergé – Moulinsart

Case 1 du strip 2 de la planche 61 du Temple du Soleil parue dans le journal Tintin Belge du 15 janvier 1948 non retenue pour la version album du même épisode (case comportant le n°728)

Environ six mois avant le débarquement des Forces Alliées en Normandie, Hergé débute son nouveau feuilleton dans le quotidien belge Le Soir. Mais cette histoire qui titrera seulement plus tard Les 7 Boules de cristal se verra interrompue à la libération de Bruxelles, le 3 septembre 1944 ! Les jeunes lecteurs devront donc attendre 1948 pour en découvrir la suite à la sortie de l'album aux éditions Casterman.

Deux ans plus tard, Hergé choisira de se lancer dans la suite de cette histoire dès le premier n° du Journal Tintin qui fera son apparition le 26 septembre 1946.

Cette Aventure exotique aura donc pour cadre une course poursuite des ravisseurs du Professeur Tournesol qui mènera Tintin, Milou et le Capitaine Haddock jusqu'aux sommets des Andes.

Hergé démarrera sur les chapeaux de roue avec ses trois strips hebdomadaires positionnés sur la double page centrale du journal. Le lecteur se trouve alors devant une mise en page aussi grandiose qu'inédite pour l'époque !
Au final, la publication se terminera en avril 1948, année de la sortie de l'album des 7 Boules. L'auteur traversera alors ses premières crises psychologiques, sentimentales, sexuelles, artistiques, familiales, etc... qui dureront au moins jusqu'à la fin des années 50 et l'amèneront à suspendre à plusieurs reprises le rythme de création de ses récits dans le journal. Le Temple n'échappera donc pas à ce qui allait devenir la règle des disparitions à répétition de Hergé ...

Dès la fin de publication de cet épisode du Temple, il se mettra à numéroter toutes les cases (celle-ci porte dès lors le n°728), à découper et remonter ses longs strips de 50 centimètres de long pour en formater les pages telles que nous les retrouvons encore aujourd'hui dans l'album Casterman de 62 planches. Ce changement de format nécessitera de faire passer à la trappe de la reconstruction plus de 150 cases.
Les fans devront alors attendre 1988 pour le lire à nouveau dans une version intégrale respectant la publication du Journal Tintin.

Par contre, l'aventure de ces 150 cases ne s'arrêtera pas là. En effet, au milieu des années 90, un membre du Studio Hergé (Mr Desmaret) les sortira avec celles des 7 Boules de Cristal et ira les négocier en bloc auprès d'un marchand-expert parisien.
Cette quantité de dessins originaux s'écoula au fil des années via divers canaux, parfois amusants.
De son côté, la Fondation passera l'éponge et demandera juste à pouvoir récupérer les derniers strips inédits des 7 Boules ...

Ainsi les cases arrivées à Paris furent dealées sur Paname pour celles des 7 Boules. Mais la quantité de celles du Temple nécessita de recourir à de nombreux échanges avec divers autres grossistes. Le plus connu en écoula alors une bonne partie en faisant à son tour d'autres types d'échanges.

Mais comme tout a une fin, le stock de cases finit par s'épuiser et la raréfaction devint la règle.
C'est donc avec plaisir que je me suis laissé aller pour ce coup de coeur de cette scène des pépites lestées par Haddock.
Coup de coeur pour la scène, autant que pour son encrage et le dialogue originel !

Les plus attentifs n'auront pas manqué d'apercevoir les petites croix sous les aplats noirs. Hergé marquait ainsi les zones qui étaient laissées au bon soin de Germaine qui savait s'appliquer depuis le début pour "mettre les noirs".