Le Si... si... si... : SupHermann
Ce mois-ci c'est SupHermann qui répond aux questions du Si... si... si... !
1. Si je devais citer un élément déclencheur qui m'a poussé à acquérir mon premier original et donné envie de collectionner ?
Clairement la découverte du site 2DG qui a réduit une partie de l’asymétrie d’information. Les nouveaux entrants sur ce marché disposent d’une base de données très large qui de plus croit grâce à l’effet réseau.
Le site a réduit de manière considérable l'inefficience informationnelle et ce pour le bénéfice de tous. J’estime pour ma part que les maisons de vente aux enchères et galeristes ont par ailleurs assez logiquement bénéficié de cette plateforme. Je tiens d’ailleurs à préciser pour les gentils membres que ce n’est pas une publi-information car je n’ai aucun lien amicaux, affectifs, parentaux ou capitalistiques avec 2DG!
Illustration © Olivier Grenson, Les Impressions Nouvelles
J’ai découvert la BD jeune vers 7 ans avec des grands classiques de famille. Puis j’ai commencé très jeune à accumuler les éditions originales, les petits formats et les reliures de périodiques grâce au soutien financier de mes parents.
Vers 14 ans j’étais déjà un peu chevronné avec le BDM dans mon petit sac à dos. Lorsque je suis rentré dans la vie professionnelle j’ai malheureusement dû arrêter par manque de temps et de place. Vers 38/40 ans, j’ai commencé à regarder les ventes aux enchères d’originaux et à me faire une liste virtuelle des pièces que je voulais acheter mais j’étais très réticent à rentrer dans un marché où les sommes en jeu étaient élevées et où la découverte du prix me semblait plus complexe à déterminer que pour une EO (même si les écarts sur l’état d’une BD peuvent aussi être en multiples du prix de base).
Il me manquait clairement une base de données car sans encore trop d’idée sur le stock disponible d’un auteur ou d’une série, je pouvais au moins mieux apprécier la qualité intrinsèque des œuvres à vendre vs celles publiées sur le site. J’ai rapidement craqué un soir en allant chez un galeriste parisien où j’étais déjà passé plusieurs fois sans acheter une pièce.
J’ai su à l’instant que les carottes étaient cuites et que j’étais retombé tête la première dans cette passion.
2. Si je pouvais ajouter à ma collection une œuvre présentée actuellement dans les galeries de
2DG ?
La couverture journal tintin d’Alix par Jacques Martin :
Cette couverture est dans la collection de Sam06
Le parfait exemple de l’âge d’or de la ligne claire. Les traits ne sont pas encore figés comme certains tics qu’aura Martin plus tard dans sa vie, J’aime l’histoire avec un grand « H » et Martin a tout de même réussi à réconcilier le monde de l’enseignement avec les petits Mickey, ce qui pour l’époque était un signe de talent et de sérieux.
Je suis un grand amateur de classiques, surement dû au fait d’avoir collectionné très jeune des EO souvent antérieures à ma date de naissance. J’ai des goûts assez conservateurs et j’ai fait le choix de continuer à me concentrer sur cette gamme car il y a déjà énormément de pièces que j’aimerais ajouter afin d’avoir un panorama assez complet.
3. Si je ne devais conserver qu'une seule œuvre dans ma collection ?
La planche de fin du tome 4 de la série Neige de Gine.
Parfois par magie de la création artistique, les étoiles s’alignent et une planche sort vraiment du lot car elle mixe harmonieusement texte, image et narration.. celle-ci résume parfaitement l’histoire et ouvre aussi des portes à la réflexion, voire la contemplation :
4. Si je pouvais acheter une œuvre que j'ai laissé filer par le passé ?
Mon dieu, il y en a tellement.. ! peut-être la couverture de Weinberg du Triangle bleu (j’adore les Lombard dos damiers grande époque et l’EO TBE m’a été offerte par mon père il y a plus de trente ans..) ou la page de titre du juge de Lucky Luke. Erreur de débutant, je m’en veux vraiment de ne pas avoir fait l’effort ...
Couverture originale du Triangle bleu par Albert Weinberg
5. Si je pouvais avec un budget de 5 000 € acquérir une ou plusieurs œuvres parmi celles proposées en vente sur 2DG ?
J’adore passer du temps sur la chronologie des œuvres d’un auteur. Je pense que cela me rassure d’essayer de voir si elles peuvent se situer dans un courant spécifique, de comprendre les influences antérieures, les tendances qu’il a pu créer et les cas de disruptions créatrices (ex. Moebius, Druillet etc..).
Rapport qualité-prix là je penche pour une œuvre de Macherot.
Cet artiste est à mes yeux un des auteurs qu’il faut avoir si on aime les classiques. On mélange poésie, douceur enfantine avec du comique de situation, des répliques cinglantes et de la cruauté. Il a construit tout un univers pour adultes avec des animaux qui nous ressemblent terriblement. Non seulement il fallait y penser, mais lui l’a fait il y a plus de cinquante ans !
Cette oeuvre est proposée à la vente par Galerie des Bulles
6. Si j’étais un personnage de Bande Dessinée ?
J’hésite.. Flash Gordon. Et surtout celui de l’immense Alex Raymond, un des dessinateurs les plus talentueux de tous les temps.
Certains de ses originaux me laissent juste sans voix. On rentre dans l’art sur papier. Sa technique initiale des hachurés, son trait gracieux, son réalisme, le souci du détail dans le décor, la sensualité de ses personnages féminins.. tout me charme.
Et puis Flash est grand, beau, fort, intelligent et courageux. C’est donc un peu mon sosie en moins parfait !
Flash Gordon par Alex Raymond
Ou Le Spirit.. pour son apparente nonchalance dans l’adversité ce qui en fait un parfait Steve McQueen de papiers. Quant à Will Eisner … une planche du Spirit c’est juste une leçon à la fois sur la maitrise et l’inventivité.
Je reste bouche bée sur la qualité générale de pièces ayant plus de 70 ans. Le crayonné, l’encrage, le lettrage, le découpage et la mise en page, tout semble si facile avec lui.
The Spirit par Will Eisner
7. Si j'avais la possibilité de passer une journée avec un artiste disparu ?
Steve Ditko, car c’est un personnalité complexe dotée d’un immense talent. Il a réussi à mixer plusieurs courants artistiques et se promène du surréalisme à l’expressionisme :
Steve Ditko - Case extraite d'une planche de la collection de Blackagar
Il fait partie pour moi dans des desinateur historiques qui resteront au panthéon de la BD et pas seulement en tant que créateur (à 80% ? ..) de Spider-Man. J’aime aussi son côté radical qui fait qu’il n’a jamais eu peur de penser ou d’agir différemment des autres. Et les grands artistes sont rarement consensuels !
Spider-Man par Steve Ditko
8. Si je pouvais poser une question à cet auteur ?
« Cher Steve, le courage de tes convictions, que tu as clairement exprimées à de nombreuses reprises dans la thématique de tes séries (The Hawk and the Dove, Mister A..), est-il une cause ou une conséquence de ton talent ? »
9. Si je ne devais posséder qu'un seul album dédicacé dans ma collection ?
Les monts de la superstition (La mine de l’Allemand perdu et le Spectre aux balles d’or) en tirage de tête avec un beau portrait de Blueb !
Un cycle vraiment exceptionnel de ces deux pointures qui combinent parfaitement texte, image et narration. C’est aussi mon genre préféré au cinéma car j’ai été littéralement biberonné aux westerns.
Case extraite d'une planche de la collection de BillBaroud
10. Si je pouvais lire la suite d’une bd ?
Partie de chasse. Surement un de ces albums qui ont fait passer la BD dans l’âge adulte.
L’humanité s’est depuis toujours construite avec des systèmes d’organisation basés sur des perpétuels mouvements entre équilibres et luttes de pouvoir. Et le duo Christin / Bilal pourraient sortir une suite sur plusieurs tomes tant il s’est passé d’évènements depuis 1983.
Dans Partie de chasse, le système politique tourne à vide et on sent bien qu’un cycle va s’achever. Les technocrates sont froids et ambitieux. Ils côtoient de vieux loups désabusés. Et tout ce beau monde participe à un bal de dupes ou les spectateurs sont les cadavres sacrifiés sur l’autel du pouvoir :
Planche de fin de "Partie de chasse", dans la collection de Valérian
Voici enfin la réponse de SupHermann à une question imaginée par TontonCalou lors du précédent Si... si... si... :
Acheter une planche originale d’un auteur que vous n’avez jamais lu, est-ce pour vous une chose envisageable ?
Oui et je l’ai déjà fait. On peut avoir un coup de cœur sur une exposition. C’est souvent au départ l’œil qui est attiré sur la qualité graphique. Puis vient le sens de la narration des planches exposées qui me donne envie de découvrir la BD.
La dernière en date est la planche une du premier tome des Sentinelles qui m’a interpellée :
Rendez-vous le mois prochain !