Comment
Début du 17ème siècle, la Compagnie des Indes Orientales néerlandaise - première multinationale de l'histoire (ou presque) - affrête le Batavia / Djakarta, navire de commerce chargé d'un trésor de 300.000 florins pour établir une relation commerciale d'envergure avec le grand Moghol de Java. Le navire doit rejoindre sa destination en un temps record de 120 jours.
Pour ce faire, Arian Jakob - skipper de son état - se voit imposer un subrecargue (un représentant de la JOC ayant tout pouvoir à bord) en la personne de l'apothicaire Jéronimus Cornélius. Cet étrange duo va devoir composer avec 300 marins recrutés parmi "la fine fleur de la racaille" afin d'accomplir sa mission.
Lucrétia Hans, femme argentée sommée par son époux de le rejoindre, doit embarquer la mort dans l'âme sur le Djakarta. Wiebbe Hayes, marin, vient la chercher à son domicile pour la mener au bateau.
En pleine mer, alors que brimades, jalousie, jeux de pouvoir, complots et incidents se multiplient sur fond de rivalités amoureuses des plus malsaines le drame et la tempête éclatent...
Nous arrivons donc à cette très belle planche 96, superbement encrée par Thimothée Montaigne. L'auteur nous emmène dans une vision toute cinématographique vers la fin du Djakarta et nous propose une construction en contre-champ du point de vue de Lucrétia dans le premier strip. La vignette nous fait presqu'autant trembler qu'elle sur le danger qui guette Hayes en pleine tempête.
Le deuxième strip se concentre en 3 plans sur Hayes luttant contre les éléments, un poignard à la main pour tenter de repousser le chavirement du Djakarta. Le troisième strip nous place du point de vue de Hayes recevant les ordres suicidaires du sinistre apothicaire.
Le quatrième strip, qui est celui que je préfère où se lit la haine dans le regard des deux hommes, avec l'image enchassée du matelot toisant dans une posture symboliquement plus élevée pour ne mieux que souligner la bassesse de son ennemi...
L'encrage est remarquable, Thimothée Montaigne nous offre un florilège de son savoir-faire :de superbe aplats de noirs mais également une encrage au cordeau nous détaillant aussi bien les matelots, leur état d'esprit ainsi qu'une foultitude de détails sur le gréement de l'embarcation.
Bref, une planche de bédé comme je les aime, Une fois encore Lauffray n'est pas loin ! Quelle classe !
De plus, lors d'une venue à Paris, qu'elle ne fut pas ma surprise de voir sur les murs extérieurs de la gare d'Austerlitz, la reproduction en couleur d'une partie de la planche (CF photo additionnelle)à l'occasion du Festival d'Angoulême...