Zorro

« C'était un homme discret, un témoin du XXème siècle et du génocide arménien », explique André Papazian en commençant le récit de la vie de son père, Jean Papazian (dit Pape) qui a réussi à s'échapper de Turquie parce qu'on l'avait déguisé en fille. « À son arrivée en France, il a été joaillier, comme beaucoup d'Arméniens puis en 1939, il a fait ses premiers dessins pour une maison d'édition. Raflé en 1941, il a été envoyé en STO en Autriche chez Siemens AEG où il dessine… des grues. » C'est là qu'il rencontre celle qui deviendra sa femme. Il est déporté à Mathausen, s'échappe, se marie dans une église bombardée, revient en France… Il dessine à la SFPI, Société Française de Presse Illustrée jusqu'en 1980, quand il se retire dans le Perche. « Il a racheté les droits à Walt Disney pour dessiner Zorro. C'était un découvreur de talents : il a été séduit par les premières planches d'Astérix par Gosciny, par Hugo Pratt, Brétécher… », explique son fils qui a longtemps travaillé avec lui. « Ma mère écrivait les textes dans les bulles ». « J'étais spécialiste des dessins de cactus. Ma mère écrivait les textes dans les bulles. C'était une affaire de famille », rappelle André Papazian en multipliant les anecdotes. C'est sa fille, Johanna, qui a voulu regarder le contenu des cartons : « Je ne savais pas qu'ils contenaient ces planches originales, les premiers dessins de Zorro, des souvenirs qui ont suscité l'édition d'un recueil qui fait revivre Zorro. Le personnage imaginé par Jonston McCulley, qui aura bientôt un siècle, n'a toujours pas une ride. »
Article de L'Echo Républicain à l'occasion de l'exposition "Jean Pape, sa vie, son œuvre", à l'espace Abbé-Fret de Bretoncelles en 2016, en présence de son fils André.